— Tu m'en veux ?Loup, qui pliait religieusement son linge sur la table de la cuisine alors que l'étendoir se vidait progressivement, releva les yeux en direction d'Aubin, sagement assis sur son canapé, les bras croisés sous son menton. Non. Oui. Je n'ai pas le droit, mais ça me saoule. Paradoxale.
— De ? fit-il mine d'ignorer.
Aubin gonfla sa joue d'air, se comportant comme un enfant alors qu'il était plus vieux de trois ans. L'étrange montée de stress agaça Loup qui préféra lisser le t-shirt du plat de la main.
— Je sais pas, t'as l'air fâché.
Il soupira, retenant la flopée de remarques qui pullulaient dans son crâne. Comment ne pourrait-il pas l'être quand la dernière conversation par SMS qu'ils avaient eu s'était soldée par une dispute unilatérale. Aubin s'énervait de son manque de réaction tout en spécifiant qu'il n'avait jamais voulu le rendre jaloux, qu'il avait bien le droit de trouver d'autres hommes beaux sans que ça n'induise quoi que ce soit ; quand Loup avait répondu qu'il ne savait quoi répondre à ces provocations qui, pour lui, attestaient d'un besoin viscéral de s'entendre être aimé. Pourtant, il pensait plutôt bien répondre aux besoins d'affection de sa moitié. Moitié qui s'évertuait à remettre cette histoire de baiser sur le tapis, même une semaine après qu'elle ait eu lieu. À ce stade, il veut peut-être que j'aille rouler une pelle à un inconnu ? Comme ça, on sera ex aequo.
— Loup ?
— Je ne suis pas fâché, juste fatigué. J'ai eu une longue semaine.
— T'es tout le temps fatigué, l'attaqua-t-il.Cette brusque pointe d'agressivité interrompit Loup dans son méticuleux pliage. D'un regard consterné, il arqua un sourcil, ne sachant ce qui avait - encore une fois - déclenché la soudaine irritabilité de son petit ami.
— Quoi ?
— Je sais pas, souffla-t-il en refluant la vague d'exaspération qui venait toquer à la porte de ses émotions. Je ne comprends pas pourquoi tu m'attaques comme ça.
— Roh la la...
Aubin roula des yeux, signifiant par ce geste que Loup exagérait. Le noiraud se pinça les lèvres et retourna à son rangement, désireux de ne rien envenimer. Il n'avait pas l'énergie nécessaire dernièrement.
— Je t'ai pas attaqué mon coeur.
Il hocha la tête, peu convaincu, mais en constatant être l'objet de l'attention du châtain, il plaqua un faux sourire sur ses lèvres pour le rassurer.
— On va se balader ?
La morosité passagère d'Aubin allait le rendre chèvre. Il refusa poliment, expliquant une nouvelle fois les raisons de sa fatigue - notamment les heures supplémentaires qu'il avait effectué dans la semaine - et l'envie irrépressible de ne rien faire durant ce week-end. Une explication qui ne trouva pas grâce aux yeux de son compagnon.
— On sort juste dix minutes ? tenta Aubin en quittant le sofa pour rejoindre le noiraud et l'entourer de ses bras.
Les mains toujours aux prises avec les vêtements secs, Loup accepta tout de même cette marque d'affection et le baiser qui vint décorer ses lèvres. Un peu plus réceptif, il répliqua :
— Je suis vraiment trop crevé Aubin...— Juste dix minutes ! C'est rien dix minutes, minauda ce dernier.
— Bah... j'avais pas vraiment envie de faire quoi que ce soit aujourd'hui. Mais si tu veux vraiment te balader parce que je sais que tu adores ça, vas-y !
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Tome 2 - True Love
Roman d'amourSix ans se sont écoulés. Six années sans réponse, sans signe de vie. Loup est resté au même endroit, est retombé amoureux, a gardé contacte avec son meilleur ami tout en privilégiant sa famille. Cassien, de son côté, a fuit cette ville de malheur...