Chapitre 23

60 11 8
                                    


     — Papa ?

     — Dans la cuisine, mon grand.

     Loup esquissa un sourire en l'entendant. Il délaissa ses chaussures à l'entrée, pendit son manteau sur un crochet et rejoignit son paternel qui suivait assidûment une recette, touillant quelque chose au fond d'une casserole.

     — Tu nous fais quoi comme dîner ?

     — Ne t'attends pas à quelque chose d'aussi délicieux que lorsque tu es aux fourneaux.

     — P'pa, tu sais bien que je ne râle jamais, sourit-il affectueusement.

     — La dernière fois, je me suis pris une soufflante parce que j'avais laissé le riz cuire un peu trop, argua Auguste en lui jetant un regard entendu.

     Loup esquissa un sourire alors que ses yeux venaient rouler dans leurs orbites, plus amusé qu'agacé par ce souvenir.

     — Papa, c'était dégueu ok ? Et personne ne loupe du riz ! C'est comme les pâtes, s'exclama-t-il en pointant une évidence.

     — Quand tu réagis comme ça, on dirait ta mère, pouffa son père.

     La nostalgie qui l'envahit calma un peu ses émotions, comme s'il pouvait s'en déconnecter rien qu'à cette évocation. Auguste l'observa à la dérobée, désireux de s'assurer de son état, mais Loup se contenta de sourire davantage en captant son regard. Il était loin le temps où ce genre de phrase le plongeait dans un mutisme assourdissant, douloureux. La tristesse ne s'était pas envolée, elle ne partirait sans doute jamais, mais il avait appris à vivre avec.

     — Du coup ? On mange quoi ?

     Auguste laissa éclater un rire en entendant le grognement de l'estomac affamé de son fils. De l'index, il lui désigna le four allumée et répondit :

     — De la soupe avec des cordons bleus. Ça te va ?

     — Parfait.

     Loup claqua un baiser sur la joue de son père et reprit place sur l'un des tabourets qui dormait sous l'îlot de la cuisine. Il sortit son portable et appuya sur l'une des nombreuses notifications que son smartphone affichait.

De Aubin :
13/01 Aujourd'hui 19 : 15

Tu viens dormir à la maison ce soir ?

De Loup :
13/01 Aujourd'hui 19 : 17

Je ne sais pas à quelle heure je rentrerai, tu ne veux pas plutôt venir chez moi ?

De Aubin :
13/01 Aujourd'hui 19 : 17

J'aime pas trop dormir chez les autres, tu le sais bien chéri

     Il soupira, faiblement, mais s'en voulut immédiatement. Les dents plantées dans sa lèvre inférieure, il pianota sur l'écran de son portable.

De Loup :
13/01 Aujourd'hui 19 : 18

Honnêtement, je risque d'être crevé donc je vais pas faire un détour par chez toi, c'est en plein centre ville et ça veut dire chercher une place vers je ne sais pas quelle heure. Viens dormir chez moi 🥺 Entre mes bras musclés 😆

De Aubin :
13/01 Aujourd'hui 19 : 19

Tes bras musclés à porter des gosses ? 😆 J'ai la flemme de bouger...

De Loup :
13/01 Aujourd'hui 19 : 19

Bah tant pis ;) On se voit toujours ce wk ?

Tome 2 - True LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant