Chapitre 24

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— Tu m'expliques ton air grognon ? questionna Anne-Fleur tout en déposant son long trench sur le dossier de la chaise avant de s'y asseoir.

— Je ne suis pas grognon.

Elle arqua un sourcil, l'air de dire "tu te fiches de moi" puis attrapa le menu sans que sa bouche n'ait prononcé la moindre parole. Cassien trouva son attitude puérile, mais se retint de relever car elle serait bien capable de rétorquer n'importe quoi susceptible de l'agacer.

— Tu as déjà commandé ?

— Un café.

Nice, je vais prendre un chocolat chaud.

— Où est Violette ?

— Avec son père, sourit Anna en posant le menu contre la table. Ça me fait une journée rien que pour moi.

Cassien hocha distraitement la tête, peu intéressé. Une serveuse arriva avec sa boisson, prit la commande de sa sœur et repartit tout aussi vite qu'elle était venue.

— Au fait, pourquoi tu voulais me voir ?

Anne-Fleur lui vola son petit biscuit et déchira l'emballage avec un air fripon. La main enroulée autour de la tasse chaude, Cassien tournait encore et encore les quelques mots qu'il souhaitait prononcer dans sa tête, par peur de paraître un tantinet agressif. Il sentait pourtant qu'il devait en parler sinon il finirait fou. Le revoir l'avait plongé dans un état presque permanent de colère.

Chaque nuit, il peinait à trouver le sommeil, occupé à imaginer un scénario différent de leur rencontre, du plus sanguin au plus ridicule. Sans doute aurait-il dû l'affronter et vider son sac pour avoir l'esprit apaisé.

— Tu étais au courant ?

— De ?

Il inspira, autant pour se calmer que pour contrôler les trémolos de sa voix. Quand il se redressa, l'océan de frustration se logea dans les prunelles noisette de sa sœur.

— Que Loup bossait à la crèche de ta fille.

Elle fronça les sourcils puis ouvrit instantanément la bouche, surprise, muette et coupable. Ses dents happèrent sa lèvre et elle grimaça, consciente de son erreur.

— Merde... j'avais zappé...

ZAPPÉ ? Comment t'as pu zappé que mon premier amour se trouvait dans cette putain de garderie ?! Il se retint pourtant de hurler ces mots, conscient qu'elle n'était en rien responsable de tout ce qui avait pu se passer entre eux.

— Ça me fait une belle jambe que t'aies zappé, rétorqua-t-il tout de même en soupirant. J'aurais préféré le savoir. Avant de me pointer là-bas.

— Désolée Cass' ! C'était vraiment pas... prémédité, se justifia-t-elle en passant une main dans ses cheveux défaits. J'avais la tête ailleurs, mais si je m'en étais souvenue... je ne t'aurais jamais envoyé la chercher.

Il médita ces paroles en silence, but une gorgée de son café et balaya les alentours du regard. S'il suivait sa logique, Anna ne l'aurait donc jamais informé de ce petit détail ? Il ne savait s'il lui en aurait été reconnaissant ou amer.

— Ça... ça va ? Je veux dire... comment ça s'est passé ?

Il se refusa à répondre. Notamment parce qu'il n'était pas capable de répondre honnêtement à ces questions, et surtout parce qu'il sentait au fond de lui qu'une confrontation aurait été nécessaire.

— Vous êtes restés en contact ?

Anna se pinça les lèvres, consciente qu'il venait d'esquiver le sujet.

— Pas vraiment, répondit-elle en réceptionnant son chocolat chaud.

— Il avait l'air de...

De quoi au juste ? En tout est pour tout, il ne lui avait adressé qu'une phrase, persuadé qu'il s'agissait d'Anne-Fleur. Cassien était bien incapable de déterminer le degré de leur affinité avec si peu d'informations.

— Cass ?

Anne-Fleur déposa sa main sur la sienne et il soupira, agacé par sa propre réaction. Il chassa ce contact, déterminé à ne pas se laisser atteindre.

— J'aurais juste préféré ne jamais le recroiser.

Elle se pinça les lèvres, soucieuse.

— Tu sais... ça aurait fini par arriver tôt ou tard. Il vit ici.

— Je sais bien, répliqua-t-il sèchement. Et il est même pote avec Lorenzo !

— Ils étaient déjà amis au lycée..., avança-t-elle prudemment.

— Anna ? T'es avec moi ou contre moi ?

Le bleu farouche dévisagea la jeune femme dont le visage venait d'être croqué par un sourire mutin.

— On le déteste, j'ai compris.

— Merci.

Malgré sa mauvaise humeur, elle parvint à lui arracher les prémices d'un sourire. Cassien la fixa en silence durant quelques secondes puis se décida à ranger le passé là où il aurait dû le rester : dans un coin poussiéreux de son esprit.

— Et sinon, c'est pour quand le mariage ? la taquina-t-il.

— Si tu veux mon avis, ça n'a pas trop fonctionné pour les parents, grimaça-t-elle.



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Un court chapitre aujourd'hui 🫶🏻

Tome 2 - True LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant