Chapitre 26

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Lucie resta les mains figées sur son trolley, incapable de bouger. Avait elle des hallucinations ? Il fallait qu'elle aborde le sujet avec son gynécologue dès que possible ! Elle n'osa pas se retourner et continua sa déambulation en direction de la zone des taxis.
Soudain, une main se posa sur son bras et elle s'immobilisa. Doucement, la main remonta sur son épaule, et elle se retourna.

-Lucie...
-Benjamin ? Mais qu'est ce que tu fais ici ?
-Je reviens de Paris, c'est long à expliquer, mais...

Son regard parcourut Lucie et s'arrêta sur son ventre.

-Tu attends un enfant ?
-Oui... ce n'était absolument pas prévu, comme je te l'ai expliqué mais pour une raison inconnue, cette grossesse a l'air de se passer normalement.
-Ton mari doit être aux anges.
-Je suis officiellement divorcée Benjamin. J'ai signé les documents depuis plusieurs semaines. Je t'ai envoyé un message pour t'annoncer ma grossesse d'ailleurs et depuis je n'avais plus de tes nouvelles.
-Je n'ai pas eu ton message Lucie. J'ai laissé mon téléphone dans un taxi à Barcelone et la compagnie ne l'a pas retrouvé. J'ai du faire un aller-retour ensuite en Thaïlande et à mon retour j'ai récupéré ton numéro dans le logiciel de l'hôtel, mais je n'ai pas eu le temps de t'appeler j'ai dû aller encore à Paris pour des papiers dans l'urgence. J'ai vu un vol pour Genève et je me suis dis que j'allais te faire la surprise. Je m'excuse je pense que je tombe mal du coup.
-Pas du tout Ben... ça te dérange si on va chez moi ? Je suis fatiguée et j'aimerai rentrer.
-Bon bien sûr mais je peux rester ici et reprendre un vol si tu es occupée.
-Viens s'il te plaît j'aimerai te parler.

Ben l'aida avec ses valises et appela un taxi. Ils s'assirent et firent le trajet en silence. En arrivant devant chez Lucie, il l'aida à nouveau avec ses affaires tandis qu'il n'avait pour bagage qu'un unique sac à dos.
Elle lui demanda de faire comme chez lui, lui proposa un café et alla se rafraîchir.
Elle était stressée, prit une douche rapide, se changea et revint dans le salon.
Elle s'assied à côté de lui sur le canapé et eut du mal à le regarder dans les yeux. Il avait l'air soudainement si triste.

-Ben, je t'ai contacté il y a plusieurs semaines pour te parler de ma situation. Je ne pouvais pas accepter le poste que tu me proposais car je venais d'apprendre que j'étais enceinte. Je sais très bien ce que tu t'imagines mais tu te trompes. Je suis intimement convaincue que ce bébé est le tiens.
-Mais Lucie c'est impossible voyons, je ne suis pas un homme irrespectueux je me suis toujours protégé.
-C'est ce que je pensais aussi mais j'ai eu tout loisir de réfléchir et de repenser à tout ça et pour moi il y a eu le matin de notre nuit à Paris, dans la douche, et je ne te revois pas faire le nécessaire. Ça ne peut pas être un hasard, je ne peux pas tomber enceinte de mon ex mari, avec qui j'ai essayé des dizaines de fois d'avoir un enfant. Nous sommes à présent divorcés, il a eu un bébé il y a quelques semaines avec sa nouvelle compagne. Je sais que c'est toi. Je comprendrais tout à fait que tu me rejettes, on se connaît à peine, et c'est pour cela que je n'accepterai pas le poste que tu m'as proposé je ne veux pas te mettre dans l'embarras.

Benjamin s'agenouilla devant elle et lui prit les mains.

-Me mettre dans l'embarras ? Lucie je suis sincèrement désolé que tu m'ai prévenu et que je n'ai pas pu te répondre et que depuis toutes ses semaines tu dois t'imaginer que je suis un parfait salaud. Effectivement on se connaît à peine mais tu ne me laisse pas indifférent, je te l'ai dis, tu me plais beaucoup...

Il l'a regardait intensément, lui caressant la joue. Lucie prit cette main dans la tienne ferma les yeux. Des larmes d'émotion forcèrent la barrière de ses cils, mais elles réussirent à se frayer un chemin. Elles ruisselèrent sur ses joues, en petits torrents, et elle ne put les contenir davantage.

Il s'assied à côté d'elle et la prit dans ses bras, lui caressant les cheveux et il attendit qu'elle se calme.

-Si tu penses que ce bébé est le mien alors je te crois. Par contre je ne pourrai pas te laisser seule ici maintenant que je suis au courant. Si je suis le père de cet enfant je veux être là pour lui dès maintenant, et pour toi aussi.
-Ne te sens obligé de rien. Je m'étais faite à l'idée que j'aurai seule cet enfant, il n'y est pour rien et se sera sûrement ma dernière chance d'être mère.

Il l'a regarda à nouveau, de ses yeux noirs énigmatiques et envoûtants, sa main dans ses cheveux glissa à sa nuque et il l approcha à lui pour l'embrasser.
Toute tentative de résister lui fut impossible. Cet homme l'attirait tel un aimant, tout en lui la faisait vibrer, tout lui plaisait. Ce calme incroyable qu'il avait pour gérer toute situation la rassurait, l'apaisait. Ce bébé était le sien et elle en était intimement persuadée. Elle ferait un test ADN pour le lui prouver. Il était impossible qu'elle soit enceinte de Marc-Antoine.
Quand il s'écarta de ses lèvres, elle rouvrit les yeux et il lui souriait.

-Je vais te laisser te reposer, je peux rester quelques jours on discutera demain si tu veux.
-Non reste s'il te plaît. Je sais que la situation est étrange et que tu as besoin d'y réfléchir mais ta présence me fait du bien.
-Si tu es sure que je ne dérange pas... j'aurai des appels à passer tout à l'heure pour le travail.
-Ça me fait vraiment plaisir je t'assure. Je vais préparer le repas, tu pourras travailler tranquille après.
-je vais m'en occuper laisse moi faire d'accord ? Repose toi.

Benjamin fit la cuisine et ils dînèrent ensemble. La situation était vraiment rocambolesque. Mais Lucie était vraiment heureuse de sa présence ici ce soir et de la réaction très sereine qu il a eu a l'annonce de sa grossesse inattendue.

Il l'accompagna se coucher, resta avec elle à regarder un film, la prenant dans ses bras, où elle s'endormit, pour une fois elle n'a pas eu à imaginer être en sa présence, il était bel et bien là, même si elle ne fantasme pas d'habitude sur des moments aussi sages. Il se dégagea délicatement pour aller s'isoler dans le salon et revint se coucher que plusieurs heures plus tard.

Le lendemain matin Lucie se réveilla et une odeur de viennoiseries et de café frais vint lui titiller les narines. Elle sortit timidement de la chambre, en tirant sur son débardeur qui roulait sur son ventre arrondi. Benjamin la vit approcher, et vint l'accueillir. Il posa alors une main sur son ventre rebondi, et elle perçut une émotion dans ses yeux.

-Attends, quelle idiote je fais.

Lucie partie à nouveau dans sa chambre et revint avec une pochette cartonnée.
Elle l'ouvrit et lui tendit des impressions de sa dernière échographie.

-C'est le bébé, si tu veux voir à quoi il ressemble.

Benjamin prit les photos et s'assied avec les clichés. Il les regardait attentivement. Puis il releva ses yeux vers Lucie.

-Merci. Je suis vraiment touché. Je ne réalise pas du tout mais je t'assure que je suis heureux. Vraiment.

Il l'attira contre lui et l'embrassa.

-Je ne suis plus aussi désirable que la dernière fois, je m'excuse.
-Ce n'est pas une question de désir, je t'assure. Assied toi viens manger.

Ils déjeunèrent ensemble et Benjamin reprit.

-J'ai échangé longuement avec l'association qui me recrute pour le projet en Thaïlande. Du coup c'est toi qui voit, on part ensemble à la naissance du bébé, ou j'annule et je retrouve un travail ici ou où tu voudras.
-Benjamin mais je ne veux pas que tu te sentes obligé d'arrêter tes projets pour moi. Tu souhaitais par dessus tout te rendre en Thaïlande pour aider ses enfants, ne restes pas à cause de moi.
-Je te l'ai dis, je ne te laisserai pas seule. C'est tout réfléchi. A toi de me dire que je prenne mes dispositions.

Lucie resta bouche bée devant lui.
Puis elle lui répondit :

-Il n'y a pas de clinique en Thaïlande ?

Un divorce à l'amiable Où les histoires vivent. Découvrez maintenant