XLV

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Faith

Aujourd'hui, il pleut encore. J'observe l'extérieur par la fenêtre, suivant des yeux les gouttes de pluie qui s'écrasent. La voix d'Alban se perd parmi les chuchotements devant moi et le fracas rythmé des gouttes, créant une symphonie mélancolique.

La sonnerie retentira dans quelques minutes à peine, marquant la fin de cette attente interminable. Bientôt, je pourrai m'en aller...

Deux minutes plus tard, la cloche résonne, déclenchant un fracas de chaises raclant le sol et de trousses se fermant avec précipitation. Comme d'habitude, je suis la dernière à me lever, observant les élèves se précipiter vers la liberté.

Lorsque la classe se vide, la voix d'Alban m'interpelle doucement. Je me dirige vers lui, mon cœur battant légèrement plus fort.

— Je voulais te demander si tu étais allée à l'enterrement d'Ethan dimanche.

Je secoue la tête, les yeux baissés.

— Moi non plus, confie-t-il dans un murmure rassurant.

J'ai longtemps hésité après le départ de Jessica, mais finalement, je n'ai pas eu la force de m'y rendre. Voir Ethan ainsi n'aurait fait que rouvrir des blessures déjà à vif.

— En tout cas, merci d'avoir contribué... Pour sa place parmi les...

— Non, c'est normal, l'interromps-je doucement.

J'ai aidé Alban, Julian, Carmen et Dylan à payer la place aux pompes funèbres et celle au cimetière. Dehors, le silence est presque palpable, signe que les bus sont déjà partis.

— Tu pourras me déposer, s'il te plaît ? lui demandé-je.

Un bruit sec, semblable à une bulle de chewing-gum qui éclate, résonne derrière nous.

Je me retourne et Alban relève la tête.

Madame Miller se tient à la porte, adossée nonchalamment contre le mur.

— Oh ? Je vous ai dérangés ? demande-t-elle avec une feinte inquiétude, s'avançant vers l'encadrement de la porte.

Alban soupire profondément et je m'écarte légèrement de lui.

— Si tu veux, Faith, commence Madame Miller, je peux te déposer. Puisqu'apparemment c'est normal de raccompagner ses élèves chez eux. Et tutoie-moi, aussi, tant qu'on y est.

— Non, ça ira, merci pour la proposition, mais elle partira avec moi, déclare Alban, résolu.

Il attrape son sac, saisit ma main et nous nous dirigeons vers la sortie. La porte claque derrière nous, scellant notre départ.

Nous marchons rapidement, presque en courant à travers la cour détrempée. Sous la pluie battante, nous franchissons le portail, accélérant jusqu'à la voiture. Une fois arrivés, il lâche ma main et nous nous engouffrons dans le véhicule.

— Une personne avec un minimum de professionnalisme n'aurait pas réagi ainsi, souffle-t-il en démarrant le moteur.

— Je n'en doute pas...

Le silence pesant emplit l'habitacle tandis que nous quittons le parking. Puis, je prends la parole, hésitante :

— Alban, je suis désolée.

Il me jette un regard dans le rétroviseur intérieur, sourcil arqué.

— Sara aussi le sait.

Son regard se détourne.

— Je suis désolée Alban, vraiment, j'ai pas réfléchi, c'est à cause de moi, je n'aurais jamais dû lui donner ce...

Forgotten Memory [AUTO-ÉDITÉ SUR AMAZONKDP]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant