Avalar - Tome 1 - Le peuple ancien

Chapitre 20

— Attrapez-les !

— On va leur barrer la route. Vous cinq, suivez-moi ! Les autres, ne les perdez pas d'une semelle. Il me les faut vivants !

— Bordel, qu'est-ce qu'ils nous veulent ? s'alarma Elina tout en maintenant sa course.

— J'en sais rien, répondit Liam entre deux souffles, et je compte pas m'arrêter pour le découvrir.

— Vous avez vu leurs uniformes ? reprit-elle.

— Oui, affirma Saral haletant. On dirait qu'ils servent dans la milice rapprochée de Sirion.

— Ils ne nous lâchent pas d'une semelle, siffla Elina. On va les semer dans les faubourgs ?

— Trop dangereux, contredit Saral. On ne peut pas se permettre de couper à travers l'avenue principale.

Le regard d'Elina le transperça.

— Tu proposes quoi dans ce cas ? envoya Liam.

— Le quartier des tanneurs est rempli à cette heure-ci, je crois que c'est notre meilleure chance.

Mais aussi la plus prévisible, pensa-t-il, et alors que cette idée traversait son esprit, une autre patrouille surgit face à eux.

— On les tient !

Saral s'arrêta net pour se retourner. Le reste du bataillon ne les avait pas quittés et leur bloquait également le passage. Ils étaient pris au piège.

— Fais chier, grogna Liam, qu'est-ce qu'on fait maintenant ?

— On grimpe sur les toits, pesta Saral ! On ne va pas les laisser nous avoir si facilement.

Il s'élança vers une charrette remplie de tonneaux avant de se jeter sur un balcon quelques mètres plus loin. Elina le suivit sans ciller, alors que Liam dut se rattraper de justesse à la rambarde. Saral s'agrippa ensuite à la gouttière pour rejoindre les toits de la ville d'une agilité surprenante, et la réalité de leur situation le frappa.

Ses deux amis le regardaient en contrebas alors que les gardes enfonçaient déjà la porte de la maisonnée. Il fallait se rendre à l'évidence, Liam était bien trop costaud que pour le suivre, et sans même hésiter, il sauta d'un bond pour les rejoindre sur la terrasse.

Leur course s'arrêtait là. Les gardes les plaquèrent contre le mur sans ménagement avant de les ligoter.

— Vous allez adorer la noirceur des cachots, ricana l'un d'eux.

— Pourquoi nous emmenez-vous ? s'insurgea Elina. Nous n'avons enfreint aucune loi !

En guise de réponse, elle reçut un uppercut au thorax qui lui coupa le souffle.

— Il y a d'autres requêtes ? menaça le capitaine le sourire aux lèvres. Peut-être que tu as quelque chose à dire, l'hybride ?

Saral maintint son regard sans pour autant avancer un seul mot.

— C'est bien ce qu'il me semblait, conclut le capitaine satisfait. Allons-nous-en de ce trou pourri.

Ils les emmenèrent au-delà de la seconde enceinte, et alors qu'ils franchissaient ses murs pour rejoindre le bastion blanc, une ombre atterrit dans la ruelle. Saral devina un premier poing jeté dans son dos, puis un deuxième, suivi d'une masse qui s'écroulait au sol. Il se retourna, et discerna des mouvements si rapides qu'il parvenait à peine à les distinguer. Les gardes assommés tombaient les uns après les autres sans même avoir l'opportunité de réagir face à cette menace, et en l'espace d'un instant, ils gisaient tous à terre dans une rue maintenant désertée de tous passants.