Chapitre 18 : Bleu comme tes yeux

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— Qu'est-ce que tu fais là ?

Zitao s'était rapproché du point d'eau d'où se tenait une silhouette qui le fixait de ses deux billes bleu électrique. Il faisait sombre et les autres étaient restés près du camp vers la chaleur du feu de bois, le garçon ne comprenait pas pourquoi son amie était seule, elle qui aimait être entourée de monde habituellement.

— Laury ? répéta-t-il. Tu vas bien ?

La jeune fille laissa un silence planer.

— Les gens ne sont pas tels que tu les crois, nombre d'entre eux cachent leurs vraies intentions. Alors méfie-toi des apparences car elles te perdront.

L'Asiatique ne répondit pas immédiatement, troublé par ses paroles. Parlait-elle des Russes ?

— As-tu réussi à faire avouer Alexeï ?

— Plus ou moins. Disons simplement qu'il est tombé dans mon piège.

A la lueur de la lune, il peut observer la teinte de ses yeux redevenir bleu océan, si brusquement que Zitao croyait avoir halluciné. Il fixa son amie, troublé par son assurance quant-à la vulnérabilité d'Alexeï.

— Mais du coup, pourquoi est-il avec nous ? Il peut nous trahir à tout moment.

— Justement, Alexeï peut nous servir de double espion. Je pense qu'il est étroitement lié avec les démons d'une manière ou d'une autre, mais qu'il cherche l'opportunité d'échapper à leur autorité. Nous allons lui donner cette chance en le laissant se battre à nos côtés. Si nous lui donnons ce qu'il veut, il nous suivra.

— Qu'est-ce qu'il veut ?

— Sa liberté.

Le jeune Chinois réfléchit longuement. Si Laury avait raison, Alexeï pourrait peut-être même donner des fausses pistes à leurs ennemis. Mais il fallait savoir à quel point il était impliqué avec les démons, et s'il pouvait se débarrasser d'eux.

Alexeï était-il un allié fidèle ? Et plus encore, un espion doué ?

L'Américaine posa une main sur l'épaule du garçon, elle était optimiste et Zitao avait aveuglement confiance en son jugement.

Une voix mélodieuse s'entendit soudainement, résonnant contre les arbres jusqu'à s'envoler dans le ciel.

— Rejoignons les autres.

Ils retrouvèrent autour du feu Jeanne qui écoutait Mme Elwing chanter, accompagnée à la flûte par Carla – elle avait voulu emmener sa guitare, mais cela aurait pris trop de place dans leurs petits sacs de randonnée. Zitao avait déjà reconnu les talents de musicienne de l'Italienne lors du bal d'automne, mais il fut étonné de voir qu'elle savait jouer d'autant d'instruments. Leurs regards se croisèrent et elle lui fit un petit sourire.

Laury, regardant la scène de l'extérieur, esquissa un sourire malicieux.

— Oaaahh, dit celle-ci en bâillant bruyamment. Je vais me coucher moi, à demain.

Alors que Zitao allait la suivre, Laury le força à rester avec les autres.

— Profite-en pour sociabiliser un peu, lui chuchota-t-elle à l'oreille avant de lui faire un clin d'œil.

« Euh... non merci, Laury. Je veux dormir aussi. »

Mais il l'écouta tout de même et resta avec la troupe de musiciennes.

Laury entra alors dans une tente quelques mètres plus loin, en plissant les yeux pour espérer voir quelque chose dans cette obscurité – c'était peine perdue. En s'allongeant, elle sentit qu'elle écrasait un corps. Cela la surprit et elle se redressa brusquement.

Les Gardiens de Dralyr - I - MalédictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant