Clémence
J'étais, comme à mon habitude, assise seule à table. Cela faisait quatre mois que j'étais rentrée dans ce nouveau collège, quatre mois que ma vie n'était plus qu'une cauchemar pour moi.
En seulement quelques mois, tellement de choses avaient changé ; le père d'Inès avait dû signer un gros contrat et partir pendant deux ans à New York, ils étaient alors tous partis, les parents de Raphaël se sont disputés car l'un voulait qu'il change de collège pour aller dans un meilleur, et l'autre trouvait ça trop cher, au final ils en ont trouvé un meilleur que celui ci mais dans leurs moyens.
Tout cela, je le sais car je suis discrète, et que personne ne se rend jamais compte que je suis là, et que du coup, j'entends tout. Sauf, car bien sûr il y a une, ou plutôt deux exceptions. Elles ont été les seules à se réjouir de leurs départs, car ils promettaient de les déranger. Les déranger pour s'attaquer à leur nouvelle cible..., moi.
J'aurai pu bien sûr, aller tout raconter à ma tante, mais elle avait tellement de boulot avec son travail, et les rendez-vous avec le juge, pour mes parents.
Oui car ma mère a voulu me revoir, j'ai refusé mais maintenant je regrette. Mais je lui en veux, je lui en veux tellement de ne pas être là, dans la période sans doute la plus affreuse de ma vie. Elle n'a jamais été là pour moi, elle a préféré s'abandonner à l'alcool plutôt que de s'occuper de la personne qu'elle a mise au monde. Alors pour beaucoup c'est peut-être affreux de refuser de voir sa mère, mais pour moi c'est douloureux et pour l'instant, ça ne m'est pas possible.
Tout ça pour dire que je ne voulais pas embêter ma tante pour une histoire aussi stupide. Alors j'ai encaissé. J'ai encaissé sans rien dire. Et croyez moi, cela faisait beaucoup.
Elles avaient un rituel pour être sûre que je ne dirai rien, j'avais très envie de leur dire que ce n'était pas la peine. Je revenais tout les soirs, des bleus sur les bras, et parfois à l'œil, et je disais à ma tante que nous faisions boxe en sport, mais cette excuse ne durera pas éternellement, il faudra que j'en trouve un autre rapidement. Donc chaque matin, elles arrivaient, me traînait dans les toilettes, je dû à chaque fois leur apprendre quelque chose sur moi, puis elle me frappait en me répétant de ne rien dire, sans quoi elle me ferai vivre cet enfer pour toujours, et que je le regretterai amèrement, tout ça jusqu'à ce que je ne puisse plus me relever.
J'allais énormément voir l'infirmière, mais elle s'était mise à me poser des questions, alors j'attendais de rentrer, pour mettre des bandages et m'appliquer un grosse couche de fond de teint pour cacher mes coups. Quelques mercredis, j'allais au centre ville pour m'acheter des médicaments avec l'argent de mes grands-parents. Je m'achetais aussi de longs tee-shirts mais la chaleur approchait de plus en plus...
Chaque soir, les filles postaient des vidéos sur les réseaux sociaux, en racontant ce que je leur avais dit le matin même, et ces derniers jours, c'était dur à entendre.
Ce midi, comme tous les jours, elle s'approchaient dangereusement de moi, elles allaient me prendre mon repas, je me dépêchai alors d'avaler un maximum de choses.
-Dis donc, pourquoi tu manges à toute vitesse, tu ne nous attends pas, nous, tes copines préférées, me lance Myriam, un regard perçant au visage.
Merde, merde, merde.
Elles ne feraient rien maintenant, devant tout le monde, mais après...elles me demandaient sûrement de leur rendre un "service".
En sortant de la cantine, je me rendais aux toilettes et descendais les escaliers lorsque Laura passa en courant et me bouscula. Je tombai de tout mon long sur les marches des escaliers. Je saignai de la bouche et j'avais très mal à la tête ; puis, plus rien.
Je dirai environ deux minutes plus tard, je me relevai, encore sonnée de ce qui venait de se passer. Mais en reprenant connaissance, j'entendis des rires autour de moi. Je relevai la tête. Myriam et Laura rigolaient dans leur coin, un sourire satisfaisant aux lèvres ; tout les autres autour de moi avaient leurs téléphones braqués sur moi.
Personne n'était venu m'aider. Je me mis alors à pleurer. Je me retenais depuis des mois, alors ce fut long.
Je courus m'enfermer aux toilettes. Je pensais que ça leur suffiraient de me voir ainsi humiliée mais elle apparurent dans les toilettes et me crièrent de sortir. Je n'eus pas d'autre choix que de les écouter. Alors je sorti, penaude.
-Alors, t'as compris la leçon, c'est bon !
(Non non, vous ne rêvez pas, juste pour un repas... Je l'ai déjà dit, elles sont prêtes à tout pour me nuire. Le seul truc que je ne comprends pas..., c'est pourquoi...).
En rentrant ce soir-là, j'eus à plusieurs reprises la tête qui tournait et, en débarrassant la table, je tombai dans les bras de mon oncle, sans connaissance.
Ma tante m'avait ensuite raconté qu'ils avaient eut très peur et qu'ils avaient tout de suite appelé les pompiers.
En effet, je le réveillai quelques heures plus tard, sur un lit d'hôpital. Ils m'avaient ensuite recousu la tête à l'endroit où je m'étais ouverte en tombant. Puis, ils m'avaient mis un bandage pour maintenir ma tête. Puis je pus enfin rentrer.
Directement sorti de l'hôpital, ma tante le demanda ce qu'il s'était passé. Elle avait l'air vraiment inquiète. J'hésitai un instant mais je me ravisai, elle n'avait absolument pas besoin d'un problème de plus.
-Je...je suis tombée dans les escaliers tout à l'heure.
-Tu es sûre ?
-Oui, oui, je suis allée trop vite car j'étais pressée d'aller aux toilettes et j'ai trébuché, c'est tout.
Malheureusement pour moi, mon cauchemar n'était pas terminé, à peine j'arrivai dans ma chambre, mon téléphone se mit à vibrer. Je découvris avec horreur des gens anonyme avaient postés des storys de moi et de ma chute. Le premier commentaire venait de Myriam, et après le sien, plus personne n'avait eu peur d'en poster, au contraire, et chacun s'était défoulé.
« MDR, la chute du siècle ! »
« La honte lol »
« La pauvre ! (j'en veux encore, c'est vraiment trop drôle) »
« Pauvre bichette, elle a eu mal, LOL »
« Ah mais je la connais le meuf sur la vidéo, askip c'est une connasse, apparemment elle aurait volé le crush de Laura ! »
Je bloquai sur ce commentaire, j'eus beau le lire et le relire, je ne comprenais pas, je n'avais volé personne moi !
Tous ces commentaires me faisaient très mal, mais je n'arrivais pas à m'empêcher de les lire. J'eus fini par me mettre un coup sur la cuisse, je balançai mon téléphone à l'autre bout de la pièce, rentrai ma tête dans mes genoux et je me mis à pleurer. Je pleurai jusqu'à ce que je ne puisse plus respirer.
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Parler ou se taire..., que choisir ?
Teen FictionClémence, une jeune ado de 4e, rentre dans un nouveau collège. Elle est accueillie par deux filles qui ont plus ou moins un passé "mouvementé". Clémence saura-t-elle faire la différence entre les vrais et les faux amis ?