Chapitre 12 - Poppy 🎭

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La boule au ventre, j'attends que M. O'Brien dévoile son choix. J'ignore pourquoi ça m'angoisse, sachant que je ne serai pas prise. Au courant de cette semaine, pendant mes cours d'interprétation, mon professeur n'a fait aucune remarque, rien qui pourrait me laisser croire que j'ai une chance de décrocher le rôle d'Emily Webb. Mais comme l'on dit, l'espoir fait vivre.

Au fond, je dois être un peu maso, parce que je me fais du mal pour rien. C'est évident qu'Harper va l'obtenir, et que je devrai me contenter du rôle de Mme Webb ou de Mme Soames. Ou alors, je jouerai vraiment un arbre, comme cette peste l'a suggéré.

Non, je vais sans doute finir dans l'équipe chargée des décors ou des lumières. Après tout, pourquoi pas ? Si jamais ma carrière en tant qu'actrice floppe, je pourrais toujours bosser dans le milieu, mais loin des projecteurs.

Assise au fond de la salle de théâtre, je mordille mon pouce. M. O'Brien a plus de trente minutes de retard. Ce suspens est vraiment intenable. Tandis que les autres discutent et se marrent, moi, je cogite. Le rire de cette pimbêche d'Harper me parvient, un frisson de dégoût me parcourt l'échine. Je ne peux sciemment pas la blairer. Tout chez elle m'insupporte. De son sourire de faux-cul, à son rire on-ne-peut-plus exagéré qui veut dire « regardez-moi, je suis là et je dois accaparer toute l'attention ». Parfois, il m'arrive de me demander ce qui a bien pu lui arriver de moche dans sa vie pour devenir ainsi.

Après tout, peut-on être peste par nature, sans raison valable ? J'aimerais croire que non. Que derrière chaque action se cache un passé lourd de sens. Néanmoins, face à cette fille, il m'est très compliqué de garder la tête froide.

Soudain, la porte derrière moi s'ouvre et se referme en un coup de vent. Je vois M. O'Brien débarquer, l'air pressé. Tout le monde se retourne afin de l'observer monter sur scène, une feuille à la main et l'épingler sur le tableau en bois qui se tient dans un coin. Sans piper mot, il retourne d'où il est venu en quittant le théâtre.

Les sourcils froncés, je me demande quelle mouche l'a piqué. Il semblait drôlement pressé. On dit souvent que les artistes sont excentriques, cette fois-ci, je suis on-ne-peut-plus d'accord. Mon prof est un spécimen très... étrange.

Blasée, j'attrape mon sac tandis que les autres se bousculent pour aller lire cette maudite feuille. Vu le peu d'importance que mon enseignant accorde à cette pièce, je ne vais même pas me donner la peine de monter sur cette scène. Surtout quand je vois Harper sautiller de joie.

Bien évidemment, comment aurait-ce pu être autrement ?

Peut-être qu'elle a raison. Et si je suis vouée à échouer ? La seule chose que je voulais, c'était une chance, et comme à chaque fois, on me l'a refusée.

Le moral dans les chaussettes, je quitte le théâtre. Il se pourrait que j'aie obtenu un rôle, mais franchement, je m'en tape comme de la dernière pluie. Ce qui est certain, c'est que je n'ai pas décroché celui d'Emily.

Est-ce que ça fait de moi une sale capricieuse ? Peut-être, mais je m'en tape. J'ai tout donné lors de cette audition, j'ai joué avec mes tripes et ça n'a pas été suffisant. Bordel, comme ça me mine !

Cette garce d'Harper a toujours les rôles qu'elle convoite. Comment s'y prend-elle ? Elle n'est pas si douée que ça. Et non, ce n'est pas de la jalousie, simplement les faits. Elle interprète toutes les émotions de la même manière. Pourtant, elle obtient tous les rôles importants. Il faudrait qu'on m'explique, parce que là, je suis totalement larguée.

Et d'ailleurs, j'aurais aimé avoir une explication de la part de mon prof. Qu'est-ce qui lui a déplu dans mon jeu ? Que dois-je améliorer ? Merde, une critique constructive ne serait pas de trop, au lieu de se casser comme un voleur après avoir lâché la bombe.

Oak Ridge Campus #2 Knight © (SOUS CONTRAT D'ÉDITION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant