Chapitre 2

15 3 0
                                    

Après avoir raccompagné tous les clients à la porte, je me suis retourné vers Flint, qui comptait son argent.

« C'est la meilleure technique pour avoir de gros pourboires ! A ce prix-là, ils pourraient revenir quand ils veulent ! Enfin, pas trop souvent non plus...

- Euh, sinon... Par le "faut qu'on parle" vous vouliez dire de mon augmentation de salaire ? Parce que dans ce cas-là, j'ai toute la nuit pour discuter...

Mais il ne décolla pas la tête de sa liasse de billets.

« Qu'est-ce qui s'est passé avec l'autre ?

- Hein ?! Oh, lui... J'aimerais bien le savoir, moi aussi.

Il devait sûrement parler de celui qui m'avait attaqué, et dont il ne restait que vêtements et poussières. Puis il me regarda droit les yeux.

« Comment est-ce que tu as fait ?! Aucun mortel ne peut porter la main sur no... sur un démon !

- Démon ? Et puis comment ça, "mortel" ?

- Non, laisses tomber...

- Sérieusement, qu'est-ce que ça veut dire ?

- Oublies. Tu sais ce qu'on dit, "l'ignorance est une vertu".

- Pff...

Venant de lui, c'était assez ironique. Mais bon, je n'avais pas envie de débattre là-dessus. Il s'était passé trop de trucs aujourd'hui ! Ça me faisait penser... Avec tout ça, je mérite bien un petit bonus, non ?

« D'accord mais je veux que tout ce bazar soit compté comme des heures sup'.

- Comme tu veux, mais je prendrais sur ton salaire pour réparer tout ça.

- QUOI ?!

Pour toute réponse, il me mit un balai entre les mains et repartit avec son alcool et son argent. Lui alors...

Pendant que je débarrassais les tables, je me repassais dans la tête les derniers instants. C'était vraiment bizarre.

Sur les trois gars qui nous ont agressés, deux ont été littéralement réduits en cendre et le dernier... Bah, j'hésitais encore. Lui aussi était devenu un tas de poussière, mais avant, Flint avait fait quelque chose.

Mais quoi ?! C'est ça que je voulais savoir ! D'ailleurs, j'avais une question.

« C'était quoi ce flash ? demandais-je innocemment.

- Comment ça ?

- Bah oui. Quand l'autre affreux m'a attaqué, y a eu un éclair de lumière et il a été réduit en cendres. À ce moment, j'ai ressenti une sorte de tiraillement dans mon dos et mes yeux me brûlaient. Et en plus, la paume de ma main n'arrêtait pas de picoter après.

Mais Flint ne répondit pas. J'avoue que je pris un malin plaisir en voyant son air ahuri. C'était la première fois que je le voyais comme ça. Lui qui était tellement impassible !

« J'ai dit quelque chose de mal ?

- Si seulement tu savais. Tu es l'un d'entre eux ?!

- Euh... j'ai exercé de nombreux petits boulots, mais je n'ai encore jamais fait partie d'une secte qui tire des rayons lasers ou un truc du genre.

- J'y crois pas, ils m'ont collé un mouchard aux basques pendant trois mois et je m'en suis même pas aperçu ?! murmura-t-il pour lui-même.

- Comment ça ?

- ... Bon écoutes-moi gamin, ça te dépasse. Mais c'est vrai que ça m'a donné envie de reprendre du service. Tu viens avec moi bien sûr.

- Et le bar alors ?

- On met la clef sous la porte.

- Quoi ?! Donc je suis viré ?!

- Non. En revanche, je peux augmenter ton salaire si tu viens avec moi.

- Oh. Ça se discute. On part quand ?

- Maintenant. Vas me chercher mon meilleur alcool et fait tes bagages.

Les chroniques d'Alastor : Ange déchuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant