La Cavalière des Ombres

Prologue

      Courir. Fuir. Encore et encore.

      Sa course, guidée par les luminoflores, ne s'arrête pas. Ses jambes sont douloureuses. Sa respiration est difficile. Son cœur menace d'exploser, ses poumons lui demandant grâce. Mais elle refuse de s'arrêter. Elle trébuche, roule dans l'herbe avant de dévaler une pente couverte des feuilles mortes de l'automne. Elle tente de se relever, s'effondre aussitôt, ses jambes ne la portent plus. Alors elle reste couchée dans la terre humide, observant la pleine lune brouillée par ses larmes. Elle attend, sachant que la fin approche. Elle ferme les yeux en entendant des pas précipités, sa dernière pensée allant vers ceux qui l'ont toujours aider. Un chuintement métallique se fait entendre, elle étouffe un sanglot et une petite prière à la lune.

X

       Un hurlement s'échappe de ses cordes vocales, réveillant sa camarade de chambre. Et elle n'est pas la seule si elle en croit le nombre de portes qui se sont ouvertes à la seconde suivante. Le bruit et les rumeurs enflent dans le couloir du dortoir, de nombreuses jeunes-filles mécontentes se font entendre. La jeune-fille s'assied sur son matelas, les genoux contre la poitrine, pleurant en silence.

_ Que se passe-t-il, ici? Demande une femme au bout du couloir.

      Blonde, les cheveux longs retenus en chignon par un élastique en soie, ses yeux bleus aux couleurs des saphirs de son collier restent interrogateurs. Personne n'ose répondre et elle observe les filles une par une, sa veste légère volant à chaque mouvement qu'elle fait. Et le bruit d'une porte que l'on ouvre se fait entendre, la seule dont les deux occupantes étaient encore à l'intérieur.

_ Mademoiselle Solène. Excusez-nous...

_ Eleanor à encore fait un cauchemar? Demande la dénommée Solène avec douceur.

_ Oui. Je ne sais pas quoi faire...

_ Change de chambre. Crache une fille à demie lézarde avec haine.

_ Reste avec elle, Mélina, je vais chercher ce qu'il faut. Et tout le monde, retournez vous coucher.

      De nombreuses protestations lui répondent mais les filles retournent peu à peu dans leurs chambres, laissant Solène et Mélina dans le couloir. L'adulte adresse un regard rassurant à la châtain devant elle et s'absente le temps d'aller chercher ce qu'il faut. Mélina retourne aussitôt dans la chambre, s'asseyant sur le lit d'Eleanor, passant un bras sur ses épaules.

_ Pardon, Mélina...

_ Ne pleure pas, je suis là, je ne pars pas. Mademoiselle Solène est partie chercher quelque chose.

       Les minutes semblent durer des heures, Mélina constate que tout le monde s'est rendormi, et la porte s'ouvre. Solène apparaît dans l'encadrement, une tasse à la main. Eleanor lui indique qu'elle peut entrer et la blonde referme discrètement le battant, allant s'asseoir sur l'autre bord du lit. Elle tend le breuvage mais se heurte à un refus, surprenant même Mélina.

_ Toujours ce même cauchemar ?

_ Oui, madame...

_ Pas de détails supplémentaires?

_ Non, madame...

_ Qu'est-ce qu'on peut faire...? Demande faiblement Mélina.

_ Attendre qu'elle se rendorme.

      Le silence se fait, uniquement interrompu par les sanglots à demi silencieux d'Eleanor. Mélina et Solène restent à ses côtés, s'assurant qu'elle soit bien endormie. La journée va être longue...