"J'ai oublié ma lampe de poche à Narnia"

« Assassins ! »

« Comment être sûr qu'ils ne nous envoient pas à la mort ?! »

Alors que le général Glozelle et la reine Prunaprismia traversaient la porte menant vers l'autre monde, le peuple Telmarin s'écriait face à la magie inconnue dont avait fait usage Aslan. Il leur fallait un exemple digne de confiance pour leur prouver que l'arbre n'était qu'un passage vers le monde de leurs ancêtres. Le roi Miraz avait fait trop de mal au nom de leur peuple pour qu'ils puissent suivre avec assurance des Narniens sans crainte de vengeance.

« Sire, si ma décision peut servir d'exemple, j'emmène sans plus attendre onze de mes compagnons. » Intervint Ripitchip, comme toujours dévoué à Narnia. Il était une nouvelle fois prêt à se sacrifier pour son royaume, dans l'honneur et la fierté.

Mais c'était le rôle des rois et reines de montrer l'exemple. Le courage de leur ami rongeur est tout ce dont Peter avait besoin pour trouver la force de s'avancer.

« C'est à nous d'y aller. » Déclara-t-il calmement, confiant comme se doit de l'être un roi.

« Tu en est sur ? » S'interposa Edmund, ne sachant quoi dire d'autre. Il ne voulait pas partir mais n'avait pas encore rassembler la confiance nécessaire pour s'opposer à Aslan et son frère. Il pensait avoir plus de temps.

« Venez. Il est temps de partir. Après tout, nous ne sommes plus utiles ici. » Assura Peter en remettant son épée à Caspian.

L'urgence de la situation entraina Edmund dans un gouffre de panique. Il ne pouvait pas partir. Narnia était sa maison. Ses yeux rencontrèrent ceux de Caspian et le désespoir qu'il y lit lui suffit à se décider. Il lui fit un signe de tête se voulant rassurant et prit le temps d'inspirer profondément pendant que son frère et ses sœurs faisaient leurs adieux. Les secondes paraissaient être des heures alors qu'ils se rassemblaient à présent tous devant l'arbre censé les ramener chez eux.

Allez Edmund ! Tu as survécu à des dizaines de batailles, tu ne vas pas te dégonfler maintenant !

Relevant la tête avec détermination, il s'avança vers son frère.

« Attends, Peter. J'ai quelque chose à vous dire... » Commença-t-il.

Mais Peter ne le laissa pas s'exprimer.

« Nous discuterons une fois à Londres, Edmund. Nous devons rentrer chez nous. »

Comme il s'y attendait, parler avec Peter serait un véritable défi. Sauf qu'Edmund était plus que décidé à faire entendre son point de vue. Il ne retournerait pas à Londres. Rien ne l'y attendait là-bas. Sa mère était portée disparue, surement tuée par la guerre depuis longtemps. Il n'avait pas d'amis, de loisir ou de passion. Bien sûr, il avait ses sœurs et son frère et cela lui brisait le cœur de devoir se séparer d'eux mais peu importe ce que disait Aslan, il savait au plus profond de lui-même qu'il les reverrait. En revanche, traverser le portail signifiait dire adieu à Caspian et il ne le supporterait pas. Il ne savait pas comment il avait pu développer un amour si intense en si peu de temps mais ce qu'il savait c'est qu'il ne pouvait plus vivre sans son prince.

« C'est justement de ça dont je veux vous parler. Je- »

Peter soupira, l'interrompant une seconde fois.

« Ecoute, Edmund. Narnia est entre de bonnes mains. C'est difficile pour tout le monde alors s'il te plait, n'en rajoute pas. »

Sans comprendre ce qu'il se passait, Edmund sentit les mains de Peter l'attraper et le pousser dans le portail. Il cria mais son cri se perdit dans l'espace au moment où il disparut. Une seconde suffit pour que la gare de Londres prenne vie devant ses yeux. Sa tenue changea, marquant le retour de l'uniforme désagréable qu'il détestait tant. L'écharpe au couleur de son école lui démangeait le cou et il manquait déjà la sensation de lourdeur que lui procurait son épée lorsqu'elle pendait à sa taille. Il vit son frère et ses sœurs réapparaitre à ses côtés quelques millièmes de secondes après lui.