Chapitre 33 - Angélina

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« Même les guerrières ont besoin de repos et de soins »

⸺ Angie, tout va bien !

La voix de mon père me ramène sur terre.

Je hoche la tête sans ressentir le moindre sentiment.

⸺ Ils sont morts. Dis-je sans le quitter des yeux.

Ses yeux se remplissent de larmes tandis qu'il me prend l'arme des mains.

⸺ Tu es sûr que ça va ?

Je regarde maman au sol, puis les quatre hommes qui se vident de leur sang.

⸺ Il faut se débarrasser des corps, papa.

Ses yeux s'écarquillent à mon annonce. Mon cœur bat très vite, mais maman m'a appris à contrôler toutes mes émotions. À cet instant, je ne ressens que du soulagement de savoir qu'ils ne pourront plus lui faire de mal. Que papa ne pourra plus la décevoir à chaque fois que nous jouerons à chasser les animaux, pour après faire joue, joue dans son bureau avec la farine.

Papa arrêtera la farine et je pourrais enfin jouer sans me faire engueuler, sans que maman nous quitte parce que nous ne sommes pas sages comme elle le voudrait.

Ses doigts me forcent à le regarder à nouveau.

⸺ Angie, regarde-moi.

⸺ Vous ne vous disputerez plus. Maman ne voulait plus vivre avec nous de toute façon. Je l'ai entendue, elle était avec un homme la semaine dernière, il disait qu'il manquait ta signature pour qu'elle abandonne tout.

Ses yeux s'assombrissent, il se redresse. Je me demande à quoi il pense ? Parce que, moi, j'ai juste voulu sauver ce qui restait de notre vie. Maman ne partira plus, même si je ne voulais pas lui faire de mal.

⸺ Descends et va me chercher des gants, un masque à gaz. Je m'occupe de les mettre dehors.

J'acquiesce avant de le regarder s'approcher de l'un des hommes qui l'ont frappé.

⸺ Et maman ?

Il m'observe, les joues humides.

⸺ On ira l'enterrer dans la semaine, je vais trouver une solution.

Je quitte le salon dont les murs sont recouverts de sang puis descends les marches. Mes yeux se posent sur ma robe toute sale puis mes doigts, me forçant à m'arrêter. Jusqu'à ce qu'un bruit strident me fasse sursauter.

« BOOM » « BOOM »

Je me redresse à toute vitesse, mais mes jambes se retrouvent coincées. L'angoisse se transforme en terreur pure. Ma main tenant toujours le couteau, je tente de me défaire de ce qui me retient, me débattant frénétiquement jusqu'à ce que la lame se plante férocement dans ma cuisse, m'arrachant un cri de douleur.

Je ne rêve plus. La réalité brutale m'entoure. Mon corps se fige en voyant une silhouette s'approcher de moi.

J'oublie instantanément la douleur dans ma cuisse et pointe mon couteau vers l'ombre imposante.

Je cherche à me lever, mais mes pieds se mêlent à un tissu, me faisant tomber lourdement au sol.

C'est quoi, cette putain de poisse de merde.

Des mains se posent sur mes épaules. Je me débats, éraflant le torse de l'ombre avec ma lame, mon souffle se fait plus rapide et saccadé.

⸺ CALME-TOI ! crie la voix. REGARDE-MOI !

Angel vs DamonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant