Chapitre 26

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     La serviette blanche posée négligemment sur ses cheveux humides, le téléphone dans sa main libre, il tapotait une rapide réponse à son meilleur ami avant de se débattre avec le plastique qui entourait son plâtre. Quand il parvint enfin à l'enlever, il le jeta dans un coin de la pièce en priant pour qu'on le lui retire bientôt.

De Lorenzo :
18/01 Aujourd'hui 21 : 46

Gt en ville pour un verre, j'peux passer chez toi ou t'es occupé ?

De Cassien :
18/01 Aujourd'hui 21 : 52

Tu peux

     Il se laissa tomber sur son canapé, attrapa la télécommande pour allumer la télévision et mettre une série quelconque en sourdine. Puis, il entreprit de se sécher à nouveau les cheveux bien que ce ne soit pas très efficace avec une seule main. Plus que quelques jours, et il enlèverait cette maudite entrave. Cela le soulagerait immédiatement, mais une anxiété sourde naissait à intervalle régulier lorsqu'il s'imaginait reprendre le travail. Ces petites vacances improvisées, bien qu'il tournait en rond la majeure partie du temps, lui offrait un temps d'accalmie avant que la routine ne reprenne, que la servitude l'accule. Il détestait la sensation persistante que, même de loin, son père parvienne encore à contrôler sa vie.

     Quand son portable sonna, il trouva Lorenzo rapide en l'imaginant déjà planté en bas de son appartement. Mais non. Ce n'était que sa mère. Intrigué, elle qui ne l'appelait presque jamais, il déverouilla l'écran et fit glisser le bouton vert pour prendre l'appel.

     — Allô ?

     Toujours en train de sécher ses cheveux, il activa le haut-parleur avant d'éponger une goutte aventureuse qui glissait le long de sa clavicule.

     — ...jour Cassien. Comment vas-tu ?

     Vraiment ? On en est là ? À prendre de pathétiques nouvelles ? Et bientôt, elle me dira quoi de neuf ? Néanmoins, il se savait injuste de nourrir une telle rancœur à son égard même si, durant toutes ces années cauchemardesques, elle n'avait pas levé le petit doigt pour le sauver. Bien sûr, aujourd'hui elle tentait de recoller les morceaux, de sauver leur relation quand Cassien essayait, vainement, de lui accorder une dernière chance. Malgré sa colère, son amertume, il s'agissait de sa mère. Et s'il ne voulait rien conserver avec son géniteur, il espérait pouvoir recréer le lien qui s'était rompu entre Nathalie et lui durant son adolescence.

     — Ça va... et toi ?

     — Oh bah oui. Je me suis installée dans un petit appartement à vingt minutes de chez Anne-Fleur, tu pourras me rendre visite quand tu en auras envie.

     À sa manière de lui proposer une telle chose, il sentait qu'elle lui permettait d'avoir toutes les clés en mains et qu'elle ne précipiterait rien. Un mince sourire de soulagement lui effleura le visage. Au moins avait-elle compris une chose : cesser de le forcer. Ce que son cher père ne semblait vouloir accepter.

     — C'est dans un quartier résidentiel plutôt joli, continua-t-elle, meublant le silence qu'il lui imposait. Avec ton p... hmm, je veux dire, on a vendu les meubles de la maison qu'on ne souhaitait pas garder. Et là... eh bien, on est en train de la mettre en vente.

     Cette fois-ci, le silence s'installa de nouveau, oppressant. Cassien méditait ces paroles, les mains entre les cuisses, le regard vissé sur l'écran de son portable. Cette demeure qui l'avait vu grandir deviendrait désormais la propriété d'une autre famille. Il espérait seulement que cette dernière soit plus heureuse que la sienne.

Tome 2 - True LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant