Chapitre 27

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Concentré, Loup tapotait sur le clavier à une vitesse vertigineuse, enfoncé dans un bout du canapé, seulement illuminé par la télévision qui trônait un peu plus loin, en face. Plongé dans sa bulle personnelle, il n'entendait pas le clapotement de l'eau contre la baignoire, ni même les ronronnements du chat qui se frottait aux barreaux du lit. Encore moins les dialogues des acteurs à l'écran que la télécommande avait rendu muet. Pendant un instant, il figea ses doigts au-dessus du clavier, mordilla sa langue coincée entre ses dents puis reprit en sentant l'inspiration revenir. Il effectua ce manège trois bonnes fois avant qu'Aubin ne sorte de la douche pour le trouver là, assis dans la presque obscurité. Le voir plongé dans son travail lui arracha un sourire amusé.

Loup ne lui jeta pas même un regard, focalisé sur son écran, incapable d'assimiler ce nouveau son. Il ne vit donc pas la serviette retrouver le sol, ni même les gouttes d'eau qui échouaient sur le torse nu de son compagnon. Quand une main agrippa le côté de son ordinateur portable, il releva vivement la tête, sourcils froncés. Face à son petit ami, son air s'apaisa.

— Putain, j'ai cru que c'était...

Aubin haussa un sourcil, curieux d'entendre la suite, mais Loup se tut, car il aurait été ridicule d'avouer qu'il pensait qu'un inconnu souhaitant attenter à sa vie était l'auteur de cette main vicieuse. Cette même main qui lui arracha son ordinateur au bout de négociations injustes.

— Aubin, j'étais en train d'écrire...

— Oui, mais tu pourras le faire plus tard, argua ce dernier en enjambant ses cuisses.

Loup se mordit la lèvre inférieure puisqu'il aurait sans doute été vain d'expliquer à Aubin que les muses de l'inspiration ne se mettaient que rarement en pause, surtout quand elles étaient bien parties. Le couper en plein dedans revenait à dédaigner ces déesses qui ne se manifestaient qu'au gré de leurs envies.

— Tu devrais mettre un t-shirt, il caille dans ton appart'.

— T'inquiètes.

Et sans préambule, Aubin pressa ses lèvres contre celles de Loup qui les réceptionna avec un sourire. Les mains sur les hanches de son petit copain, il pouffa en sentant deux mains saisirent son visage et presser davantage ce baiser. Quand il se montra un peu plus sauvage, Loup tenta de calmer le jeu, mais déjà, Aubin dérivait dans son cou, y déposant une pluie de frissons. Il mordilla sa clavicule et glissa ses mains sous le haut de Loup qui, les siennes toujours inertes, ne broncha pas même si le cœur était loin d'être en fête. Mais peut-être que s'il se forçait un peu, peut-être que s'il était suffisamment excité... et c'est là qu'Aubin gâcha tout. Encore. Avec sa foutue manie de plaquer sa main contre son entrejambe alors que le jeu commençait à peine.

Incapable de se retenir, un soupir de frustration franchit ses lèvres attirant la curiosité d'Aubin qui se mua en incompréhension face à sa mine agacée.

— Quoi ?

— Enlève ta main s'il te plaît.

Aubin le fixa sans bouger, quelques minutes, et gonfla soudainement sa joue du bout de la langue, signe qu'il commençait à ressentir une certaine colère.

— T'es pas sérieux, là ? Encore ?

— Aubin...

— Non, j'en ai marre !

Aubin le repoussa brutalement, lui qui ne rencontra que le dossier du canapé. Il enfila un t-shirt à la hâte et ferma violemment le tiroir de sa commode, arrachant un sursaut à Loup qui s'évertuait à rester de marbre. Il est en colère, tout va bien, ça lui passera, songea-t-il les dents serrées.

Tome 2 - True LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant