Chapitre 1

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- Je refuse !
- C'est pour ton bien.
- Depuis quand mon bien t'intéresse ? Pourquoi tu veux me faire garder comme un enfant de 7 ans ?! J'ai 29 ans bordel, je peux m'occuper de moi !
- Ce n'est pas une nounou !
- Vu comment tu l'expliques on dirait, il me suit partout où je vais, il fait tout avec moi.
- À distance, il sera là pour ta protection !
- Je n'ai pas besoin d'un garde du corps, je n'en ai jamais eu, pourquoi maintenant ?
- Tu n'as pas d'avis à émettre, c'est comme ça !
- Dans ce cas j'en veux un discret, pas qu'on le repère à mille kilomètres comme tous les autres.



L'annonce avait très rapidement fait le tour dans son mini monde, ce genre de poste était rare et prisé de tous les anciens militaires et policiers. L'annonce était simple, un membre du gouvernement avait besoin d'un garde du corps pour de la protection rapprochée, un job presque trop simple dans cette société aseptisée, veiller sur son petit protégé, assurer ses déplacements d'un point A vers le point B. La seule condition du poste après les critères physiques et les tests psychologiques était d'être "discret". Que cela voulait-il dire ? Quelle genre de discrétion ? Envers la personne à protéger ? Les autres ? Souhaitait-il un fantôme ? Si c'était le cas, le poste serait alors très différent, on veut des fantômes en temps de guerre, quand une situation est critique... Pas dans la vie de tous les jours.

L'annonce s'arrêtait là, le salaire n'était même pas indiqué, juste que les candidats devraient se présenter dans un bureau, tel jour, telle heure, tout retard entrainerait l'élimination directe du candidat. Sans plus d'informations, elle avancerait à l'aveugle malgré le fait qu'elle sentait le piège à plein nez. Piège ou pas, j'ai besoin de ce poste. Cette salle de sport commençait à la répugner, des années d'opérations dans des pays qu'elle ne connaissait pas avant de s'y rendre pour être réduite à de la préparation physique de personnes qui se fichaient bien d'avoir un corps solide, ces gens voulaient plaire à d'autres gens, ils ne respectaient rien, même pas son grade. Si seulement sa carrière avait pu continuer sans devoir être assignée à un bureau...


Son téléphone se mit à vibrer contre sa cuisse, elle répondrait plus tard, d'abord elle devait terminer l'entrainement de son client. Elle accompagna l'homme sur ses dernières répétitions et bloqua la machine.

– Très bien, prenez un moment pour boire et rejoignez-moi dans la petite salle.
– Je n'ai pas envie de faire des abdos.

Et moi je n'ai pas envie d'être là.

– Vous n'avez pas signé pour avoir le choix Monsieur Lee.
– Dictatrice.
– Il y en a seulement pour 10 minutes, après on fait quelques étirements et je vous libère.
– Vous m'avez dit encore 1 série puis après, encore 3 répétitions, j'en ai assez.
– Très bien... Je vous croyais plus fort que ça, mais si vous souhaitez arrêter alors-
– On continue !

Un sourire amusé monta à ses lèvres, taper dans l'égo de ces hommes fonctionnait toujours, l'homme d'une cinquantaine d'années bomba le torse et se dirigea fièrement vers la petite salle. Son objectif, perdre du poids pour le mariage de sa fille et rentrer dans son joli costume, sa femme l'avait forcé à s'inscrire, une mégère botoxée qui avait pris un air supérieur quand elle avait proposé une inscription en duo, faire du sport à deux et avoir des objectifs communs boostait la motivation, non seulement pour son égo mais aussi pour rendre fier sa moitié. L'homme prenait du temps sur sa pause du midi pour venir s'entrainer avec elle tous les jours, il partait tôt de chez lui et rentrait tard le soir, un mode de vie courant ici, courant et tout aussi horrible. Plutôt mourir que de se crever à la tâche pour une entreprise pour laquelle on est qu'un numéro, pour un patron qui ne connait même pas notre nom, pour rendre les riches plus riches avec en prime, peu voire pas du tout temps pour vivre sa vie, le tout pour un salaire dérisoire.
L'esclavagisme moderne et l'illusion de la liberté.

Save me [PJM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant