Chapitre 5 - La liste de Lady Milkydot

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La Grande Salle grouillait d'agitation à l'heure du déjeuner. A la table des professeurs, Hermione zyeutait Drago Malefoy comme si son assiette détenait les secrets de l'univers.

Elle se rendit compte qu'elle devait avoir l'air un peu étrange quand le professeur Slughorn, assis à côté de son apprenti, lui proposa :

"Un peu de bacon, Miss Granger ?

-Hein ? croassa-t-elle.

-Je me doute que celui qui se trouve dans l'assiette de monsieur Malefoy a l'air très appétissant, mais vous n'iriez pas jusqu'à le lui voler, tout de même ?"

Les joues enflammées, Hermione s'empara de l'assiette de bacon que lui tendait Slughorn. Drago ne lui adressa même pas un regard, se contentant de mâchonner placidement sa propre nourriture.

Ce zyeutage intensif n'avait pas été productif du tout : à part pour lui avoir demandé deux fois de l'eau ("Mr. Malefoy, pouvez-vous me passer la carafe de jus de citrouille s'il vous plaît ?" "Voilà, Miss Granger."), quatre fois le sel ("Mr. Malefoy, pouvez-vous me passer le sel s'il vous plaît ?" "Tenez, Miss Granger.") et une fois les haricots ("Mr. Malefoy, pouvez-vous me passer les haricots s'il vous plaît ?" "Les voici, Miss Granger."), Hermione n'avait rien de plus profond à aborder avec lui. Entre la météo et les formules de politesse, elle aurait pu avoir la même conversation avec une grand-mère Moldue dans la queue du supermarché.

Pour la cohésion sorcière, on repasserait ; mais il fallait s'y attendre. Deux ans étaient peut-être passés, mais Hermione demeurait impressionnée par la répulsion que continuait à lui inspirer Drago Malefoy. Il n'était peut-être plus exactement le même sale gosse qu'autre fois - et encore - mais cela ne voulait pas dire qu'Hermione avait développé une subite envie de lui parler, en dépit de cette partie de sa conscience qui tentait de la raisonner.

Dépitée, elle poussa un soupir.

Quinze minutes plus tard, après avoir englouti précipitamment ce qui restait de son petit-déjeuner, Astoria rentra dans son bureau d'un pas réjoui alors qu'Hermione était plongée dans Traditions Sang-Pur : deux mille ans d'histoire. C'était le livre du sommet de la pile qu'elle avait ramené de la bibliothèque le matin même, recevant au passage un regard suspicieux de Madame Pince en voyant sur quel sujet portait cet immense corpus.

"La météo ! Il m'a parlé de la météo ! s'écria-t-elle.

-Je sais... grommela Hermione.

-C'est formidable !"

Hermione jeta successivement un regard effaré à l'adolescente énamourée, puis à son livre - qui ne mentionnait à aucun moment le fait de s'extasier sur une lettre portant sur la météo dans les traditions matrimoniale sang-pur.

Elle ne voyait pas en quoi évoquer le temps qu'il ferait aiderait la petite Galatea ; et elle sentit une vague d'exaspération l'envahir.

"Vous... Vous n'en voulez pas plus ?

-Oh, si, bien sûr. Mais chaque chose en son temps. Cette lettre sur la météo rentre parfaitement dans la continuité des choses."

Hermione baissa les yeux sur sa page du chapitre "Le mariage chez les Sang-Pur". Selon les familles, les traditions variaient : certains refusaient de se voir pour entretenir le mystère jusqu'au mariage, certains contrats de mariage étaient établis de façon magique, obligeant les fiancés à un combat à mort pour rompre les fiançailles, et si on remontait jusqu'à il y a quelques siècles, une tradition matrimoniale obligeait les mariés à chasser un Moldu nain ensemble pour célébrer la noce.

Cher monsieur Malefoy | DramioneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant