🅑Ⓤ🅝Ⓖ🅞 Ⓢ🅣Ⓡ🅐Ⓨ 🅓Ⓞ🅖Ⓢ 𝕏 𝑳𝒆𝒔 𝑪𝒂𝒓𝒏𝒆𝒕𝒔 𝒅𝒆 𝒍'𝑨𝒑𝒐𝒕𝒉𝒊𝒄𝒂𝒊𝒓𝒆

Prologue

-Votre Majesté, dit un homme en s'inclinant

Il était auburn et avait des cheveux courts. Il avait tenté tant bien que mal de cacher sa barbe naissante, en vain, elle revenait sans cesse comme un chien avec un bâton qu'on lui avait lancé. Ses vêtements étaient simples, il portait l'une des robes officielles de la cour, celle des eunuques. La sienne était bleue, ce qui se mariait avec ses yeux bleu-gris. Par dessus, il y avait une sorte de manteau, lui aussi bleu, aux bordures dorées.

La personne qui lui faisait face était dos à lui, face à une fenêtre ouverte sur le monde ⸺ ou du moins sur la cour du palais. Elle pouvait voir depuis son poste de vue les marchands, les eunuques, les courtisanes et les enfants qui jouaient en se faufilant entre les chariots de marchandises. Elle sourit en voyant l'innocence de ces enfants, avant de reprendre son expression neutre, dénuée de toute émotion. Après tout, elle devait agir ainsi. Comme l'homme derrière elle l'avait dit, elle était  « Sa Majesté », ou si vous préférez l'impératrice de ce pays.

-Le décret a été promulgué selon vos exigences, continua l'auburn en la voyant rester silencieuse, Les premiers candidats arriveront bientôt. 

-Je sais.

La voix de l'impératrice était un peu rauque, quoiqu'elle restait relativement douce. Elle continuait de fixer ses sujets depuis sa fenêtre, qui lui permettait d'avoir un instant de bol d'air frais quand l'envie l'en prenait. 

Elle fredonna une douce mélodie, avant de finalement se retourner vers l'homme derrière elle. Elle le transperça du regard, de ses yeux c/y ⸺ ses vêtements étaient d'ailleurs faits de telle manière à ce qu'ils se marient avec la couleur de ses yeux.

-Oda. Tu crois que je pourrais fuir un peu le travail ?

Il soupira de découragement. Elle avait pris son air enfantin et suppliant pour lui demander de fuir ses responsabilités d'impératrice. Certes la vie en tant que dirigeant d'une nation pouvait être suffocante avec toutes les responsabilités qui s'accompagnaient, mais elle devait aussi penser au bien de son peuple plutôt que de chercher une excuse pour passer le temps et ne pas travailler.

-Sakaguchi risque d'être mécontent, Votre Majesté, se contenta de répondre l'eunuque

-Allez Oda, c'est juste une pile de vieux dossiers de Père ! Il n'y a pas de quoi en faire toute une histoire ! S'il te plaît...

Ledit Oda lui répéta encore sa phrase précédente ⸺ ce qui n'était pas pour aller dans le sens de la dirigeante et de ce fait, de son actuelle patronne, qui pouvait le virer à n'importe quel instant.

-Je m'occupe d'Ango, ne t'en fais pas !

-Votre Majesté, ce n'est pas un jeu. Vous avez des devoirs et des responsabilités à tenir, alors arrêtez d'agir comme une enfant. Et puis, où avez-vous appris à vous comporter ainsi ?

Son comportement changea du tout au tout. Elle arrêta de plaider sa cause et se redressa, les bras le long du corps, avec un sourire mystérieux accroché aux lèvres. Elle se retourna ensuite pour regarder de nouveau par la fenêtre, accoudant ses coudes sur le rebord de cette dernière. En regardant l'horizon qui faisait face à elle ⸺ ou plutôt le bâtiment en face d'elle où étaient logés les courtisans et les courtisanes ⸺, elle répondit calmement à son interlocuteur :

-Un joyau. Un joyau unique et inestimable. De ma collection, précisa-t-elle, L'un des meilleurs. Tu devrais le connaître, n'est-ce pas Oda ?

 🅟Ⓡ🅞Ⓛ🅞Ⓖ🅤Ⓔ : 𝑭𝒊𝒏