En déplacement professionnel, je me pavane dans le centre-ville à la recherche de la librairie prisée par mon client. Se faire une place dans le milieu littéraire n'est définitivement pas facile, le secteur est bouché, pourtant avec Romain, nous y croyons. Accompagner les auteurs dans un premier temps, puis pourquoi pas créer notre maison d'édition, c'est notre but depuis la fin de notre première année de rencontre. Le basket, même si je pratique toujours, ne comble pas cette passion que j'ai pour la littérature.
J'ai dégoté un auteur qui me fait confiance et je dois lui prouver que je suis à la hauteur de ses attentes. Son livre auto édité marche très bien, mais il voit plus grand, plus loin et aimerait trouver son roman en rayon. Nous avons donc ciblé quelques libraires qui seraient prêts à recevoir des exemplaires. La propriétaire des lieux, très sympathique au téléphone, attend mon passage.
La devanture de la boutique attire mon œil passionné. Je lisse mon pantalon, vérifie ne pas être trop décoiffé par la pluie à travers mon reflet et attrape la poignée. Mon geste reste en suspens lorsque je distingue une affiche collée sur la vitre. Je ne peux pas la manquer vu son emplacement, pourtant, c'est ce qu'elle représente qui oblige mon cœur à louper un battement.
Phénix Victoire, lecture suivie d'une séance dédicace le 28 mars. Soit demain.
La photo de l'autrice de dos, au carré vénitien m'interpelle. Cette couleur me transporte dans mon passé. Je chasse mon imagination débordante et pénètre dans mon univers. Une clochette retentit, annonçant mon arrivée. Les lieux sont chaleureux et une odeur de papier et d'encre contraste avec l'humidité extérieure.
— Madame Ferra ? interrogé-je à l'aveugle.
— Appelez-moi Martha voyons, déclare une femme joyeuse sortant de derrière une étagère.
— Monsieur Lograin.
Je lui tends une main polie qu'elle saisit d'un mouvement enthousiaste.
— Enchantée.
Nous nous asseyons à l'une des tables mises à disposition pour parler de l'affaire qui nous concerne. Plusieurs fois, notre conversation est interrompue par la demande de clients.
— Je suis désolée, j'ai donné sa journée à mon employée. Elle était tellement stressée à l'idée de faire sa première lecture en public demain et de dédicacer son livre, qu'elle ne se sentait pas de venir travailler. Vous connaissez le trac !
J'acquiesce, comprenant totalement ce qu'elle peut ressentir.
— Ne vous inquiétez pas, prenez votre temps.
— Tenez, me dit-elle en me glissant un exemplaire de bouquin dans les mains. C'est son livre, si jamais il vous intéresse.
Je saisis l'objet avec délicatesse, comme s'il était inestimable. Un sentiment étrange émerge lorsque j'entre en contact avec le papier, la couverture me parle. Son titre, « Le Phénix » , résonne en moi. Ses pompoms, son ballon orange, tout fait écho. Le résumé m'appelle. Un frisson me parcourt quand j'en lis les premières lignes. Une boule se forme dans ma gorge au fil de la lecture et je peine à l'avaler pour la faire disparaître. Ma curiosité me pousse à en découvrir davantage. De mes mains tremblantes, j'ouvre les premières pages, où le titre ressort du papier blanc. J'ai peur de l'abîmer, j'ai peur de ce que je vais y trouver.
Le phénix
Phénix Victoire
Puis, une citation, une phrase :
Elle le sauve, il la détruit...
... pour qu'elle renaisse de ses cendres.
Je panique. Avant que mes membres ne se tétanisent complètement et m'empêchent d'agir, je m'empresse de demander.
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Learn to trust
RomanceDamien intègre l'université de Fortagne, avec l'intention que sa deuxième année de licence soit à l'opposé de la précédente. À l'inverse, Victoria entend bien la mener dans la lignée de la première, entourée de ses amis, sans vague, mais profitant d...