Un Pont de verre et d'étoiles (Fanfiction ACOTAR)

Chapitre 12

J'oscillais entre conscience et inconscience durant tout le trajet. Je me souvins à peine de notre passage à Crête de l'Écho. J'entrevis vaguement les visages inquiets de Lorcan et Miren penchés au-dessus de moi. Le vol jusqu'à Sous le Vent se déroula comme dans un rêve, plutôt un cauchemar. J'entendais Cassian de loin me répéter de tenir bon.

Ma tête était lourde, chaque pensée embrouillée. Des images indistinctes se succédaient devant mes yeux clos. Des bribes de conversations, des visages, des sentiments confus s'entremêlaient sans que je puisse les saisir clairement. Mes dons de Daemati s'agitaient, incontrôlables. J'entrais et sortais des esprits autour de moi, captant des fragments de leurs pensées, ressentant leurs émotions comme si elles étaient les miennes. La peur, l'inquiétude, l'espoir se mêlaient en un tourbillon qui me plongeait plus profondément dans la confusion.
Je fus vaguement consciente d'être allongée sur quelque chose de doux lorsque l'on me posa enfin dans une chambre. Les sons étaient étouffés, les voix lointaines. Cassian parlait à quelqu'un, sa voix perçait à travers mes pensées embrumées. Des heures passèrent ainsi, entrecoupées de visions et de rêves fragmentés. Mon esprit semblait vagabonder, incapable de trouver la paix. À un moment, je crus apercevoir l'intérieur du Pavillon du Vent, où Azriel s'entraînait seul, son visage concentré, les ailes déployées majestueusement. L'instant d'après, je me retrouvais au cœur de la Cité de Pierre, observant une réunion secrète entre les membres influents de la Cour des Cauchemars. Mon esprit n'avait aucun contrôle sur ces projections, mes Dons agissant d'eux-mêmes, comme s'ils cherchaient désespérément une ancre à laquelle s'accrocher. Puis, tout devint silencieux. Les images disparurent, laissant place à une obscurité apaisante. Peu à peu, je sentis mon corps se détendre, mon esprit se calmer. Une main sur mon front, douce et réconfortante, me ramena lentement à la réalité. Je clignai des yeux, tentant de discerner les contours de la pièce. La chambre était baignée de lumière. Les rideaux légers laissaient entrer un rayon de soleil qui caressait délicatement les murs. Je connaissais ce lieu. C'était la maison de ma mère en Illyrie. Là où Rhys, Cassian et Azriel étaient devenus amis. Morrigan était là, assise à mon chevet, son visage empreint de soulagement lorsqu'elle vit que j'ouvrais les yeux.

"- Tu es enfin réveillée, dit-elle doucement, un sourire tendre sur les lèvres. Comment te sens-tu ?"

Je pris une profonde inspiration, tentant de rassembler mes pensées. Ma tête était encore lourde, mais je me sentais mieux, ancrée dans le présent.

"- Je... je ne sais pas, répondis-je, ma voix rauque. Qu'est-ce qui s'est passé ?
- Tes dons de Daemati ont fait des leurs, m'expliqua-t-elle avec douceur en serrant ma main. Tu as été inconsciente pendant plusieurs heures. Nous étions inquiets, mais tu es en sécurité maintenant. Ton aile et ton épaule sont en voie de guérison. Pour les côtes, il te faudra être un peu patiente."

Je hochai lentement la tête, tentant de comprendre ce qu'elle disait. La douleur était toujours là, mais bien moindre qu'à notre départ des terres du Pic de l'Orage. Les souvenirs flous du trajet et des visions me revinrent par fragments.

"- J'ai vu des choses... des endroits...
- C'est normal, affirma Mor, rassurante. Ton esprit a cherché à se raccrocher à quelque chose de familier."

Les derniers évènements me revinrent soudainement en tête, et ma première inquiétude fut pour mes amis.

"- Lorcan, Miren et Sérys ? Sont-ils en sécurité ?"

Morrigan serra ma main plus fort, son regard apaisant.

"-J'ai ramené Lorcan et Miren auprès de leur famille à Vélaris. Sérys est en bas avec Cassian. Il est en train de réfléchir à un moyen d'extraire sa sœur du Pic de L'Orage sans la mettre en danger. Nous aurions pu rentrer directement, mais je veux que les habitants de Sous le Vent te voient debout et en bonne santé au moment de notre départ pour faire taire les rumeurs."