Eternal Darkness

Chapitre 5

~ Amon ~

My hero

❁6 ans❁

Quand j'ouvre les yeux je ne suis plus sur la petite barque au milieu du lac des merveilles, mais emmitouflé dans les draps chauds de mon lit, dans l'obscurité claire d'une fin d'après-midi. J'étire longuement mes bras et mes jambes, engourdis par ce sommeil comateux. Où est papy ? C'est sans doute lui qui m'a emmené jusque mon lit, lui ou l'une des domestiques qui sont à mon service, peut-être même Maggy.

Je sors de mon lit, ébouriffé, et sonne la cloche pour prévenir l'un des servantS que je suis debout et que j'ai besoin d'aide. Quelques secondes après, on frappe à ma porte et j'avertis la personne sur le pas qu'elle peut entrer. C'est une grande femme grasse qui porte le costume obligatoire de tous les employés du domaine. Elle me prend dans ses bras et me cale contre son énorme poitrine.

Je pose ma tête dessus et les déclare assez doux pour qu'ils me servent de coussins. La grosse dame me pose dans mon dressing et je me retrouve entourée de tous les beaux vêtements que maman nous fait confectionner, des choses belles et classiques, et d'autres éléments plus...originaux.

Je l'observe farfouiller dans les étagères et dans les tiroirs, puis sortir une chemise en soie et un pantalon à bretelles en jean noir, des mocassins noirs cirés et de petits gants blanc, également en soie.

- Je vais mettre ça ?

- Oui petit maître, madame et monsieur ont décidé que ce soir se ferait un repas de famille.

Un courant d'air passe au même moment et je pense que j'ai froid quand mes poils sur les bras se hérissent. Je ne dis rien de plus et la laisse s'occuper de moi, ses mains s'affairent à aplatir chaque plis qui ne devraient pas être là, et par la même occasion chaque morceau de vie dans ma tenue. J'ai l'impression de porter un sac poubelle, même si la domestique m'assure que je suis "beau comme Apollon". Je la remercie quand elle a fini son travail et je lui agrippe la main pour qu'on aille tous les deux dans notre immense salle à manger. Pour cela nous devons passer dans notre hall, une gigantesque pièce vide, seulement habillée d'un luxueux escaliers en marbre qui se séparent en deux pour que tout le monde ait accès aux deux ailes de la demeure. Avec Suzanne et Hermann, on vit dans l'aile gauche, c'est là que se trouvent nos salles de classe, nos chambres, nos salles de jeux et de bains. L'aile droite est pour papa et maman, à l'intérieur se trouvent leurs bureaux et leurs chambre, que je n'ai jamais vu. Le seul lieu qui m'est familier de ce côté du bâtiment, c'est l'escalier qui est juste devant la porte de bureau de maman, c'est là que je m'endors presque toutes les nuits quand j'ai mes terreurs nocturnes, quand je rêve qu'un être diabolique tuent toutes ma famille et que je ne peux rien faire.

Et quand on entre dans ce grand hall, la première chose qu'on voit et notre seul et unique portrait de famille, fait par un peintre connu dont je ne me souviens pas le nom. Sur ce tableau, on peut voir papa et maman, côte à côte, et en dessous, assis sur un même siège en velours rouge, moi au centre, Suzanne à droite et Hermann à gauche.

Dessus, je trouve qu'on est tous resplendissants, maman brille, papa luit, et mon frère et ma sœur rayonnent. Et puis il y a moi, le seul qui sourit. C'est peut-être pour ça que je dénote avec le reste de ma famille . Je resserre ma prise sur la grande main de la servante et on descend doucement les marches glissantes, je ne compte même plus le nombre de fois où je me suis cassé la figure en courant pour rejoindre Grandpa. On marche encore un moment et on arrive dans la salle à manger. Une grande pièce remplie d'une table en bois démesurée et de toutes ses chaises, vingt-cinq au total. Papy, qui a apparemment été invité à manger avec nous, se tient en bout de table, la place du patriarche, celle qu'occupe habituellement papa. Je vois d'ailleurs que celui-ci n'est pas encore arrivé, il n'y a que moi, mon grand–père, mon frère et ma sœur. Mes deux parents sont en retard.