♦ CHAPITRE 15 ♦

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▬ Chat errant ▬


Petite sœur grandit trop vite.

Ses mains vermeilles en sortant de la chambre aux horreurs.

Maman n'est pas là et moi, l'aide bienvenue, reste immobile dans le couloir de l'étage. Je la regarde, petite âme fatiguée, tout en me haïssant de ne pas pouvoir approcher Oscar.

Je suis inutile. Plus que je ne l'ai jamais été.

La sueur sur son front gamin, ses manches retroussées de sa tunique précieuse. Tachée de sang et de bile, la sœur.

Au loin, j'entend les hurlements, la force d'un corps qui se débat et qui crache, insulte et gémit, prisonnier de la peur et de la douleur. Moi, je n'ose pas rentrer, l'affronter, regarder la panique de la biche acculée, au coin de son iris. Je ne veux pas lui offrir ma peine, conscient que j'en ai trop à revendre, trop pour ne pas en souffrir. Trop, surtout mais, pas encore assez pour relever mes manches à mon tour, le consoler et le soigner car la peur accrochée à ma gorge comme un serpent continue de serrer.

Quoi que je souhaite, je suis toujours autant incapable d'approcher un homme, de le toucher et de ce fait, de l'aider.

De ce fait : d'apaiser le poids si lourd écrasant les épaules de Lola.

Inutile.

_ Besoin d'un truc ?

Les bras croisés, je fixe Lola entrain de sortir -encore- de la chambre d'Oscar. Elle s'arrête et me balance une liste de mots, sans grand sens mit bout à bout. Rien de plus qu'un ordre épuisé, qu'une demande. Je vais chercher ce dont elle à besoin, principalement du tissus, des compresses, de quoi aussi apparemment refaire un point qui à du sauter. Il faut dire qu'Oscar ne se laisse pas docilement faire.

Les premiers jours, il ne souhaitait que fuir, que retrouver la rue qui veut sa peau.

Au bout d'une semaine, ma mère l'à convaincu qu'il ne pourrait aller nulle part et qu'elle ne lui laisserait pas s'abandonner à la mort.

Dix jours qu'il est là. Dix jours, depuis son réveil, que je l'évite, que je confie malgré moi le soin de s'en occuper à Lola et Rita. Je tente bien de gérer le reste, les factures, les repas et le ménage, tout ce qui fait qu'une famille tient un minimum debout. Pourtant, je sais que ce n'est pas suffisant.

Dehors, l'orage gronde encore, les balles continuent de fuser et les corps de s'entasser. Des accalmies arrivent de temps en temps mais, ce n'est qu'un jour, pour donner de l'espoir afin de mieux le reprendre sèchement.

Ma mère, par un mélange de confiance et de désespoir a accepté de mettre Aurore dans la confidence, -suite à l'insistance de ma sœur- et celle- ci vient parfois traverser les rues mauvaises pour nous donner un coup de main. Je n'aime pas ça mais, je ne crache pas sur son aide, elle est plus que précieuse.

Contre toute attente, Oscar à du mal avec elle. Il l'à traite de sorcière -d'après Lola- et refuse son contact la plupart du temps. Au fond ça ne fait que me confirmer que ce type à un problème, un fond foncièrement mauvais car, il faut bien avoir un minimum de cruauté au coeur pour ne pas apprécier la petite blonde.

J'ai l'impression de stagner, juste bon à m'enfoncer dans le sol au moindre mouvement, plutôt que d'enfin avancer. Mon cœur est fait de sables mouvants, dernièrement.

Je toque à la porte, dans les bras, ce que ma sœur à demandé. Elle me répond juste d'entrer, comme un ordre paniquée, sortant tout seul. Ma main sur la poignée se fige.

OSCAR [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant