Chapitre 3

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Vicente Abruzzo

Après avoir démoli cette raclure et laissé l'enfant bâtard s'occuper du nettoyage, j'ai pris une longue douche chaude. Je me suis décrassé, lavé et parfumé. Vêtu d'un costume beige et d'une chemise couleur champagne, je suis prêt pour rencontrer ma promise. Ma future épouse. Perla Costa, du clan qui sera bientôt décimé. Elle a de la chance, car sa vie est désormais sauve.

Mais est-elle réellement sauvée, à mes côtés ?

J'avance, au centre d'un groupe de gardes du corps. Il faut protéger le successeur, le futur Capo, car le chef actuel va bientôt passer l'arme à gauche.

Et peut-être vais-je l'aider un peu.

Je souris à cette pensée alors que je tire légèrement sur ma chemise pendant qu'un des hommes qui m'accompagnent ouvre la porte devant moi. Une porte si haute qu'elle touche le plafond. Derrière, se cache une salle de réception, lumineuse et luxueuse. J'avance, une lignée d'hommes et de femmes, dont je ne retiens ni les noms ni les visages, s'inclinent à mon passage. Je les regarde à peine car je fixe toute mon attention sur elle.

Majestueuse et élégante, elle est encore plus belle que sur les photographies que l'on m'a envoyée d'elle

Perla Costa, qui deviendra bientôt Perla Abruzzo.

Quel père vend sa fille pour maintenir son clan en vie ? Elle qui avait réussi à se faire une place au sein de la Cosa Nostra. Elle qui avait réussi les examens d'entrée. Elle qui était Soldato. Désormais, après notre union, elle ne sera plus rien. Elle ne sera plus que la femme qu'elle a toujours été. Elle ne sera reconnue que pour être l'épouse de, et rien d'autre. Elle ne vivra qu'à travers moi et mon nom. Elle sera mon ombre. Une simple femme qui devra répondre à mes besoins et être présente quand j'en aurais besoin. Ni plus ni moins. Elle me donnera des héritiers et je jugerai s'ils seront capables de me succéder, sinon ils finiront tous comme mon frère.

Perla me fixe elle aussi, elle semble n'avoir peur de rien. Sais-tu ce que je fais aux personnes qui me regardent de cette manière ? Il m'en faut parfois moins pour les torturer et les tuer. Mais je ne dis rien. Pas tout de suite. J'ai toute la vie devant moi pour m'occuper d'elle.

Elle est vêtue d'une magnifique robe couleur champagne, assortie à ma chemise. La robe est longue, elle traîne à terre, et Perla ne me semble pas si petite que cela. Son épaule droite est dénudée alors que la gauche est sertie d'une manche en dentelle blanche, sur laquelle repose un voile qui rejoint la robe, cintrée à sa taille.

Somptueuse.

Ce n'est pas le jour de notre union, simplement celui de la Rencontre. Le mariage aura lieu demain et suivra notre nuit de noces. J'ai hâte de toucher ce que je vois devant moi.

Je m'approche d'elle et elle incline légèrement la tête. Son père en fait de même. Je leur souris et serre la main du Consigliere, alors que j'attrape délicatement celle de Perla pour y déposer un baiser. Sa peau est douce. Elle sent bon.

— Perla Costa, fille du Consigliere Otto Costa du clan Ottavecce, se présente-t-elle.

Elle se présente avec détails, je décide d'en faire de même.

— Vicente Abruzzo, fils du Capo Giacomo Abruzzo de la Cosa Nostra et successeur en titre, souris-je.

Son père semble heureux de la situation.

Il ne sait pas dans quelle situation il vient de mettre sa petite fille chérie.

MadrinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant