- Sérieusement Alicia ? On peut échanger, je te promets que personne n'en saura rien.
La dénommée Alicia regardait sa collègue sévèrement.
- Mais pourquoi tiens-tu tant que ça à ce que l'on échange nos patients ?
- Mais parce que tu as un cas super rare et que tu n'as pas l'air intéressée, même pas un peu !
Ces derniers temps, la jeune chirurgienne ne trouvait plus goût à rien. Elle faisait son travail aussi bien qu'avant, étant l'un des meilleurs médecins, si ce n'est LE meilleur médecin du pays, mais ne ressentait plus cette excitation et cette adrénaline qu'elle pouvait ressentir à peine plusieurs mois avant. Elle était devenue un automate depuis cet incident, celui qui a changé sa vie à tout jamais. Elle avait perdu ses deux parents et sa petite sœur de sept ans sa cadette dans un accident de voiture et depuis, elle ne ressentait plus rien, si ce n'est un chagrin profond. Elle avait sans arrêt l'impression d'être tombée dans un gouffre de tristesse, et n'arrivait plus à ressentir ni joie, ni plaisir, ni désir. Sauf probablement celui de rejoindre sa famille. Alicia se sentait surtout coupable au quotidien. Le jour de l'accident, elle s'était disputée avec ses parents, leur avait craché des paroles qu'elle regrettait sans cesse. Elle devait partir avec eux, à cet anniversaire, celui de son oncle Sullivan, mais à cause de cette confrontation, elle avait décidé de rentrer chez elle, énervée. La nuit même, elle avait été réveillée par des agents de police venus frapper à sa porte pour lui annoncer la nouvelle. Dire qu'elle s'était effondrée en larme serait un euphémisme. Le désespoir était tellement grand sur le coup qu'elle en avait perdu connaissance. Elle avait donc fini à l'hôpital, pendant deux jours en observation. N'arrivant pas à avaler quoi que ce soit, elle avait dû être nourrie par sonde, avant qu'elle ne se sente mieux, en tout cas physiquement. Elle était allée voir son oncle Sullivan et avait pu partager sa peine avec lui, étant le seul membre de la famille encore en vie. Alicia était une femme accro à son travail. Elle n'avait pas le temps pour une vie sociale, et n'avait donc pas d'amis. Elle ne parlait qu'avec ses collègues lorsque c'était nécessaire et ne créait pas de lien avec eux en dehors du travail. Sa vie se résumait donc à la devise métro, boulot, dodo. Cependant, si elle était toujours aussi habile de ses mains et douée dans son métier de chirurgienne plastique, elle ne ressentait plus le même engouement qu'avant. C'est la raison pour laquelle elle céda aux supplications de sa collègue.
- Très bien, échangeons de cas si tu le veux. Qu'est-ce que tu as toi ?
La jeune blondinette à qui elle parlait sauta de joie avant de lui répondre.
- Chambre 309. Une torsoplastie dans le cadre d'une transition de genre. L'opération est prévu dans trois heures, tu as le temps de prendre connaissance du dossier et du patient. D'autant plus que pour un mec trans, il est super beau. Je l'aurais bien dragué, mais bon, je suis pas lesbienne.
Sur ces paroles, elle explosa de rire.
- Tu sais, c'est transphobe ce que tu viens de dire. C'est un homme au même titre que les mecs cis.
Elle prit le dossier des mains de sa collègue, regarda à l'intérieur le numéro de chambre et s'y dirigea d'un pas déterminé afin de rencontrer le patient. Elle toqua légèrement avant d'entendre une voix grave, suave, et, il faut se le dire, atrocement sexy. Alicia entra et se stoppa net en voyant le patient qui n'en pouvait plus d'attendre et ne voulait qu'une chose : son opération du torse. Judy, sa collègue avec qui elle avait échangé les dossiers, n'avait pas tort pour une fois, cet homme était extrêmement beau et charismatique, peut-être même trop. Il avait un teint halé, des cheveux coupés en undercut et attachés en petite couette sur le dessus, une mâchoire bien tracée, et surtout, Alicia pouvait voir les muscles ressortir sous le tee-shirt qu'il portait.
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L'amour dans l'air
RomanceUne chirurgienne qui tombe amoureuse d'un patient transgenre, une professeure sous le charme de son élève, un policier un peu trop clément avec une délinquante... L'amour peut surgir à n'importe quel moment, sans prévenir, et nous faire enfreindre t...