Adeline

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          Le silence dans lequel baignait la chambre jusque là fut rompu soudainement par une respiration haletante. Adeline venait de s'éveiller en sursaut. Elle resta pour autant parfaitement à l'horizontal dans ses draps, incapable de se redresser tellement sa poitrine semblait compressée. Elle peinait à respirer, l'air paraissait fuir ses voies respiratoires. Et pourtant c'est ce qu'elle désirait le plus, de l'air. Mais rien. Elle inspirait dans le néant. Son cœur s'emballait, elle commençait à angoisser. En appuyant la paume de sa main contre sa cage thoracique, elle intimait à son pouls de se calmer. Mais rien à faire, elle commençait à avoir la tête qui tourne. Air... De l'air. Il fallait qu'elle le fasse, cet effort pour se redresser contre sa tête de lit. C'estce que lui avaient conseillé tous les médecins qu'elle avait pu rencontrer depuis qu'elle avait été diagnostiqué asthmatique. Adeline connaissait la procédure pour les crises nocturnes, se surélever l'aiderait à mieux respirer. Mais l'effort était considérable. Elle avait l'impression que une armée de fourmis envahissait les extrémités de son corps rendant leur contrôle instable et la pierre qui grossissait dans ses poumons l'empêchait de réfléchir correctement. Cependant, Adeline n'était pas étrangère aux crises, elles étaient fréquentes bien que plus rares durant son sommeil. Malgré son habitude, elle s'étonnait toujours de sa grande difficulté à agir quand cela se produisait. Elle haletait de plus en plus, cela devenait ingérable et elle avait conscience que plus elle attendait plus agir serait ardu. Usant d'un minuscule filet d'air qui était parvenu jusqu'à sa gorge, elle poussa sur son matelas pour atterrir en position assise. L'oxygène pénétra un poil plus facilement mais sa respiration restait encore largement saccadée et sa tête tournait de plus en plus. Sans perdre plus te temps, temps qu'on y est, elle se pencha sur sa table de chevet pour saisir son traitement, son passe-droit pour une vie comme elle me surnommait et s'empressa de le placer entre ses lèvres pour en libérer son contenu dans sa trachée. Cette fois ci, elle dut appuyer plus d'une dizaine de fois sur la gâchette du produit pour que celui ci fasse un tantinet effet. Elle n'avait jamais utilisé une si grande dose et les docteurs ne le recommandaient absolument pas néanmoins sur le moment, Adeline n'avait juste pas le choix, sa crise semblait tellement violente qu'elle ne parvenait à produire aucune syllabes. Il fallait qu'elle respire. Si elle avait pu prévenir ses amis avec qui elle était sortie plus tôt dans la soirée et qui pionçaient dans le salon à côté elle aurait volontiers respecter les consignes de son traitement. Elle n'y pouvait rien, sans le produit, ses cordes vocales étaient parfaitement inutilisables. Elle sentit son ventrese gonfler doucement. C'était un signe comme quoi l'air circulait un peu mieux. Elle en était rassurée bien que son passage restait particulièrement douloureux, il lui brûlait l'œsophage ce qui n'était pas normal, enfin pas habituel. Mais là tout de suite elle s'en foutait royalement, appréciant que même si c'était loin d'être agréable, l'air qu'elle inhalait se répande en elle. Elle tremblait malgré tout. Elle savait qu'il y avait pire dans le monde mais ses crises d'asthme lui faisait l'effet d'une mort imminente à chaque fois. Elle avait chaud, elle retira avec argue la couverture qui cachait son petit corps vêtu d'un short de pyjama et d'un t-shirt volé à son père. Elle avait soif maintenant. Une soif fulgurante. Cela non plus n'était pas commun. Mais peut importe, elle s'assit sur le rebord de son lit laissant volontairement ses pieds nus au contact du carrelage glacé. Elle déboucha la bouteille d'eau et bu goulûment son contenu. Putain ! Elle n'avait jamais eu aussi soif de toute sa vie. Le liquide coula en une fine larme sur le coin de sa bouche. Une goutte d'eau s'échappa de son joli minois pour aller s'éclater sur son short gris. Elle continua à s'hydrater, comme si son besoin n'allait jamais être satisfait. Elle buvait néanmoins le passage de l'eau était douloureux lui aussi, très douloureux même. Cette douleur n'était pas apparu de suite mais plutôt tout d'un coup. La fraîcheur du liquide agissait dans la gorge d'Adeline comme une irritation explosive ! Par reflex elle recracha l'eau encore présente dans sa bouche et fit tomber la bouteille sur le sol à cause de la surprise. C'était pas normal. L'irritation persistait malgré l'arrêt de l'hydratation. Adeline n'eut même pas le temps de se poser plus de questions qu'une quinte de toux fougasse s'en prit brutalement à elle. Elle toussait à s'en arracher les poumons. Elle toussait encore et encore sans pouvoir s'arrêter, sans pouvoir extraire ce qui obstruait sa gorge. La crise venait elle de reprendre de plus belle ? Avec l'impressionnante dose de Ventoline ingérée ? À cause du manque de lumière Adeline n'était pas capable devoir correctement le sol cependant elle sentait bien qu'elle crachait quelque chose alors qu'elle toussait. Mais qu'est ce que c'était ? Des glaires ?

AsthmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant