CHAPITRE 19.

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C'était une catastrophe. Et Gabriella qui avait naïvement penser que la situation ne pouvait pas empirer, ça venait d'arriver. Mais l'évocation de la prise de drogues excessive de leur mère, raison pour laquelle elle avait été internée en institut psychiatrique, n'avait jamais clairement été évoqué; cette vérité planait au dessus des Arellano, jusqu'à ce soir, lorsque la réalité avait jailli de la bouche de Nevio. 

- ... Ça suffit, Nevio, reprit finalement Victor, dont la voix s'était assombrie, et Gabriella, en face d'eux, avait les yeux voilés de larmes, et gardait le regard vissé dans son assiette, immobile, incapable de bouger. 

- Non, il faut qu'on en parle, putain, il faut qu'on en parle! " Explosa alors Nevio, qui se leva comme pour évacuer toute cette rancoeur, cette souffrance et cette tristesse qu'il gardait visiblement en lui depuis des mois déjà. 

Exactement ce que sa soeur avait prédit le jour où elle était arrivée ici; son frère cachait son mal-être derrière son sourire et ses ironies, mais tôt ou tard, tout ça devait ressortir. Et c'est ce soir que ça se passait. 

- On dirait qu'on doit juste oublier comment ils l'ont emmenée de force dans cet institution, qu'elle hurlait comme une folle et nous suppliait, te suppliait de pas la mettre là-bas, ça tu l'as oublié aussi?... Toi aussi, Paloma! T'as signer le papiers conjointement avec papa!... Et maintenant on devrait fermer nos gueules et pas parler de toute cette histoire?"

Paloma avait elle aussi les larmes aux yeux, et se releva d'un bond avant de lancer à  mi-voix: 

- Je suis désolée, je peux pas faire ça. C'est au dessus de mes forces." Mais Victor la suivit et ils s'enfermèrent au bureau, pour gérer leurs émotions, probablement; c'était leur truc, à cette famille; les apparences avant tout. 

Le silence pesant tomba sur la salle à manger, englobant les adolescents qui restaient autour de la table, mais Nevio était encore affecté. Il quitta la salle à manger non sans balancer son assiette au sol puis monta immédiatement dans sa chambre, sa soeur le suivant quelques secondes après, laissant sa cousine les bras croisés, le regard dans le vide, l'air ailleurs. Tant pis pour elle. 

La blonde monta les marches quatre à quatre à la suite de son frère et toqua doucement à sa porte de chambre puis se rendit compte que c'était ouvert et entra. Nevio se tenait vers la fenêtre ouverte, et il avait le visage rougi par des larmes de rage qu'il venait d'essuyer. Gabriella fut touchée; jamais ou presque elle n'avait vu son frère dans un tel état. 

Elle s'approcha alors doucement de lui, puis sans réfléchir, parce qu'elle pensait que c'était la seule chose à faire à ce moment-là, elle glissa ses bras autour de lui et le serra contre elle. Il ne la repoussa pas. Il ne réagit pas, puis, après quelques secondes, il glissa ses mains sur son bras pour lui signifier qu'il était reconnaissant de cette marque d'affection, qui était une première. 

Puis, elle se détacha de lui et alla simplement s'asseoir sur son lit, attendant qu'il soit prêt à se tourner pour lui faire face; ce qui ne mit pas longtemps. Il se tourna vers elle et elle vit son visage rougi par les larmes dont il s'efforçait d'effacer les traces. 

- C'est pour ça que papa l'a ramenée, dit-il sans préambule, d'un trait, d'une voix acérée, et Gabriella l'interrogea du regard, attendant la suite: "Pour nous éduquer et nous faire la leçon, pour qu'on se tienne bien parce que lui il en est pas capable. C'est la honte." 

Sa soeur ne pouvait qu'acquiescer; c'était ce qu'elle pensait depuis le début; Victor Arellano fuyait, se noyait sous le travail, dans des réunions d'affaires et se plaignait de ne pas savoir tenir ses enfants; mais il n'avait jamais su, même du temps où sa femme était encore avec eux. 

Le Parfum du Scandale {ELITE} (En cours)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant