Chapitre 5 : Le chevalier Flamboyant

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Le géant se tenait au-dessus d'elle, se rendait-il compte qu'il allait l'écraser ou ne faisait-il que passer son chemin en ignorant les fourmis sur son passage ?

Face à la mort, Vive fut incapable de détourner le regard. Jusqu'à la fin, elle voulait admirer ce monde qui l'avait tant fait rêver. Jamais elle ne pourrait découvrir tout ce qu'il avait à offrir. Elle avait vu si peu de paysage... Son cœur se pinça, elle n'entamerait pas de voyage. Bien qu'elle ne pourrait pas le constater d'elle-même, elle savait que le monde était magnifique et qu'il méritait qu'on remercie les Dieux pour y avoir vécu. Alors, dans un dernier souffle, elle pria.

— Je suis reconnaissante de chaque seconde passée ici-bas.

Les Dieux ne furent pas d'accord.

Relève-toi, nous sommes à l'instant du commencement.

Ce murmure ralluma sa flamme presque éteinte. Vive tourna la tête dans tous les sens pour trouver qui lui avait délivrer ce message. Elle était seule. Le géant peut-être ? Elle observa l'horizon au-delà du pied à quelques mètres d'elle. Là-haut, sur la montagne creuse, une silhouette qui ressemblait à celle d'un homme sans en être exactement un, s'élança dans le vide. L'épée qu'elle brandissait s'illumina d'un feu incandescent avant de se planter dans l'arrière du crâne du géant. Puis, elle descendit du cou jusqu'à la cheville en tranchant tout sur son chemin. Le géant de bois prit feu, il lâcha un puissant râle faisant chuter toutes les feuilles des arbres à des kilomètres à la ronde, et tomba à la renverse, un incendie consumant sa chair inflammable. Lorsqu'il s'écrasa, son corps massif provoqua un tremblement de terre, s'en suivit une avalanche de pierre venant de la montagne creuse. Le souffle de l'impact fut comme une explosion qui balaya Vive et son sauveur. La remonteuse roula jusqu'à percuter de plein fouet un sapin sans plus aucunes épines. Difficilement, elle s'y raccrocha alors que celui-ci plié dangereusement à deux doigts de s'envoler. Un jet de pierre porté par la tempête s'abattit sur la survivante. Incapable de le fuir, elle se prépara à la douleur.

Cependant, son sauveur réitéra son exploit en se plaçant devant elle, d'un coup de lame, il découpa la roche pareille à du beurre. De son épée dégoulinait de la lave rougeoyante, elle fit fondre la pierre.

Enfin, le vent se fit moins fort, Vive put se détacher du sapin qui avait miraculeusement tenu le choc et retrouver la terre ferme. Accroupis dans la boue, sa respiration haletante, elle tata sa poitrine pour vérifier que son cœur soit toujours à la bonne place, puis se releva et se débarbouilla grossièrement. Ses oreilles bourdonnaient, elle pencha la tête et se donna des petits coups de paumes pour y faire sortir la terre. Rien à faire, tout près de là, des gémissements douloureux continuaient à grignoter ses tympans. Est-ce que l'homme s'était blessé en la protégeant ?

Toujours dos à elle, son héros, qui ressemblait à un humain en beaucoup de points sans l'être totalement, se tenait droit et fière sans blessure apparente, couvert de bijoux, il avait l'assurance d'un prince. Les grognements ne venaient pas de lui, mais de la main qui tenait son épée. L'arme gémissait mécontente. La lame fendue était grande ouverte comme la gueule d'un animal, des épines tranchante pareil à des dents de requin la parsemait de haut en bas. Sans distinction, elle bavait de la lave écarlate qui invoquait une fumée blanche lorsqu'elle tombait au sol. Parfois, Vive l'entendait haleter en remuant la bouche, elle souffrait. Le pommeau de l'arme avait une ouverture semblable à sa lame, mais une langue mordue y pendait à la place de la roche en fusion, celle-ci saignait. Voilà pourquoi l'épée avait mal. Quand son sauveur relâcha sa poigne sur le manche, le pommeau put desserrer les dents et libérer sa langue. La lame émit un soupir de soulagement avant de refermer la gueule, le torrent de lave s'assécha.

Drôle d'artéfact, pensa Vive sans arrivé à statufier sur sa nature de créature ou d'objet.

Cependant, l'arme n'était pas aussi troublante que l'apparence de son maître. Sur la nuque déblayée de l'homme, une bouche crachait de la terre avec dégoût, sa langue teintait d'un brun sale, elle se tordait en des grimaces amusantes. Ses lèvres se pincèrent quand le garçon passa l'un de ses quatre bras paraît de bracelets dans ses cheveux d'un rose pâle pour les ébouriffer. En même temps, une autre de ses mains vint essuyer son visage, alors que les deux dernières rangèrent son épée dans son fourreau. Quand il se retourna vers la jeune fille, elle aperçue deux paires de yeux jonchaient son visage.

Vive et le monde penchéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant