Chapitre 6 : Alice Nevers

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  Le courrier est sur la table, les clés le rejoignent bientôt. Marquand s'installe sur le canapé et feuillette un magasine pour femmes. Alice se moque de lui. La sonnette retentit.

Alice : Ah !
Paul : Maman !
Alice : Coucou, toi ! Fais-moi voir comme tu as grandi... C'est fou, je crois que je ne m'y ferai jamais !
Jacques Nevers : Bonsoir...
Alice : Bonsoir papa, entre.
Jacques Nevers : Non, merci je ne vais pas rester. J'ai à faire.
Alice : Bonne soirée alors.

  Marquand se lève, il a Paulo dans les bras. Ils se serrent la main et monsieur Nevers quitte l'appartement, abasourdi par le trajet.
Paul : On va rester tous les trois ?
Marquand : Oui mon p'tit Paulo ! Rien que tous les trois !
Alice : Tu lui mets son pyjama ?
Paul : Non, pas le lit...
Marquand : On va juste mettre ton pyjama, d'accord ?
Paul : Oui.
  Marquand le poursuit dans l'appartement et le chatouille, Paul se retourne et se met à son tour à la quête de son parrain qui a emprunté les escaliers. Dans le noir, une mère heureuse tente d'allumer une bougie parfumée.

  Paul est couché, Marquand lui chante une comptine italienne que sa mère lui chantait quand il était enfant. Il passe sa main dans les cheveux bouclés de Paul, qui est déjà au pays des rêves. Alice arrive, elle s'apprêtait à appeler son fils pour qu'il aille se coucher. Attendrie, elle s'approche de ceux qu'elle aime. Elle caresse la douce joue de son fils avant de déposer son regard sur Fred.
Marquand : J'ai toujours rêvé d'avoir un fils.
Alice : Mais vous avez eu deux magnifiques filles.
Marquand : Oui... Paul est le fils que je n'aurai jamais.
Alice : Qui sait ?
  Leurs regards se croisent, Fred attend des explications.
Alice : Tu es là pour lui, un peu comme...
  Il ne la laisse pas terminer.
Marquand : Non mais je ne le vois pas souvent mon Paulo.
Alice : Ça n'empêche qu'il vous aime comme un...
Marquand : Je ne pourrai jamais l'être Alice. Rien ne remplace un père.
  Et, réfléchissant à ses propos, il se dit que le sujet est un peu confus pour Alice qui vient d'apprendre que son père n'est pas son père biologique.
Alice : Rien n'effacera Mathieu, je lui en parlerai franchement quand il sera en âge de comprendre, mais ça ne nous le rendra pas.
  Il se lève et quitte la pièce. Une main délicate le retient.
Alice : Ce n'est pas que je voulais dire...
Marquand : Ça fait beaucoup de lapsus en peu de temps.
Alice : Pardon, j'ai du mal à m'exprimer, je suis fatiguée...
Marquand : Tu espères le retour de Brémont ?
Alice : Tu connais la réponse.   Pourquoi serais-je revenue lorsque notre plan a raté, avec Von Varenberg ? Je suis revenue parce que je t'aime. Et je trouve que tu en doutes beaucoup.
Marquand : Comprends moi !
Alice plisse les yeux avant de jeter un dernier coup d'œil sur son fils. Elle referme la porte de sa chambre et entraîne Marquand avec elle. Ils descendent et s'asseyent sur le lit. Alice ne tient plus, elle s'allonge.
Alice : Tu doutes de l'amour que j'éprouve pour toi ?
Marquand : Un peu.
Alice : Mais vous ne devriez pas commandant.
Marquand : Faites vos preuves et je vous croirai peut-être.
  Elle s'engage dans des jeux enfantins comme les chatouilles, mais le valeureux commandant ne craint pas. En revanche, Alice, elle, se tortille dans tous les sens. Ils rient avant de fermer la porte pour ne pas réveiller Paul. Alice pose sa tête sur l'épaule de Fred.
Marquand : Tu voudrais... que je reconnaisse Paul ?
Alice : J'y ai pensé plusieurs fois... pas toi ?
Marquand : Si mais... J'ai perdu tout espoir quand je t'ai vue allongée au sol à l'hôpital. J'ai cru que tout était terminé. Et puis les jours qui ont suivi, je n'ai pas eu de nouvelles. Je me suis dit que l'opération t'avait changée et que tu ne voudrais plus jamais me voir. Ton regard était vide, tu n'étais pas là, et je m'en suis rendu compte après que tu me l'aies dit.
Alice : Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. Mon père aussi pensait que j'allais mourir...
Marquand : Tu te rends pas compte à quel point on s'inquiétait pour toi ?! Victor ne parlait plus, Noah me demandait sans arrêt de tes nouvelles et le légiste voulait absolument passer te déposer des fleurs. Ils me demandaient tous comment tu allais et j'étais incapable de leur répondre.
Alice : J'étais bloquée, oppressée.
Marquand : C'est fini avec Chahine ?
  Cette question n'a rien à faire dans cette discussion. Mais tout doit être clair désormais.
Alice : Je ne l'ai pas eu depuis. Je pense qu'il a compris.
Marquand : Alice.
  Elle le regarde, intriguée par ce qu'il va dire.
Marquand : Appelle-le. Ce n'est pas mon copain mais la pire erreur que tu aies faite avec moi c'est de pas me tenir au courant. Dis-lui ce que tu veux, avoue-lui que c'est fini. Je parie qu'il attend un appel de toi.
Alice : Il m'avait laissé un mot mais je ne l'ai pas lu. Je ne le retrouve plus. À l'hôpital, il m'a avoué qu'il m'aimait. Que je me vengeais, comme tu étais avec Léa...
Marquand : C'est fou ce qu'on peut être bêtes par moments. Moi aussi, j'avais besoin de me venger. Rien que l'idée de te savoir avec lui me rendait malade. Le mot... je suis tombé dessus quand tu es restée à la maison... Je l'ai lu, j'ai oublié de le remettre.
  Il lui tend le papier, il est tel quel, bien plié. Elle le récupère et n'ose pas le lire devant Marquand.
Marquand : Je vais me chercher un verre d'eau.

Alice Nevers, juge d'instructionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant