Chapitre 22

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L'agitation de l'équipage ainsi que le bruit des poules qui déambulaient librement sur le pont les réveillèrent de bon matin. Kaz se trouvait à la barre au côté d'Eorten. Ils discutaient de la meilleure trajectoire à adopter pour atteindre la cité drahär.

— Non, c'est bien trop dangereux ! s'exclama Eorten.

— Je partage votre avis, Valantis, mais longer la côte Australe prolongerait également notre voyage de quelques jours et je ne peux me permettre d'arriver en retard au bassin de Dun'Dorog. Nous couperons tout droit depuis la péninsule vers la percée menant à Urundïn. Après tout, vous devriez être à même de nous sauver des atrocités grouillant au fond des abysses. C'est bien pour cela que l'on vous a formé, non ?

Le baroudeur resta impassible face au commentaire de Kaz.

— C'est bien ce qu'il me semblait, reprit le capitaine le visage soucieux. C'est décidé alors, nous naviguerons en eau profonde.

Ce dernier partit donner ses ordres alors qu'Eorten rejoignait le trio avec trois épées d'entraînement sous le bras. Aujourd'hui était leur premier cours de défense contre les asuras, une opportunité d'en apprendre plus sur ces créatures et pourtant, des poches violacées se dessinaient sous les yeux de Saral. Toute la nuit il n'avait cessé de ressasser leur conversation de la veille avec Kaz, ainsi que le comportement parfois étrange du baroudeur. Il n'était pas parvenu à percer la vraie raison de leur voyage vers Urundïn, un peu comme s'il essayait de résoudre une énigme sans disposer de toutes les pièces, mais il en était au minimum venu à la conclusion qu'Eorten ne leur voulait aucun mal, du moins pour le moment.

Ce dernier leur tendit d'ailleurs les trois épées qui pesaient leur poids.

— Écoutez-moi bien, car les enseignements que je m'apprête à vous donner m'ont été prodigués par les maîtres luménoriens d'Oulan Cor, bien avant que vous n'arriviez en ce monde, et il m'a fallu des années pour parvenir à les maîtriser.

À ses côtés, Elina trépignait d'impatience.

— Cependant, avant même de passer à la pratique, il y a certaines choses que vous vous devez de garder en tête, dit Eorten de sa prestance habituelle. Il serait prétentieux de votre part d'espérer pouvoir vaincre un asura après quelques cycles seulement. Certains de ces monstres se nourrissent de vos peurs les plus sombres et s'immiscent dans votre esprit pour vous faire perdre la raison. Si jamais vous veniez à rencontrer l'un d'eux, mettez de côté votre fierté et fuyez. Ce sera votre meilleure chance de rester en vie ! Oubliez également toutes les histoires que vous avez déjà pu entendre à leur sujet. Il ne s'agissait probablement que d'un ramassis d'absurdités raconté par des ivrognes au lever du soleil et la malformation de leurs propos pourrait bien devenir votre pire ennemi. Certains asuras ne peuvent être vaincus, et vous allez devoir être capable de les identifier si vous ne voulez pas rejoindre le monde des esprits.

Cela avait le mérite d'être clair, et un étrange silence s'installa sur le pont marqué par une réalité que Saral n'avait encore jamais eu à affronter. Hormis les quelques ouvrages de la grande bibliothèque qu'il avait déjà feuilletés, il ne connaissait pas grand-chose de ces créatures.

— Vous êtes prêt ? les interrogea Eorten.

— Oui, répondirent-ils fébrilement.

— Bien, ne perdons pas un instant dans ce cas.

D'une rapidité qui dépassait l'entendement, le Valantis bondit sur Saral, le plaqua au sol, et lui colla sous la gorge une dague surgie de nulle part. C'était époustouflant, comme si le temps n'avait pas d'effet sur lui, et Saral n'eut même pas l'opportunité de se défendre.

Avalar - Tome 1 - Le peuple ancienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant