Chapitre 8

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-J'en sais rien moi qu'es ce que tu crois je ne suis pas... oh merde...

Je m'arrête dans ma phrase, sentant de l'eau sous mes pieds...
La salle se rempli d'eau...

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Pris de panique, nous poussons plus fort sur la pierre, espérant la faire bouger. L'eau nous arrive déjà aux chevilles.

En voyant cela, ma respiration se saccade et ma vue se brouille. On va mourir noyés !

Je fais des allers-retours dans la pièce, cherchant désespérément un moyen de sortir. Soudain, mes yeux se posent sur la phrase prononcée un peu plus tôt :

« Vers le nord, le soleil doit être tourné pour éviter au sud d'être inondé. Mais il faut savoir chercher plus haut pour ne pas toucher le fond... »

Mes yeux scrutent la salle à la recherche d'un indice. Je regarde d'abord les murs, tout décorés avec une frise représentant des soleils, puis le plafond, assez haut, où se trouve à nouveau un dessin de soleil, mais plus gros. Enfin, mes yeux se portent sur le sol, où se trouve également cette forme que je vois partout.
Réfléchis, Yuna, c'était censé être toi le cerveau de l'opération...

Soudain, les idées s'emboîtent dans ma tête. Je m'approche d'un des murs qui ne contient pas de porte et y passe ma main. Comme je l'avais prédit, un léger creux se forme sous mes doigts lorsque je touche un des symboles de la frise. Je me tourne alors vers le blond qui tente encore désespérément d'ouvrir la porte par laquelle nous sommes entrés.

- Eh Kenwey !

Il s'arrête et me regarde, surpris. L'eau nous arrive déjà aux genoux.

- Va de l'autre côté et trouve le bouton !

Il me regarde confus.

- Un bouton ! Il y a des boutons cachés dans les murs ! Essaie d'en trouver un de l'autre côté ! m'énervai-je.

Il hoche la tête et part vers la paroi d'en face. Après quelques recherches, il tombe également sur un soleil qui semble bouger. Dans un mouvement coordonné, nous appuyons simultanément sur les boutons et un mécanisme s'enclenche.
Je suis un génie !

Je lève la tête et m'aperçois que le symbole du plafond s'est légèrement abaissé, permettant de l'attraper. Mais la salle étant très haute, il m'est impossible de l'atteindre seule. Ce qui m'affole le plus, c'est que la pièce est désormais inondée, et le débit de l'eau a augmenté...
L'eau nous arrive à la taille.

- Kenwey, porte-moi sur tes épaules, il faut attraper ce truc là-haut ! m'écriai-je.

- Mais une fois qu'on l'aura attrapé, qu'est-ce qu'on fait ? Je te rappelle qu'on ne sait même pas si ça va marcher !

- Mais il faut savoir chercher plus haut pour ne pas toucher le fond... murmurais-je pour moi-même.

Je m'avance tant bien que mal vers le centre de la pièce et ressens sous mes bottes un relief qui n'était pas présent avant l'activation du mécanisme.

- C'est là ! On doit mettre la pièce là-haut ici pour déverrouiller le passage !

- Yuna, c'est du suicide ! Tu te rends compte de la quantité d'eau qu'il y a déjà !

- Oh eh, c'est toi qui as proposé cette mission suicide sur cette île, d'abord !

Je baisse la tête, il n'a pas tort... Mais sans plus discuter, je saute sur son dos et me hisse le plus haut possible. Sans succès, je retombe presque immédiatement dans l'eau. Kenwey me fusille du regard. L'eau lui arrive déjà au menton et pour moi, je n'ai déjà plus pied.

- Quoi, t'as une meilleure idée, peut-être ?

Je le vois lever les yeux au ciel et me porter sur ses épaules. Je m'accroche au soleil et le fais tourner. Au bout d'un tour, il se détache et je tombe à nouveau dans l'eau. Mais cette fois, la pièce de pierre m'emporte au fond. Je remonte à la surface, laissant la pierre au fond de l'eau.

- Yuna, ça va ? s'écrie le blond en nageant vers moi.

Il n'a plus pied... Je tousse légèrement, ne m'y attendant pas. Je hoche la tête et m'apprête à replonger, mais Kenwey m'attrape par le bras.

- Yuna, non, ce n'est pas une bonne idée... je vais y aller, dit-il.

Je secoue la tête.

- Je suis plus agile, je vais le faire.
Est-ce que c'est une excuse pour ne plus voir ta tête ? Peut-être...

Je calme ma respiration et retiens mon souffle avant de plonger. À tâtons, je cherche la pierre et commence à la déplacer. Je la place dans l'emplacement prévu à cet effet et remonte à la surface. Mais quand je m'apprête à reprendre ma respiration, quelque chose m'attrape la cheville et je replonge sans avoir pris d'air.

- YUNA !

Je me débats, cherchant à savoir ce qui m'a attrapée, mais rien n'y fait, la chose ne me lâche pas. Je tente de garder les yeux ouverts, le manque d'oxygène commence à se faire sentir.
Bon, je ne suis définitivement pas une sirène...

Les yeux encore partiellement ouverts, je vois Kenwey plonger et m'attraper le bras pour me faire sortir de l'eau. Je tire sur ma cheville encore emprisonnée, mais une vive douleur me traverse et du sang commence à s'en échapper. Je vois le blond remonter puis replonger vers ma cheville maintenant blessée. Il semble l'inspecter puis remonte à nouveau. L'air me manque affreusement, ma vue commence à se troubler. Je lève une dernière fois la tête et vois que l'eau, qui avait presque atteint le plafond, commence à descendre. Puis, à bout de forces, je ferme les yeux et me laisse emporter dans l'inconscience.
J'ai réussi...

Quand j'ouvre les yeux, je suis dans une pièce recouverte du sol au plafond d'un blanc immaculé, elle semble sans fond. Je tourne sur moi-même, essayant de trouver un moyen de sortir.
Je ne suis pas morte... non, non, non !

D'après les nombreuses lectures que j'ai pu faire, lorsqu'on meurt, on atterrit en enfer, puis on est jugé pour rejoindre la section qui nous correspond. Or, là, je ne vois rien de tout cela. Donc cela ne signifie qu'une seule chose : que je suis dans les limbes. Les limbes sont une sorte de passage ; en théorie, nous sommes morts, mais notre esprit en a décidé autrement. Ici, je peux décider de vivre ou de mourir...
Le choix est vite fait...

Je ferme les yeux et me concentre. Quand je les ouvre, je suis à nouveau sur terre.

- Yuna !!

Mes oreilles bourdonnent. Étant sur le dos, je me retourne et tousse violemment. L'eau dans mes poumons me brûle et ma gorge me pique, mais je suis en vie... Je crache de l'eau pendant quelques minutes, puis me tourne vers Kenwey, qui semble affolé.

- Quoi, t'as vu un fantôme ?

Sans plus attendre, il me prend dans ses bras et me serre fort. J'étouffe presque en sentant son corps secouer de légers spasmes.

- Ne me refais plus jamais ça, espèce de grande malade ! marmonne-t-il.

Je souris et le serre à mon tour dans mes bras. Quand je relève la tête, je remarque que les portes sont ouvertes. Derrière celle par laquelle nous sommes arrivés, on peut voir le jour décliner, et derrière la deuxième, une image qui me coupe le souffle.

- Oui, Yuna... Tu as réussi...

~A SUIVRE~

L'amour Au Grés Des Vagues... [En Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant