Coeur Framboise

Chapitre 1 : Cassandre 🍓

Je jette un coup d'oeil circulaire à ma chambre. Ses murs rouges et blancs, sa fenêtre légèrement abîmée qui donne sur le parc de la ville de Paris. C'est tellement beau à voir. Dommage que je quitte tout ça pour un village de rien du tout au bord de la mer. Pourquoi Papa a-t-il insisté pour déménager ? C'est vrai quoi ! C'est pas parce que Maman ne l'aime plus qu'il doit nous éloigner d'elle. Surtout depuis qu'elle est à l'hôpital. Elle a fait une crise cardiaque il y a peu et elle s'en sort pas trop mal, même si je sais que lorsque je la reverrai, elle aura des séquelles visibles. C'est ça qui me fait peur. L'état de ma mère à sa sortie d'hôpital. Lana, ma soeur jumelle, s'en fiche complètement. Pour elle, ma mère à détruit Papa et ne mérite l'amour de personne. Bien sûr, elle m'aime quand même, je suis sa soeur. Mais tout comme Papa, elle déteste Maman. Ils se sont complètement désintéressés d'elle lorsqu'elle a fait sa crise et je leur en veux. Je les aime de tout mon coeur mais pour eux, cet amour ne doit pas être partagé.

J'entends des pas monter l'escalier de la maison et je m'empresse de ramasser mes dernières affaires traînant au sol. Dans cette chambre que je vais abandonner, il ne reste plus que mon lit et mon armoire. Seules une robe et des chaussures sont présentes. Tout ce qu'il me faut pour m'habiller demain. Quelqu'un toque à ma porte et je soupire. C'est Lana qui, comme à son habitude, vient vérifier que je fais tout correctement. C'est un peu la Miss Parfaite de la maison. Papa l'adore. C'est sa chouchoute, sa fille adorée. Je le suis aussi, mais moins. Moi, je suis la fille adorée de Maman. Cela ne me gênait pas avant. On avait chacune notre parent. Mais maintenant qu'on déménage loin de l'hôpital où est retenue Maman, je me sens seule, délaissée. Je suis complètement perdue entre ma soeur et mon père. Tous les deux sont heureux de se déménagement mais au fond, je sais que ça va détruire ma vie à jamais.

- Cass ? C'est moi, Lana.

Ma soeur passe sa tête dans l'entrebâillement de ma porte. Je lui souris tristement. Elle sait parfaitement que je me sens coupable d'abandonner Maman ici alors qu'on part pour ne pas revenir. Elle rentre dans ma chambre et vient s'installer sur mon lit, comme le faisait ma mère lorsqu'on était petites. Elle nous racontait des histoires et je me blottissait entre ses bras alors que Lana s'endormait paisiblement sur ses genoux. Cette époque me semble tellement loin maintenant mais je sais que chaque personne de cette maison s'en souviens. Ma soeur scrute mes cartons remplis mais pas encore fermés.

- Tu veux que je t'aide ? me propose-t-elle.

Je sais que ça part d'une bonne intention mais si elle se propose, c'est pour m'empêcher de penser à Maman. Malheureusement pour elle, je n'ai pas l'intention d'accepter sa proposition. Qu'elle aille aider Papa plutôt, ça lui changerait sûrement les idées et ça me ferait des vacances. Ma jumelle est toujours sur mon dos à regarder si je ne me trompe pas. Pourtant, les erreurs font partit de la vie n'est-ce pas ? Le truc c'est que Lana n'en fait jamais. Je n'exagèrent rien en pensant ça. C'est énervant de vivre avec une personne qui rentre de l'école avec un 20/20 dans sa main à chaque fois. Moi, j'ai des notes qui varient, souvent entre 16 et 19 sur 20. Il m'arrive bien sûr de faire un sans faute mais je fais des erreurs et c'est là que Lana intervient. "Cassandre, tu sais que si tu révisais plus, tu aurais toujours 20, comme moi" ou bien "Cass ! Tu savais que les ours polaire n'était pas blanc ? C'est le soleil qui leur donne cette couleur pâle !". J'en ai plus que marre de devoir supporter cette soeur incroyablement intelligente.

- Non merci Lana. Je vais finir seule.

Elle m'adresse un sourire contrit, consciente que je dis ça pour être seule avec mes souvenirs. Elle se lève donc de mon lit et s'approche de la porte. Juste avant de sortir, elle se tourne vers moi et me regarde droit dans les yeux.

- Tu sais Cass, tu ne fais que remuer le couteau dans la plaie en pensant à tu-sais-qui.

Sur ces mots, elle quitte ma chambre, me laissant seule. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai envie de tout taper. Le fait d'être certaine de quitter la personne qui vous ai cher doit faire cet effet. En tout cas, je suis en colère. Contre la crise cardiaque qui cloue ma mère au lit. Contre mon père qui m'oblige à quitter ma cité natale où gît ma mère. Contre ma soeur qui n'a aucun respect pour la personne qui l'a mise au monde. Colère, tristesse, peur. Le doute m'envahit beaucoup trop facilement. Je ne vais pas me plaire à Kitnor, j'en suis sûre et certaine.