Entre décisions politiques, et ébats romantiques

Inspiré de faits réels (probablement)

Dimanche 9 juin 2024, 20 heures précises. Ça y est, la nouvelle est tombée.

32%.

Ce simple nombre fit, ce soir là, trembler la France entière, mais plus encore un homme en particulier à l'Elysée. Emmanuel, assis à son bureau, était perdu dans ses pensées, dans le méandre de ses sombres et complexes réflexions de chef de la nation. Il ne savait que penser, ne savait qui croire, ne savait comment agir. Entre la montée faramineuse du RN, la gauche qui menaçait à présent de se réunir à nouveau et le si faible score obtenu par son parti, il perdait tous ses repères. Et dans ce brouhaha d'obstacles politiques, une seule vision se dégagea telle la lumière au fond du tunnel : lui. Cependant il n'était pas l'heure de penser à lui bien au contraire, lui ne doit pas être mêlé à tout ça. Cette pensée protectrice lui fit se lever d'un bond de son siège de velours et sortir en trombe de son bureau. Où courrait il de la sorte? Lui même l'ignorait, sans doute au bout du couloir dans lequel il apercevait déjà l'agitation habituelle des cadreurs dans la salle où, depuis 7 ans déjà, il s'adressait à tous les français. Oui, c'était bien là bas qu'il se rendait, une fois de plus il s'apprêtait à délibérer devant la France entière et, cette fois, il avait pris une décision nette, personne de pourrait l'arrêter. L'inquiétude lui nouait cependant le ventre, était ce vraiment ce qu'il fallait faire? N'était t-il pas précisément en train de se jeter dans le piège minutieusement orchestré par l'extrême droite? Il repensait à toutes les fois où les machinations de ces malicieux et terrifiants farfadets du paysage de la politique française lui avait joué des tours, et l'empêchait encore à ce jour de fermer l'œil la nuit. Ça y est, la panique s'emparait de lui, mais malgré tout il devait continuer son chemin, tel est le devoir d'un dirigeant.

«- Emmanuel?»

Mr. Macron, bien que particulièrement surpris, ne put s'empêcher d'esquisser un sourire de soulagement en entendant la voix si innocente de son protégé. "Quand on parle du loup", se dit-il en se retournant pour faire face à Gabriel Attal qui accourait vers lui. Même dans ses moments les plus sombres, Emmanuel savait qu'il ne pourrait jamais résister à un moment, même un court instant, passé avec lui.

«- Gabriel que fais tu ici? N'es tu pas au courant de ce qui se trame? Rentre chez toi pour ce soir, c'est plus sûr.

- Ne t'inquiètes pas, je passais juste à ton bureau pour prendre de tes nouvelles, rassura le premier ministre, d'ailleurs, je m'excuse de ne pas être venu plus tôt, j'ai eu...un contre temps, en quelque sorte-

- Mmh, peu importe tu es là à présent, c'est tout ce qui compte.

L'impertinence et la rapidité avec laquelle Emmanuel répondit fit rougir Gabriel sur le coup, lui faisant presque oublier la vraie raison de sa venue.

- Que comptes tu faire maintenant? Tu sais très bien qu'avec de tels résultats nous ne pouvons rester assis les bras croisés n'est ce pas?

- Justement j'allais t'en parler, je tiens à ce que tu sois au courant avant les autres, car ce que je m'apprête à annoncer est grave, et rare seront ceux qui comprendront cette décision. Je vais dissoudre l'assemblée nationale, Gabriel.

- QUEEEWA?

- Je sais, sur le coup cela peut te paraître enfantin, et impulsif, mais fais moi confiance c'est la seule solution valable, la seule issue qui pourrait nous sauver encore un peu plus.

Gabriel avait du mal à trier ses pensées, car au fond de lui il savait que cette décision n'était pas la plus évidente, et encore moins la plus cohérente. Il se devait de dissuader Emmanuel pour le bien du gouvernement, et quel qu'en serait le coup dans leur relation.

- Non, s'élança t'il posément, dissoudre l'assemblée, et par conséquent mener une nouvelle campagne n'est pas la seule solution. Tu le sais à présent j'ai échoué pour mener à bien la campagne des Européennes, j'ai échoué plus fort encore que Valérie Hayer, cette incapable. Je suis condamné aux yeux de la nation Emmanuel, mais la macronie doit subsister. C'est moi le fusible, fais jouer mon rôle de fusible. L'assemblée n'a pas à être dissoute et tu le sais, il existe une issue bien moins difficile : Emmanuel, ce soir devant toi je dépose ma démission.

- Non! S'exclama le président. Ça lui était sorti tout seul, comme une onde électrique qui lui serait passé à travers tout le corps. Si dans la période de trouble qui allait suivre il était sûr d'une chose, c'est que Gabriel devait rester auprès de lui, pour de nombreuses raisons. Je refuse de te sacrifier toi et ton gouvernement. C'est toi qui ira au front pour les législatives. J'ai pleinement confiance en toi, tu es le meilleur pour mener cette campagne. Fais moi confiance Gabriel, s'il te plaît, ajouta t'il en prenant la main à ce dernier qui n'eut pas le courage de la dégager tant il était sous le choque. Cependant il savait que la décision du chef de la nation était prise et qu'il ne pouvait plus rien faire pour l'en empêcher.

- Alors, c'est comme tu voudras. J'irai au front et mènerai cette campagne. Je te jure que, cette fois, je me battrai corps et âme pour que nous reprenions la majorité. Je te le promets.» Il avait ajouté cette dernière phrase avant de plonger son regard dans celui d'Emmanuel, sans qu'il puisse y déceler quoique que soit. Que ressentait il à son égard? Il n'en savait rien et cela le rongeait de l'intérieur.

Satisfait de son protégé, Emmanuel enfin lui lâcha la main et se retourna sans un mot. Il laissait derrière lui seul son premier ministre en plein désarroi mais, il en était sûr, il s'en remettrait. À présent son devoir de président de la république l'appelait, alors il continua son chemin droit devant lui, il avançait rempli de doute, mais sûr de ne pas être seul vers sa destinée.