Assis sur le banc de touche, les coudes appuyés sur mes genoux et les poings contre ma bouche, j'observe Cruz, qui s'apprête à frapper la balle que le lanceur de l'équipe des Spartans va envoyer sur lui. Il prend son temps, observe son adversaire, un petit sourire en coin, tandis qu'il se positionne sur le monticule tranquillement, titillant les nerfs de son opposant.
Ici, en-dehors du terrain, je me sens impuissant. Lorsque je n'ai pas la balle entre les mains, je ne contrôle plus rien. Quand c'était à mon tour de lancer, j'ai tout fait pour ne pas me disperser, qu'importent les insultes des supporters de nos adversaires. J'ai fait le vide, dans ma tête, dans mon cœur, dans mon âme. J'étais concentré, rien ne pouvait me faire foirer. Et pourtant...
Il s'agit sans équivoque de l'un de mes pires matchs de la saison. À un tel point que Miller ne m'a fait jouer que la première manche, où nous avions la position défensive. McNeal a pris ma relève puisque Kwan Soo ne s'est pas pointé. Il doit encore cuver dans cette cave, à même le sol, baignant dans son sang.
En remarquant son absence, le coach n'a pas posé de questions à ce sujet. Tout le monde était surpris, énervé, qu'il nous lâche dans un moment aussi important. Mais Miller n'a fait aucun commentaire. Il s'est contenté de fixer mes jointures écorchées ainsi que ma tête de déterré avant de détourner le regard et nous sommer de grimper dans le bus qui nous menait à Norfolk.
J'imagine sans grand mal que Pops a été forcée de dévoiler certains événements de la soirée en rentrant chez elle.
Au moins, j'ai pu profiter du trajet pour me reposer un peu. Le grabuge et l'excitation des gars autour de moi ne m'a pas dérangée. Au contraire, elle m'a aidé à cesser de cogiter. Ma nuit a été merdique, j'ai à peine pu fermer l'œil. Je n'arrêtais pas de penser à tout ce qui s'était produit dans la soirée. À Poppy ; au visage ensanglanté de Kwan ; à la rage et à la satisfaction que j'ai ressenties alors que je m'acharnais sur lui, qu'il gémissait de douleur ; à ma menace... Pour tout de suite après me repasser en boucle ce baiser dans la voiture.
Est-ce que je m'en veux d'avoir craqué ? Oui, en effet. Je n'aurais pas dû, car même si Poppy a répondu présente et s'est empressée de m'embrasser en retour, je sais que ce n'était pas bien. Et même si elle m'a demandé de ne pas gâcher ce moment, je m'en veux. J'ai l'impression de lui avoir sauté dessus comme un putain de prédateur.
Les yeux rivés sur le terrain, j'observe les joueurs des Spartans, en arrière-plan, prêts à s'élancer vers la balle lorsque Cruz la frappera. Cet enfoiré est rapide, mais je doute beaucoup qu'il puisse réussir un home-run. Quelles sont nos chances de remporter ce match et de mettre un pied dans les Super Régions ? Très minces, mais au moins, on ne pourra pas dire que nous avons pris une branlée. Le score est super serré, la balance peut pencher d'un côté ou de l'autre à tout moment.
Michaels, le pitcher des Spartans, lance finalement la balle. Cruz la rate une première fois. Sur le banc de touche, tout le monde se tend et râle, avant de commencer à encourager notre capitaine. Je me lève et m'approche de la grille afin d'avoir une meilleure vue. Le cœur qui bat à tout rompre, la sueur qui colle mon front, j'incite mon camarade à lâcher un peu prise. Ses épaules sont trop tendues, il est nerveux.
Sanders vient près de moi, s'appuie contre la grille et me reluque avec attention.
— Mec, une rumeur commence à circuler parmi les gars, chuchote-t-il. T'aurais débarqué tard hier soir à la fraternité de Kwan pour le défoncer. C'est vrai ?
À présent, je sens ses prunelles observer mes jointures. Les mâchoires contractées, je lâche un soupir, las.
— Il a dépassé les bornes avec Poppy. Je lui ai réglé son compte.
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Oak Ridge Campus #2 Knight © (SOUS CONTRAT D'ÉDITION)
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