Oak Ridge Campus #2 Knight © (SOUS CONTRAT D'ÉDITION)

Chapitre 34 - Knight ⚾

— Elle me déteste.

Il n'y a pas à dire, elle me haït de toute son âme et je ne peux même pas lui en vouloir.

— Dis pas de conneries, lâche Ian en se laissant choir à côté de moi sur le canapé.

Une manette dans les mains, je pensais que déglinguer quelques zombies pourrait m'aider à me vider l'esprit... mais putain, je ne pense qu'à elle.

— T'es juste le mec le plus gauche que je connaisse.

Ouais, il n'a pas tort. Cet échange avec elle n'avait rien de naturel, c'était même malaisant. Poppy m'a fait comprendre dès le moment où elle a posé les yeux sur moi que je n'étais pas le bienvenu.

— Écoute, après ce qui s'est passé, son attitude est normale. Elle essaye sûrement de refouler ce qu'elle éprouve, afin de ne pas devoir y faire face. Et je crois... que toi, tu mets à mal ces barrières qu'elle tente de construire pour se protéger, raisonne mon ami en explosant la tête d'un mort-vivant. T'es sa kryptonite, mec.

Il pose les pieds sur la table basse, je grogne, il les retire à l'instant.

— Si elle te plaît, je ne vois pas pourquoi tu ne lui dis tout simplement pas. Le coach t'a donné sa bénédiction, non ? Fonce !

— Plus simple à dire qu'à faire. Aujourd'hui, j'ai eu l'impression de me heurter à un mur de glace, marmonné-je alors que mon avatar se fait dévorer un bras.

Merde...

Soudain, Ian met le jeu en pause et se tourne vers moi, ce petit sourire mesquin au coin des lèvres.

— Tu sais, c'est toujours Poppy. Agi envers elle comme tu le faisais avant et crois-moi qu'elle ne sera plus sur la défensive. Cette nana a un foutu caractère, elle déteste qu'on la prenne avec des pincettes. Continue à te pendre la tête avec elle, ne change rien. Enfin, si, sois juste un peu moins con et la prochaine fois que tu la galoches, ne t'excuses pas après coup. Les seules excuses qu'elle attend de toi, c'est pour la façon dont tu l'as traitée après votre... comment as-tu dit déjà ? Ah oui, « incartade », mime-t-il en faisant des guillemets avec ses doigts. T'as beau avoir deux frangines, t'es vraiment une tanche en psychologie féminine.

— Parce que toi, t'es un expert ? persiflé-je.

— Non, mais je suis un bon observateur, admet Ian. Fais ce que je te dis, continue à te comporter comme tu le faisais avant.

Oui, peut-être qu'il a raison. Pour une fois, je vais suivre ses conseils.

— Les mecs ! lance King en débarquant dans le salon. Vous avez quelque chose prévu le week-end prochain ? Avec Brooke, on voulait se rendre à Smith Mountain pendant trois petits jours...

— Mec, t'es un sale traitre, s'offusque Ian. Ce weekend de détente c'est NOTRE weekend ! Comment as-tu pu ? Ne sommes-nous plus suffisants ? Ne vois-tu pas que mon cœur saigne ?

Il porte une main à sa poitrine, comme si on venait de le poignarder. Ce qu'il peut être con lorsqu'il s'y met, vraiment !

— Brooke veut que nous y allions tous, soupire King, blasé par son dramatisme. Max, Poppy et Tray compris.

— J'adore ta copine, ne la change jamais, plaisante Ian, avant de recevoir un coup de coussin en pleine tronche de la part du hockeyeur. Je viens, du coup.

— Je vais voir au boulot, mais ça peut sûrement se faire.

— D'accord, on partirait le vendredi aux aurores et on reviendrait le dimanche soir.

C'est un peu précipité, mais je ne pense pas qu'il y aura de problème.

J'adore le chalet du lac Smith Moutain, nous y allons tous les ans au printemps depuis que nous avons commencé la fac. Nager dans le lac, se prélasser au soleil sur le ponton, s'asseoir autour du feu une fois la nuit tombée, faire des barbecues, griller des marshmallows, oublier pendant quelques jours les tracas du quotidien... voilà tout ce que m'évoque cet endroit.