La Cavalière des Ombres

Chapitre 4 : Rapprochement

"Le meilleur moyen de conquérir un pays ou un royaume, c'est d'instiller cette peur insidieuse qui se répend dans le cœur du peuple plus vite qu'une maladie ne contamine la population."
~ Zareth II, Roi des Terres de Mordreth ~

      Il fait encore jour quand Tobias et Jules se lèvent. Le soleil teinte l'horizon de ses dernières lueurs et les garçons sortent de leur chambre en faisant attention au moindre bruit. Ils descendent l'escalier du dortoir, décidant de se rendre au kiosque. Ils admirent le coucher du soleil se refléter sur la surface du lac, se souvenant que ça fait un bon moment qu'ils n'ont pas vécus la journée. Et c'est sûrement ce qui les étonne le plus.

_ Depuis combien de temps est-ce que l'on n'a pas vu ça? J'ai l'impression que ça fait une éternité. Soupire Jules.

_ Il faut croire que l'on a prit l'habitude de vivre la nuit, maintenant. Mais visiblement, les choses simples font toujours le même effet.

       La nuit commence à recouvrir les lieux, épais brouillard ayant fait son apparition. Mais ils s'en fichent, profitant d'être avec un ami cher pendant encore quelques minutes, un vent frais leur apportant l'odeur des fleurs plantés dans le jardin.

_ Quelqu'un en vue, Tobias? Demande Jules à son ami.

_ Je trouve que le héron est un animal qui me convient.

_ Vraiment?

_ Je suis solitaire, Jules. Ma vie me convient parfaitement comme ça et je ne compte pas me mettre avec quelqu'un pour l'instant.

_ T'es en couple avec tes cours, de toute façon. Ricane le blond.

_ Ça te dérange? Ou tu es jaloux?

      Seul le silence lui répond, Tobias esquissant un sourire en coin que Jules ne perçoit pas. Le brun n'a pas non plus remarquer les rougeurs de son ami, caché par l'obscurité. Ils observent les étoiles pour éviter de se regarder et ils ferment les yeux en entendant la sonnerie. D'un même mouvement, ils se tournent l'un vers l'autre avec un large sourire, pensant à la même chose. Ils se lèvent et se mettent à courir à toute vitesse en direction des écuries.

      Le vent dans les cheveux, l'esprit de compétition, cette bouffée d'adrénaline faisant écho à la liberté. Un rire commun leur échappe quand ils s'arrêtent, juste avant d'entrer dans l'écurie, faisant attention à ne pas effrayer les chevaux. Courbés, les mains sur les genoux pour reprendre leur souffle, ils échangent un regard et se redressent, la respiration haletante. Un genre de chiffon apparaît dans leur champ de vision et ils le prennent en remerciant leur instructeur qui leur sourit en guise de réponse, retournant s'asseoir sur une caisse de matériel équestre.

_ Dites, Aurélien, on peut vous poser une question? Demande Jules en risquant un coup d'œil vers son ami.

_ On se demandait pourquoi vous n'êtes pas avec les autres chevaliers pour lutter contre le roi de Mordreth. Comme certains de nos professeurs, d'ailleurs. Finis par dire Tobias.

_ Je suis en mission pour le roi, tout comme Solène. On vous expliquera tout à l'heure en quoi consiste notre devoir particulier. Mais s'il y a quelque chose à retenir, c'est que je suis bien heureux d'être ici. Répond-il.

_ Tu as vu à quoi ressemble Jahalan? S'étonne Solène en le rejoignant.

_ Malheureusement oui. Et vous les garçons, pourquoi êtes-vous la? Pourquoi n'êtes-vous pas avec les autres humains?