Chapitre XIX : Soleil bleu

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« Observe là-haut, l'arc du ciel, 

Où l'espoir prend sa source, 

Où les rêves sont mortels. »

Le Chant de la pluie, Livre II


   Quelques jours passèrent, et les prédictions du médecin se révélèrent justes. L'état de santé de Nalira s'améliorait doucement, elle restait de plus en plus éveillée, était attentive aux lectures de Lyra et faisait preuve de bonne volonté lors de la prise de son traitement. Lors de sa dernière visite, le médecin déclara joyeusement à l'intention du Comte :

« L'espoir Monsieur, l'espoir est le plus efficace des remèdes ! »

La chambre était baignée de soleil, ses rayons venaient effleurer le visage délicat de Nalira, allongée sur le lit. Lyra, assise près d'elle, achevait le dernier chapitre d'un roman. La petite fille attendit que son amie relève la tête du livre qu'elle tenait fermement dans ses mains, avant de  murmurer :

— L...Lyra ? Sa voix, toujours affaiblie, était à peine audible. La jeune femme s'approcha avant de répondre d'une voix douce :

— Oui, Mademoiselle ?

Elle hésita un instant puis demanda :

— C'était vous n'est-ce pas ? Dans mon rêve ?

— Votre rêve, Mademoiselle ? demanda Lyra, légèrement surprise.

— Oui, vous êtes venue me chercher dans mon rêve.

— Pourquoi pensez-vous cela ?

Nalira prit une grande inspiration, elle avait beaucoup de mal à parler longtemps et avait parfois besoin de reprendre son souffle. Ainsi, le récit qui suit fut légèrement entrecoupé :

— J'étais perdue, dans une grande forêt, entourée d'arbres gigantesques, si grands qu'il était difficile d'apercevoir le ciel, le vent sifflait si fort... Je marchais, parfois même, je courrais, mais plus j'avançais et plus la forêt devenait sombre... Cela a duré très longtemps. Je me suis ensuite allongée sur l'herbe et j'ai attendu, j'ai attendu très longtemps... Je n'arrivais pas à ressentir autre chose que de la tristesse, même lorsque j'essayais de penser à des souvenirs heureux ou quand je pensais à Maman, à mon oncle, à vous Lyra... Puis, j'ai entendu un bruit, ce n'était pas le vent, c'était autre chose, un bruit nouveau, mais familier. Toujours au cœur de la forêt, je l'ai vue, une petite lumière, une flamme bleue, qui dansait entre les arbres... J'étais si fatiguée, mes jambes si lourdes, mais j'ai suivi cette lueur... Plus je m'approchais, plus elle grandissait, devenant finalement un soleil éclatant qui illumina toute la forêt...

La voix de Nalira s'interrompit un instant, Lyra, assise sur sa chaise dans une posture attentive, attendit patiemment que la petite fille reprenne son souffle.

— C'était vous Lyra, la lumière. Je le sais parce que je vous ai vu... Au début j'ai cru qu'il s'agissait de Maman, mais ensuite, lorsque mes yeux se sont habitués à la lumière, je vous ai reconnu. Vous vous êtes approchée de moi et avez posé votre main sur ma joue. Je me suis réveillée et lorsque j'ai ouvert les yeux, vous étiez là.

Lyra qui avait écouté le récit de Nalira avec beaucoup d'attention adressa un sourire doux et ému à cette dernière, puis déclara d'un air désolé :

— Je regrette de ne pas être venue vous chercher plus tôt Mademoiselle...

Alors que Nalira s'apprêtait à répondre, on frappa à la porte de la chambre. La porte s'ouvrit doucement et fit apparaître le Comte. Lyra se leva prestement pour le saluer, ce dernier posa furtivement les yeux sur elle avant de déclarer :

Le Chant De La PluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant