Acte 5

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Jour cinq, mois quatre, année neuf-cent-dix-neuf

A chaque grain tombé, s'écoule le temps dans le sablier...

- Louison...

L'interpelé se pencha pour capturer les lèvres de l'autre des siennes, leurs corps intimement enlacés. Quand bien même c'était lui qui prenait son bel Argenti ce soir, ce dernier était néanmoins perché sur ses hanches et le fixait de son regard violet comme s'il était celui menant la danse. Ce qui était le cas, en toute vérité. Il n'était pas facile de faire perdre le contrôle à Louison.

- Je t'aime... dit-il à nouveau.

Son vis-à-vis rougit, détournant les yeux quelques instants avant de le regarder à nouveau en faisant cette moue adorable qui faisait chavirer son cœur. Profitant de son immobilité, l'artisan se redressa jusqu'à s'asseoir et l'enlaça fermement, le faisant couiner tant de surprise que parce qu'il s'était logé plus profondément en lui.

- Horacio... ?

- Désolé... J'ai besoin de te tenir proche.

Habituellement, Louison lui aurait fait remarquer qu'ils pouvaient difficilement être plus proches qu'à l'heure actuelle mais se retint. Il savait pourquoi son petit-ami était si sentimental ce soir, bien qu'il le soit parfois sans raisons. En tant que garde du corps, il s'était fait blesser, en témoignait la large compresse scotchée à sa peau. A ses côtes. Il s'en était fallu de peu pour que son poumon soit percé. Ses pensées revinrent au moment présent grâce aux baisers doux dans son cou, le faisant gentiment frissonner avant qu'il ne sente l'autre sucer et marquer son épiderme de petites traces rosées. Un autre jour, il aurait ronchonné car ça ne faisait pas très pro de débarquer au travail avec des suçons visibles. Là, il voulait bien laisser passer. Le tenant toujours, Horacio le fit basculer sous lui et resta quelques minutes à simplement l'admirer, ce qui ne manqua pas de faire battre fort le cœur de l'objet de son attention.

Quand il avait connu Louison à la fin de leur adolescence, il avait encore une allure juvénile et un visage aux joues plus rondes, plus douces. Dorénavant, son corps avait été sculpté, taillé pour son travail militaire. Bien que sa silhouette soit plus celle d'un coureur que d'un boxeur, toute en longueur et finesse. Délicatesse, s'il osait le dire. L'intensité de ce regard violet n'avait par contre, jamais changée. Profonde, forte, insondable parfois. Tendre, joyeuse, étincelante aussi... Passant ses mains sur ce corps tant aimé, il sentit le relief de quelques cicatrices sur cette jolie peau dorée, bien que plus claire que son propre teint mâte. Un rappel du danger avec lequel vivait Louison, un monde de magie était prompt à bien des blessures différentes... Et cette foutue compresse sur ses côtes était une mise en garde cruelle.

Sentant que l'humeur de son copain tournait au vinaigre, Louison posa ses mains de façon à encadrer son visage et l'attira à lui pour un baiser. Nouant ses jambes à sa taille, il l'enjoignit à bouger et là seulement, son magitech sembla sortir de son méandre mental pour reprendre leur plaisante activité. Il était bien là, vivant sous ses doigts et entendre sa voix chanter son nom était une mélodie des plus apaisante à son angoisse de le perdre.


Alors qu'ils s'essuyaient après avoir pris une bonne douche, Louison fit un petit son à mi-chemin entre contrariété et douleur. Ce qui attira l'attention de son conjoint, et, son inquiétude aussi. Sous la compresse se cachait une plaie à l'allure étrange, comme si la foudre l'avait frappé, s'étalant sur ses côtes et le haut de son ventre. L'ambiance sexy et complice d'auparavant s'était évaporée...

- Ça te fait mal ? demanda-t-il en effleurant la blessure du bout des doigts, la frôlant sans vraiment la toucher.

- Par moment. Ce carreau d'arbalète n'était pas ordinaire, comme tu peux le constater.

- Les guérisseurs ont dit que ça allait disparaître ?

- Oui. La douleur en tout cas, possible que la marque reste. Une de plus, une de moins.

Il vit le vert sombre de ses yeux se faire encore plus obscur et il soupira doucement. Lui relevant le visage pour qu'il cesse de fixer cette marque, l'Argenti reprit la parole d'un air malin afin de le distraire.

- Tu étais beaucoup plus mignon lorsque tu étais à genoux pour embrasser mes cuisses et mes hanches que lorsque ce tu fais cette tête. Après, il fallait bien que tu nettoies le bazar que tu avais fait.

- Désolé, tu étais juste trop bon pour que je puisse m'arrêter.

Il entendit Louison faire un petit « Pff » et su qu'il avait réussi à le faire sourire à son tour. Son boyfriend n'était pas fan qu'il finisse en lui et généralement, il y faisait attention. Ce soir avait juste été si fort, si intense, pas tant en passion qu'en purs sentiments, qu'il avait tout simplement oublié de se retirer. Rien de grave, juste une occasion de le dorloter sous le jet d'eau chaude pendant qu'il faisait plus ou moins semblant de râler. 

Amber of TimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant