Atterrir dans les étoiles

Une autre époque

À l'instant où les lèvres de Sacha effleurèrent celles de Livio, le garçon fut pris d'une grande et anormale secousse mentale lui donnant l'impression de vivre une vie qui ne lui appartenait pas.

Je m'appelle Aliénor Serena Listia, je suis la fille aînée de Calypso Valdi alias Kali Silver, guerrière de l'alliance stellaire de Bellatrix, et ceci est mon histoire...

Aussi longtemps que je me souvienne, ma mère a toujours semblé me regarder avec crainte mais je savais qu'il y avait de l'amour dans son regard. Même si j'ai toujours su que je n'étais pas désiré à la naissance, je savais aussi que ma mère avait fait tout son possible pour me rendre heureuse. Au début, je ne comprenais pas pourquoi il lui arrivait de crier en regardant mes yeux mais avec le temps, je compris que le véritable traumatisme de ma mère n'était pas moi mais mon géniteur.
Mon géniteur... la plupart des enfants appellent le leur « père » ou « papa » mais pour moi ce mot m'a toujours semblé inconnu. Après tout, qui considèrerait un inconnu qui est responsable de tous ces malheurs son père. Je ne l'ai jamais connu et je n'ai jamais souhaité le connaître car d'autres personnes ont joué ce rol dans ma vie comme mon oncle, Hunter Yan, qui à l'époque s'appelait Livio Listia. C'est d'ailleurs en son honneur que j'ai transformé mon nom en Livio Silver. Puis quand j'avais deux ans, ma mère a commencé à fréquenter un homme du nom de Jacob Valdi que l'on appelait aussi Sam Hally de l'étoile Alaaraf. Bien qu'il m'évitait souvent, je savais que lui aussi faisait de son mieux pour nous aider ma mère et moi, même si aucune cicatrice ne guérit jamais complètement.
Deux ans plus tard, un petit rayon de bonheur arriva dans nos vies, il s'incarnait en un petit bébé blondinet aux yeux bleus. Je ne me souviens pas de grand chose de cette époque à part que ma mère semblait plus épanouie et que c'est à ce moment là que nos voisins ont commencé à m'ignorer tout comme ma mère. Pourtant à l'instant où j'ai vu mon petit frère, Blake Valdi, ce n'est pas de la jalousie que j'ai ressentie mais un immense sentiment de protection et d'amour. En revanche, il y avait une chose qui me faisait très mal, c'était la couleur de ses yeux. Ses yeux étaient d'un bleu saphir semblable à ceux de ma mère contrairement à moi dont les yeux verts la terrifiaient.
Au village, les habitants m'évitaient au maximum, je n'avais pas d'amis. Les gens m'ignoraient et m'insultaient derrière mon dos. Ils disaient aux autres de m'éviter uniquement à cause de la couleur de mes yeux. Des yeux verts sont extrêmement rares chez les GAS, si rare qu'on raconte qu'ils appartiennent aux démons. Et ce n'était pas mon géniteur qui allait contredire ce genre de stéréotypes.
La seule amie que j'ai eue provenait d'une famille de nomades qui s'était arrêté quelques semaines au village. Je ne l'ai vu que peu de temps et pourtant quand je l'ai revue plus tard, une nostalgie immense et un merveilleux sentiment de bien être s'est épris de moi. Cette amie s'appelait Cassandra Lee mais aujourd'hui on parle plutôt d'Elektra Plenas.

« Ally! » cria une petite fille dont les yeux en amandes argentés brillaient d'excitation.
La moi d'à peine dix ans sortit de ses pensées en entendant son amie l'appeler.
« Qu'est-ce qu'il y a, Cassie ? » demandais-je avec un sourire.
De nature très calme, je fus étonnée lorsque Cassandra m'attrapa la main pour me faire courir à ses côtés.
« Il faut que tu m'aides à me cacher ! Mon père me poursuit ! » me dit-elle avec une touche d'amusement dans sa voix.
« Cassandra Lee ! » rugit la voix de son père derrière lui pour confirmer ses paroles.
Je jetai alors un coup d'œil derrière moi tout en continuant à courir aux côtés de mon amie et retint un rire moqueur en voyant, Peter Lee, le père de Cassie nous poursuivre avec une superbe coloration verte fluo sur ses cheveux d'ordinaire d'un noir si propre et si soyeux que personne n'osait les toucher.
Pour aider Cassandra à échapper à une séance de réprimandes, je tirai la jeune fille par le bras.
« Par ici ! »
Nous mois dirigeâmes donc dans la forêt et l'homme aux cheveux colorés ne tarda pas à nous perdre de vue.
Nous rejoignîmes une cabane dans les arbres que mon oncle avait construite pour moi et mon frère afin que nous puissions nous amuser lorsque nous nous y rendions pour jouer. Ce n'était pas très grand ni très confortable mais c'était un lieu qui n'appartenait qu'à nous et dans lequel nous passions des heures à jouer.
Arrivées là bas, j'éclatais de rire :
« Alors là, respect ! Qu'est-ce que tu as fait pour que sa chevelure soit aussi flashante ? »
« J'ai mis de la coloration dans son shampooing » avoua la fille en repoussant ses longs cheveux noires qui tombaient sur son visage.
Le père de Cassandra était connu pour être égocentrique et tenir énormément à ses cheveux. En lui teignant les cheveux, mon amie s'était mis à dos sa fierté.
« De toute façon, il peut avoir des cheveux argentés quand il veut d'un claquement de doigts » rétorqua-t-elle en haussant les épaules « je ne vois pas de quoi il se plaint. »
Cette réponse provoqua un fou rire mais qui ne venait pas de nous deux. C'est là, sur une branche de l'arbre que se tenait un petit garçon d'à peine six ans aux joues rondelettes et aux yeux saphirs que je jalousais tant.
« Blake ? Mais qu'est-ce que tu fais ici ? » questionnais-je en regardant mon petit frère à travers la fenêtre en bois de la cabane.
« Je vous ai vu déguerpir comme des lapins vers la forêt et je savais que vous viendriez ici » répondit-il en sautant par la fenêtre pour atterrir sur un fauteuil de la cabane.
« Ça tombe bien que vous soyez tous les deux ici » annonça Cassandra « il faut que je vous parle de quelque chose. »
Elle soupira avant de s'asseoir brutalement sur une chaise à côté de moi.
« Qu'est-ce qu'il se passe ? » demandais-je tandis que Blake se collait contre moi.
« Je vais devoir partir » révéla-t-elle.
Cette simple phrase eu pour effet de plomber l'ambiance, nous faisant écarquiller les yeux de surprise :
« Tu plaisantes ? » finis-je par demander sous le choc.
La fille aux cheveux corbeaux secoua la tête :
« Mes parents veulent que je sois formé avec mon cousin pour devenir le GAS de Castor.
Elle baissa tristement les yeux :
« Mais si un jour vous n'avez nulle part où aller, venez en Atlantide, vous serez toujours les bienvenus. »

Elektra avait tord...
Nous ne serions pas les bienvenus...
Tout simplement parce qu'ils déserteraient deux ans plus tard suite à un combat contre leurs rivaux : les Régias.
Mais tout ça n'aura d'importance que bien plus tard.
Ce n'est que trois ans plus tard que le cauchemar commença...