MOVE FORWARD

5 | SOEN

                                ( rentrée du point de vue de Soen)

Le bruit d'une porte qui claque m'extirpe brutalement de mon sommeil. Epris d'un sursaut , je me relève de manière abrupte. Je n'ai pas le temps de comprendre ce qu'il se passe, que déjà , Kaylee se met à sauter sur mon lit. Elle entraine avec elle un bruit infernal. Pour le réveil en douceur, c'est raté. Adieu ma grasse matinée tant souhaité.

- Soen, Soen le jour de rentrée est enfin arrivé! chantonne t- elle.

Je tilte quelques secondes avant d'enfin saisir le sens de ces mots. L'information a pris du temps à remonter jusqu'à mon cerveau.

Je dois avouer que ce léger détail m'était complètement sorti de la tête. Je sens mon visage se crisper. La journée n'est même pas encore entamée que j'en suis dès lors épuisé. Mes vacances n'étaient certes pas fameuses, mais je préfère largement retourner à mon ennui. -Et puis qui parle de rentrée, dit le retour des notes et des fréquentes prises de tête avec lui-

Impatiente, Kay' me tire par le bras afin de me lever tout en m'annonçant son envie de manger. Je l'aime bien, mais des fois, j'en ai marre de cette boule d'énergie. Il faut qu'elle apprenne à se canaliser. Il est seulement sept heures du matin.

Je décale la couette sur le côté afin de me lever et nous nous dirigeons vers la cuisine pour préparer le petit déjeuner. Installée derrière le comptoir séparant la cuisine du salon , elle énumère les personnes qu'elle espère retrouver dans sa classe. Tout cela se déroule pendant que je nous prépare deux panachés ainsi que des crêpes milles trous.

Une fois nos assiettes vides, nous filons chacun dans nos chambres respectives dans le but de calmement nous préparer. Je dois d'abord l'accompagner à l'école. Ma rentrée est cet après-midi, à treize heures.

Rien de bien méchant, juste recevoir une tonne de paperasses-que personne ne signera- , et nos emplois du temps. Plus tard, Kaylee me rejoint dans ma chambre, pour me signaler qu'elle est fin prête à partir. Ironiquement, elle n'a pas oublié de toquer cette fois.

Ma sœur est vêtue d'une jupe en jean qui lui arrive jusqu'aux genoux et un t-shirt à manche longue noir. Ses cheveux sont tressés en épi. Des petits cœurs dont les contours brillent sont parsemés le long de ses collants.

 Ses chaussures à la main, elle attend que je la suive pour nous chausser dans le couloir de l'entrée. Une fois fait, nous quittons l'appartement pour nous engager dans les rues de Chicago. Le chemin se fait dans le calme, malgré l'excitation incessante de Kay qui la pousse à faire la girouette sur le trottoir. Nous atteignons très vite sa primaire, qui se situe approximativement à dix minutes à pied de la maison.

Devant le portail, une foule de personnes est amassée. Tous, enfants comme parents, cherchent leur nom ou celui de leur enfant sur les listes de classe, trônant fièrement sur les murs de ciment gris. Je souffle exaspéré. Je me projette dans un futur proche, à effectuer moi aussi cette même tâche. Barbant non?

Le bruit est au rendez-vous. Certains enfants sautent de joie, contents de se retrouver dans la même classe que leur copains. D'autres, tirent la tête, dépités ,de devoir partager l'année avec tel ou tel professeur. La rentrée est synonyme de retrouvaille. Pour les élèves,tout comme pour les parents. Ils discutent tous ensemble, se saluant, se racontant leurs vacances, et toute leur vie d'adulte.

Enfin il y a une exception. Un parent manque à l'appel: le nôtre. Je préfère tout de même son absence à l'indifférence qu'il aurait apportée. En ce qui me concerne, je n'en reçois aucun besoin. Pour Kaylee, c'est une autre histoire. Même si elle ne se confie que peu à ce sujet, je le devine aisément. Elle est déçue. Déçue qu'aucun de nos parents ne l'accompagne en cette rentrée.