Acte 12

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Jour trois, mois huit, année neuf-cent-vingt

Parce qu'il suffit d'un grain de sable pour enrayer un engrenage...

Cela aurait dû être le plus beau jour de sa vie. Il était censé se marier, dire Oui à Javier devant la statue de la déesse, l'embrasser et jeter son bouquet. Couper le gâteau, boire la première coupe de champagne... Puis rire et danser. Faire un câlin à ses parents, à ses amis, aux parents de Javier aussi, à ses deux frères Cristobal et Fabio. Saluer Leona, la compagne du premier, et s'extasier sur leur enfant Felipe car Céli l'adorait ce petit bonhomme. Il était censé... Être heureux.

- Célian... fit doucement la voix de Louison depuis la porte de sa chambre du palais.

Il ne répondit pas. Il avait l'impression d'avoir perdu sa voix et que tout son corps était froid. Était-ce une forme d'état de choc... ? Peut-être... Il portait toujours sa tenue du grand jour, comme Lou derrière lui d'ailleurs, bien que le soir fût tombé et que la cérémonie aurait dû se tenir à 11h de la matinée. Et qu'ils soient tout deux couverts de poussière.

- Céli... Viens avec moi. J'ai... une bonne nouvelle pour toi. C'est... tout ce que j'ai pu faire...

L'appelé se tourna lentement et après quelques battements de cœur indécis, il le rejoignit. Liant sa main à la sienne, Louison le fit quitter ses appartements et son aile de résidence par des couloirs dérobés afin de le mener à sa « bonne nouvelle ».

- Célian, mon bébé ! s'exclama la voix inquiète de sa maman.

Clara le prit aussitôt dans ses bras, le serrant fort contre elle et par-dessus, il sentit l'étreinte de son père. Ludovic était un homme profondément bon et pacifique mais à voir la mine dévastée de son seul enfant, de son petit garçon qu'on leur avait arraché trop tôt, il se sentait prêt à commettre bien des crimes si on lui en laissait l'occasion.

Louison les regardait en silence, dans tout ce bordel, il avait au moins réussi à récupérer et faire venir les parents de Célian pour le consoler. Il avait géré aussi pour mettre la famille de Javier en sécurité. La relative tranquillité des mois passés avait éloigné la menace des terroristes dans un coin de leur esprit et voilà le résultat. Si seulement il les avait trouvés... Pourquoi était-il si inutile putain ?!

Caressant les cheveux de son fils, de cet auburn violine qu'elle lui avait léguée, elle le rassurait le plus possible, utilisant ce ton de maman qui donnait envie de croire que tout allait s'arranger. En son for intérieur pourtant brûlait la rage contre ceux ayant fait voler en éclats le jour dédié à son enfant. N'avait-il pas assez donné à ce foutu pays ? Combien de temps encore allaient-ils le faire souffrir ? Si elle avait su... Elle et Ludovic auraient fuit leur nation dès sa naissance, lui offrant une vie paisible loin de tous ces drames. Les pleurs de Célian, qui avait fini par craquer, lui brisait un peu plus le cœur à chaque instant.

- Ne t'inquiète pas Célian, papa et maman sont là pour toi, on reste avec toi. Ça va aller mon petit ange, d'accord ? chuchota-t-elle et elle le sentit acquiescer en réponse.

- Je ne sais pas si je peux réussir à vous faire passer la nuit ici, commença l'autre jeune homme.

- Louison. Ni Clara ni moi ne laisserons Célian seul. Pas encore, pas cette fois.

Le jeune Argenti soupira, les épaules basses. Il ne leur en voulait pas, évidemment, juste que ça compliquait sa tâche. Cela dit, il serait bien plus simple de les faire rester ici que de faire sortir Célian pour qu'il retourne à la maison de ses parents. Même si, sincèrement, il pensait que de le laisser retrouver sa chambre d'enfance, son cocon d'innocence, lui ferait probablement le plus grand bien. En attendant, il fallait faire avec les moyens du bord. Encore.

Amber of TimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant