Je me réveille fatiguée avec la gorge sèche dans un grand lit à baldaquin. Je ne prends pas longtemps à comprendre que j'ai été récupérée par les soldats de mon père et me trouve actuellement dans ma chambre. Je n'imagine pas comment mon père doit être furieux. Par ma faute et mon envie de faire une surprise, pleins d'hommes sont morts. Anthonin J'y repenses. C'est bon, ça me revient petit à petit. Je le revois me regarder d'un air mourant, glisser dans l'eau glaciale. Je n'arriverai jamais à oublier ce regard. J'aurais voulu qu'il sache que je l'aimai. J'aurais dû lui dire. C'est ma faute.
Je suis interrompue par la lourde porte en bois de chêne de ma chambre qui s'ouvre. Mon père et mon cousin.– Rose ! Dieu soit loué ! Tu es en vie. Tu nous ai fait tellement peur. J'ai cru que tu étais morte, mais qu'est-ce qui t'a pris ! S'exclama mon père.
Et voilà, j'en étais sûr.
– Ne vous inquiétez pas, sir, Rose est une femme qui sait toujours se sortir de la panade. C'est un avantage qu'elle possède depuis petite, quand nous nous entrainions ensemble à l'épée. Voulez-vous que je vous apporte à boire Rose ? Dis Wembeck, mon cousin.
– Je veux bien boire, mais surtout rester seule, s'il vous plait. Je ne me sens pas... pas très bien, j'aimerai rester au calme quelques heures, je viendrais souper avec vous plus tard. Déclarai-je.
Wembeck hocha la tête et déposa un récipient contenant a priori de l'eau avant de quitter la pièce accompagné de mon père. Je me redresse doucement et m'adosse à mes gros oreillers. Je regarde ma chambre. Elle n'a pas bougée depuis mon départ en Hispanie. Les tapisseries recouvrant les murs représentent chaque saison de la vie et ses activités. De la balade dans les prés à la chasse aux batailles de boules de neige. Le baldaquin lui en revanche avait changé. Autrefois portant les couleurs de la famille royale, il était aujourd'hui d'un vert profond. À ne pas m'en déplaire, étant ma couleur préférée. Je regarde à travers les carreaux de ma fenêtre et aperçois un grand soleil. Il ne manque plus qu'Anthonin et ce retour à la maison aurait été parfait. Il est mort...
Je me présente dans la salle à manger environ deux heures plus tard. Je suis vêtue d'une longue robe rouge dénudée au niveau de mes épaules. Une rose est sculptée sur le tissu au niveau de mon bassin. Une magnifique rose qui appartenait à ma défunte mère, de ce que disait mon père. Je n'ai jamais connu cette femme, mais c'est elle qui m'a conçue, et c'est grâce à elle que je suis ce que je suis aujourd'hui et Hutter aussi. Je fais la révérence au Roi, puis m'assoie face à Wembeck. Je déteste la façon dont il a de me regarder de haut en bas. J'ai l'impression qu'il me déshabille du visage d'une façon perverse. Je me souviens encore de ce que disait Anthonin de lui quand nous étions plus jeunes. Fais attention, Rose, ce garçon te veut, et ce n'est pas une bonne personne. Cette pensée me refroidit d'un coup sec. Chaque fois que je pense à lui, je me sens mal et triste. Je rapproche mon siège et fais signe de la tête à mon père. Ce soir, c'est du poulet aux champignons. Un plat que j'adorais petite. Mais je n'ai pas faim. Je n'arrive pas à avaler quoi que ce soit. Je saisit mon gobelet rempli de vin et le bois d'une traite. Mon père et Wembeck me regardent étrangement.
– Qu'est-ce qui ne va pas ? Rose, vous ne souhaitez rien manger, vous avalez en moins d'une seconde votre vin. Il y a quelque chose que vous ne voulez pas ou avez oublié de nous dire ? Demanda avec un sourire au coin des lèvres mon père.
Je réfléchis quelques instants, prends une grande respiration et m'exclame ;
– Anthonin, le capitaine de ma garde rapprochée. Vous savez, Père, mon ami d'enfance. Il est... Il est mort. Quand nous sommes tombés dans cette embuscade, tout s'est passé très vite. Anthonin était le seul survivant et nous a amenés dans une grotte à l'abri des soldats ennemis où nous avons passé la nuit. Et ce matin, nous avions pris la décision de quitter notre grotte et de rejoindre la tour de garde près du lac d'Hèlben. Au dernier moment, les hommes de la veille nous ont retrouvés et ont commencé à tirer à l'arc sur nous. C'est lui qui m'a sauvée, père, il m'a poussé sur la berge avant de recevoir une flèche dans le dos. Ensuite, la glace... La... la glace s'est effondrée et je l'ai vu couler. Je me suis enfuie, mais j'aurais dû essayer de l'aider, il est mort de ma faute, vous comprenez ?
– C'était son travail. Il est mort, et beaucoup d'autres sont tués au combat aussi. Il a signé pour cela. Tu n'as rien à te reprocher. Et puis Anthonin a toujours été un peu trop attiré par ta personne. Il n'est pas si mal qu'il soit mort, on te trouvera un nouveau garde. Rétorqua Wembeck.
Mais quelle ordure. C'est sûr maintenant, je haie cette personne. Il ne pense qu'à lui, alors qu'à la place d'Anthonin, ce lâche se serait enfui. Je ne comprends pas pourquoi mon père l'aime tant ! Ça me met hors de moi. C'est aux bords de la crise de nerds et avec les larmes aux yeux que je réponds d'un ton ferme ;
– Tu n'as aucun droit de parler comme cela de cet homme ! Il est tout ce que tu n'es pas et ne seras jamais ! C'était un vrai homme, un vrai chevalier incarnant le courage, la bravoure et la gentillesse. Tu n'arriveras jamais à sa hauteur, tu es avide de pouvoir, égoïste, égocentrique, va au diable !
– Cela suffit, Rose ! Tu dépasses les bornes ! Ce n'est pas parce que ton ami est mort que tu dois manquer de respect à ton cousin, et qui plus est à ton futur mari. Maintenant, tu vas dans ta chambre et tu reviendras présenter tes excuses. Cria mon père fou de rage.
Mon quoi ! A-t-il bien dit, futur mari ? Mais mon cousin est l'homme le plus répugnant du monde et pourquoi devrais-je me marier tout de suite dans la précipitation avec un cousin ? Je me lève de table en reversant mon verre et commence à pleurer en partant. Les gardes m'ouvrent la grande porte et je me précipite pour monter les escaliers de la grande tour qui mènent à ma chambre. Je rentre et me jette sur mon lit. Je n'arrive pas à y croire, si seulement il était là, si seulement je pouvais te prendre dans mes bras. Pardonne-moi, pardonne-moi pour tout. J'enfouis ma tête profondément dans mon oreiller et cris. Je m'arrête soudain quand j'entends la porte de ma chambre claquer. Je me retourne brusquement, prêt à cracher comme une vipère sur le dos de Wembeck à mon père, mais surprise, c'est lui. Il se tient devant l'interstice de la porte, la main sur sa ceinture. C'est un homme grand, les cheveux frisés bruns, ses yeux verts me regardant comme un prédateur regardant sa proie. Il est musclé et grand et se tient toujours droit comme un I.
– Il va falloir te faire pardonner, Rose, surtout auprès de moi, je vais être ton futur mari. Si tu savais comment j'ai dû faire la discussion avec ton père pendant des mois pour réussir à avoir ta main. Maintenant, c'est acté, tu es à moi, et je n'apprécie pas du tout comment tu parles à ton homme, dit-il d'une voix perverse.
Il commence alors à retirer sa ceinture et à enlever sa tunique Blanche.
– Je ne suis pas et ne serais jamais ta femme, sort de ma chambre, tu es répugnant et tu parles comme un vulgaire brigand. Dehors où je cris au garde. Dis-je le plus calmement possible pour essayer de montrer que je n'ai pas peur.
Il retire son bas et ses chaussures. Il dépose son épée au sol. Je vois alors paraître son corps torse nu, ce que je n'avais jamais vu de la part d'un homme avant lui. Quand mon regard descend et se pose sur son entrejambe, mon cœur s'arrête, je suis choquée, c'est la première fois que je vois cela, et en plus, je ne veux pas le voir. J'aimerai tellement revenir dans le temps, ne va-t-il quand même pas me toucher sans mon consentement ?
– Tu peux crier, Rose, maintenant ici j'ai autant de pouvoir qu'Arthur, le fils du roi. Le garde est parti suite à ma demande, et vu la tour et l'épaisseur des murs de ta chambre, tu auras beau crier à l'aide, personne ne viendra, tu es à moi, je t'ai dit, et tu vas devoir te faire pardonner, ma belle, dit-il d'un ton terrifiant.
Il s'avance au niveau du lit et saute dessus. Il se met sur moi et saisit mes mains et les plaque contre le lit. Je tente alors de me débattre avec mes pieds, et c'est là que je sens son membre effleurer ma cuisse. Cette sensation me donne envie de vomir, il faut que je m'enfuie de là ! Tout cela à cause de mon père, je le haie tout autant que lui. Il lache ma main droite pour déchirer ma robe, laissant paraitre mes hanches et mes fesses. J'en profite alors pour lui griffer l'œil, ce qui arrive à lui faire lacher mon autre main. Il pousse un grognement à ce moment. Je le pousse violemment hors du lit et cours vers la porte. Je descends les escaliers, pieds nus, mon corps à moitié dénudé, terrorisé et arrive dans la basse classe. À cette heure-ci, avec le couvre-feu, personne n'est dans la rue à part les gardes. J'esquive un garde et un deuxième et arrive à sortir de la citée renforcée pour m'enfouir dans la forêt. Il faut que je m'enfuis, je dois quitter ce château, mon père ne me défendrait même pas, il prendrait parti de mon cousin, alors c'est décidé, je pars, je n'ai plus rien à perdre, plus rien à faire ici.
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Pandragon
RomanceAnnée 560 après J.-C. Alors que le grand royaume de Pandragon est dirigé par le Roi Hutter Pandragon et son fils, le prince héritier Arthur, de plus en plus de villages se font envahir par une armée inconnue. Les troupes du Roi sont alors éparpillée...