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Je suis assise sur le bord du lit, un sandwich à moitié mangé à la main. Je mâche lentement, sans réellement avoir d'appétit, juste pour tromper le vide. Mon regard fixe l’écran brouillé de la télévision, où un film passe en boucle. Bien que ce film ait l'air intéressant, mes pensées sont ailleurs, toujours sur le qui-vive. Je n'arrête pas de penser à cette soirée d'hier. Je me demande si Alejandro m'a prise au sérieux. Si Isabella était assez convaincante.

J'ai beau savoir mentir, savoir jouer mon rôle de fille de joie désespérée, je ne cesse de douter. Je n'ai aucune idée de si je l'intéresse.

Alejandro est connu pour recruter des filles désespérées pour les faire travailler. Mais dans quoi ? On ne sait pas vraiment. Au début, la DEA croyait que ce travail consistait seulement à prostituer ces jeunes femmes. Mais en réalité, ce n'est rien de tout ça.
L'avoir demandé un travail alors que je ne sais pas en quoi cela consiste fait monter ma tension.

Je jette un coup d'œil à l’horloge sur la table de chevet. Il est presque minuit. Mais alors que je me lève pour jeter le reste du sandwich dans la poubelle, un coup sec frappe à la porte. Je sursaute, mon cœur rate un battement. C’est sûrement la femme de ménage… mais à cette heure ? Ce n'est pas logique.

De peur que ce soit quelqu'un d'indésirable, je cours vers la commode, ouvre le tiroir et prends le téléphone d'urgence fourni par la DEA et l'enfonce dans ma culotte. C'est désagréable, mais supportable. Je m'arrête un instant et reprends mon souffle. Puis enfin, je traverse la pièce en quelques pas rapides, mes pieds s’enfonçant dans la moquette usée. J'ouvre la porte avec prudence, m’attendant à tout sauf à ce que je découvre de l’autre côté.

C'est lui.

Il se tient droit sur le cadre de la porte, les mains dans les poches, dans une posture décontractée mais pleine de contrôle. Il porte un pull noir simple qui épouse sa silhouette athlétique. Sa peau bronzée est marquée de tatouages complexes, couvrant son cou et ses bras. Ses traits sont marqués, avec une mâchoire carrée. Ses cheveux sont bruns et légèrement ébouriffés.

Pendant quelques instants, il m'observe comme s'il voulait lire à travers mes yeux. Mais cela ne dure pas longtemps. Il entre sans un mot, me bousculant presque au passage, suivi de deux gardes du corps imposants. Je reste figée un instant, tentant de réprimer la panique qui monte en moi. Ils ne disent rien, ne me regardent même pas. Ils se dispersent dans la chambre et se mettent à fouiller chaque recoin, chaque tiroir. Mon pauvre sandwich se retrouve sur le sol à cause de la brutalité de leur action.

Je referme la porte derrière eux et je tente de garder une façade de calme. Alejandro, lui, ne bouge pas. Il me fixe, ses yeux perçants cherchant à lire au-delà de ce que je montre. Ses pupilles sombres sont aussi impitoyables que sa réputation. Je sais qu'il veut m'effrayer. Alors oui, Isabella aura peur.

— Isabella, commence-t-il d'une voix basse, rauque. D'où viens-tu ?

Je me fige, surprise par la question directe. Son ton est sec. Ce qui veut dire qu'il veut des réponses, et il les veut maintenant. Alors moi, je dois jouer ce rôle à la perfection.

— De nulle part, je réponds en haussant les épaules, feignant l’indifférence. La rue, les squats, les coins où personne ne va.

Il plisse les yeux, visiblement insatisfait de ma réponse. Il fait un pas en avant, réduisant la distance entre nous. De près, je remarque une cicatrice fine qui traverse son sourcil droit.

— De nulle part, hein ? Il répète avec un rictus sarcastique. Pourtant, tu te retrouves ici, à vouloir travailler pour le cartel le plus puissant du pays. Ce n’est pas rien. Alors, Isabella, tu vas me dire exactement d’où tu viens et pourquoi tu es là.

Dark VowsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant