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                     Isabella









Mes oreilles sifflent.

La musique est insupportable.

Je veux m'échapper, partir loin de ce vacarme qui semble marteler mon crâne.  Mais je n'ai pas le choix. Je dois rester.

Ce n'est ni un restaurant, ni un bar. À vrai dire, je ne sais pas où je suis. Après les 2 heures de route avec Rio, il s'est arrêté sur une aire d'autoroute qui visiblement cachait cet endroit.

Je garde le regard rivé sur le verre dans ma main, le liquide incolore tourne doucement sous mes doigts crispés.
Les murs sont sombres, couverts de graffitis qui semblent être là depuis des années. Une lumière tamisée filtre à travers des lampes rouges. Autour de moi, il n'y a que des hommes, tous tatoués de la tête aux pieds. Ils conversent bruyamment, leurs rires couvrent parfois la musique. Je repère des armes posées négligemment sur certaines tables, comme si elles faisaient partie du décor. Des sacs de cocaïne traînent également ici et là. Je n'arrête pas de me dire que cet endroit serait un véritable jackpot pour la DEA. Je suis presque sûre qu'en examinant bien les visages de ces hommes, j'arriverais à reconnaître certains des recherchés des services de police.

Mais ce n'est pas le moment de mener des enquêtes, je reste loin de tout ça, cachée au fond de la pièce, là où Rio m'a laissée il y a 10 minutes, en m’adressant un regard indifférent. Il m'a simplement dit :

- Je reviens

Et donc, me voilà seule, entourée de requins.
Je sens les regards pesants de certains hommes qui, de temps à autre, se retournent vers moi, sans me fixer vraiment. Ils savent que je suis là, mais pour l’instant, je suis hors de leur champ d’intérêt, et tant mieux. La dernière chose à laquelle j'aimerais penser, c'est de savoir comment je dois me défendre face à eux.

Je n'ai aucune idée de l'endroit où Rio m'emmène et ne pas savoir où je vais complique beaucoup de choses. Je dois absolument donner mon emplacement à chaque fois que je me déplace, mais je sens que la situation deviendra compliquée.
Soudain, un groupe d’hommes se rapproche de ma table. Ils avancent avec la nonchalance des prédateurs, leurs regards se posant sur moi avec une intensité dérangeante. Un frisson glacé me parcourt l’échine, mais je fais tout pour ne pas flancher. La moindre des choses que je peux faire, c'est leur tenir tête.

L’un d’eux, grand et imposant, s’avance et s’arrête juste devant moi. L'homme devant moi est une montagne intimidante, dépassant sans mal le mètre quatre-vingt-dix. Sa carrure imposante bloque presque la lumière derrière lui. Son crâne rasé brille légèrement sous la lumière tamisée du bar, et des tatouages d'un noir profond s’étendent comme des racines depuis son front jusqu’à l’arrière de sa tête.

- On ne s’est pas déjà vus quelque part ?

Le choc me frappe de plein fouet. Je le reconnais immédiatement. Algon Richter. Un mercenaire dont la réputation est des plus populaires. Il n’a pas l’air sûr de m’avoir identifiée, mais moi, je le connais bien – bien trop, d’ailleurs. Mon cœur rate un battement.
Ma couverture tient à un fil. S’il fait le lien, s’il se souvient… Je suis morte. Une sueur froide perle sur ma nuque, mais je m’efforce de garder un visage neutre, de ne rien laisser transparaître.

- Non, je crois pas, je réponds d’un ton aussi détaché que possible, je relève légèrement le menton pour lui tenir tête. Mais peut-être que t’es du genre à poser cette question à chaque fille que tu croises ?

Son sourire s’élargit, et un éclair de méfiance passe dans son regard. Il me fixe longuement.
Rio. Où es-tu ? Mon esprit est en alerte, j'essaie de prévoir des scénarios possibles ou une issue si les choses tournent mal.

La tension est palpable. Algon continue de me fixer, son sourire tordu ne montre rien de bon dans ses intentions. Son regard descend lentement le long de mon visage, analysant chaque détail. Les hommes autour de lui me scrutent également comme des requins en chasse. Mon estomac se serre, et malgré mes efforts pour ne rien laisser paraître, mon cœur bat à tout rompre. Ils me coincent, m’encerclent presque, me laissant peu d’espace pour bouger.
Puis, une voix familière se fait entendre derrière eux.

- Lâchez-la, les mecs.

Je lève les yeux et aperçois Rio, qui se tient là, bras croisés, son regard fixé sur le groupe d’hommes. Les épaules larges et la posture décontractée, il dégage une assurance tranquille de celui qui sait que personne n’oserait le défier. Autour de moi, les hommes hésitent, dévisagent Rio, puis se regardent entre eux, émettent des grognements de frustration, mais aucun ne proteste. Ils se redressent sans un mot.

Algon, lui, ne bouge pas immédiatement. Son regard reste ancré dans le mien encore quelques secondes. Avant de tourner les talons, il esquisse un sourire, me jette un dernier coup d’œil par-dessus l’épaule puis disparaît dans la foule d'hommes.
Lorsqu’ils finissent par s’éloigner, je relâche enfin un souffle que je ne savais même pas retenir. Mes épaules se détendent à peine. Rio me fait signe de le suivre d’un léger mouvement de tête. Il ne dit rien, son visage est neutre, mais ses yeux semblent indiquer une pointe d’agacement. Je me lève d’un geste rapide, trop heureuse de quitter cette table.
____

Nous avons repris la route depuis un quart d'heure. À mes côtés, Rio fume comme un pompier. La lueur rouge de sa cigarette pulse à intervalles réguliers, un rythme hypnotique qui me pousse à me perdre dans mes pensées. Je le surprends parfois à m'observer, avec un sourire en coin.
Soudain, son téléphone brise le silence. Rio décroche et le glisse à son oreille. Je tends l’oreille, espérant entendre quelque chose qui pourrait m'être utile.

- Oui… demain. C’est prêt.

Juste quelques mots. Rien de plus. Et il raccroche.
À vrai dire, je ne suis pas surprise de leur communication brève, ils savent déjà qu'on peut tracer leurs appels.

Enfin, il tourne brusquement sur une petite route à peine visible. Un chemin étroit. Les phares de la voiture peinent à éclairer devant nous. Il ralentit, puis s’arrête complètement. Je sens mon estomac se nouer. Il n'y a pas de maison, juste des arbres. Cette remarque me fait aussitôt tourner la tête vers lui. Je le regarde avec interrogation.
Mais tout ce que je lis sur lui, c'est un sourire peu rassurant. Pas un son, rien que le bruissement de l’herbe balayée par le vent. Mes yeux cherchent un point de repère, mais il n’y a rien, seulement ce bâtiment en ruine à quelques mètres de nous.

- On fait quoi là ? On n'est pas encore arrivés. Je demande, connaissant déjà la réponse.

- Je sais, darling, répond-il toujours avec ce sourire. Mais ne crois pas que ça me fait plaisir, hein, je suis obligé, c'est la règle pour tout le monde.

Je réfléchis mais sans comprendre ce qu'il me dit. Je le regarde perplexe. Alors il continue :

- J'ai pas envie de t'abîmer ton beau visage, alors je te promets de viser que le crâne, ok ?

- Mais de quoi tu parles, put…

Ma phrase s’arrête lorsque je le vois sortir son arme de son pantalon et qu’il l'abat sur mon crâne.
























Ce passage devait normalement être dans le précédent mais bon...
 
Je vais alternée les points de vue donc il faut être attentif en début de lecture.

Merci 😽

Dark VowsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant