Atmosphère :
" M.", Anil Emre Daldal,
"The Kind of Women", Mac DeMarco,
"Fourth of July", Sufjan Stevens
_____________________________Yasmina :
Je suis dans la chambre de Sofiane, portant ses habits beaucoup trop larges pour moi. Après plus de deux semaines sans se voir ni s'adresser la parole, je suis chez lui dans son lit à attendre gentiment qu'il revienne de la cuisine. Malgré notre dispute après la soirée, nos paroles blessantes et ma crise d'hystérie, il est revenu. Il est revenu parce que j'avais besoin de lui, il est revenu alors qu'il avait le choix de ne jamais revenir.
Mais il l'a fait.
C'est comme une seconde chance pour moi, une chance de me rattraper après les erreurs que j'ai commises. Quand je l'ai vu devant l'entrée de chez moi, le regard inquiet, regardant partout autour de lui, j'ai fondu en larmes. J'avais besoin de lui, besoin de le voir, besoin de l'avoir près de moi, besoin d'être dans ses bras, besoin de ressentir sa présence pour me sentir en sécurité. J'ai couru vers lui, je me suis logée dans ses bras, il m'a accepté sans aucune hésitation, acceptant de m'effondrer à ses côtés. Son cœur battait aussi vite que le mien, ses bras ne cessaient de caresser le haut de mon dos en faisant des vas et viens. Ses gestes m'ont permis de me calmer et de me sentir en sécurité. Il a réussi à me calmer en quelques minutes à peine, alors que les médecins eux, étaient là depuis une bonne trentaine de minutes et pourtant n'arrivaient pas à me calmer.
On n'avait pas besoin de communiquer avec des mots, Sofiane et moi. Les gestes et le silence parlaient à notre place. Mes larmes expliquaient beaucoup mieux la douleur et la culpabilité que je ressentais, les gestes doux et affectueux de Sofiane me rassurait et m'aidaient à mieux le comprendre lui aussi.
Ses gestes disaient :" Je sais que tu t'en veux, je sais que je souffre mais je suis là et c'est fini. Tu peux pleurer autant que tu veux, je serais là pour sécher tes larmes et je ne te lacherais pas".
Nous nous comprenons avec de simples gestes, pas besoin de mots et de paroles douces, le simple contact de nos deux corps suffisent à apaiser la douleur de l'un et de l'autre.
Mon téléphone vibre au milieu du matelas, je prends celui-ci et regarde mes notifications, un message de mon frère.Yanis
J'étais au téléphone avec Sofiane juste avant
Je viens te récupérer demain matin tôt dans la matinée pour qu'on puisse aller voir ton père
Si ça va pas tu sais que je suis là, et si tu ne veux pas m'en parler, parles-en à Sofiane
Je t'aime fort.Mon cœur se serre et les larmes me montent aux yeux, l'état de santé de mon père me préoccupe tellement. J'ai peur des résultats qui vont tomber, j'ai peur qu'il lui ait arrivé quelque chose de grave. Tout est allé tellement vite, quelques minutes avant on rattrapait le temps perdu et puis toutes mes peurs sont arrivées. Je n'ai pas pu en profiter avec lui, ses paroles tournent en boucle dans ma tête.
"J'espère pouvoir assister à ton mariage, si Dieu le veut."
Les larmes coulent le long de mes joues, papa ne dit pas ça je t'en supplie.
Je ne veux pas d'un monde sans toi.
Je n'y arriverai pas.
Un monde sans mon père, je ne veux pas l'imaginer.
Je n'ai jamais perdu quelqu'un, je ne sais pas qu'elle est cette douleur atroce de se faire arracher un proche par la mort.
Elle ne prévient pas et s'attaque à tout le monde, personne n'y échappe, on l'attend tous, en espérant que celle-ci nous rencontreras le plus tard possible. Mais parfois, elle vient plus tôt que prévu, elle nous arrache les personnes qu'on aime au moment où on s'y attend le moins. On se dit tous la même chose : c'est trop tôt pour qu'il/elle parte. Nous ne sommes pas prêts psychologiquement à ce que la mort emporte ceux qu'on aime, personne n'y est prêt. C'est l'épreuve la plus dure que la vie nous donne, une épreuve que certains arrivent à surmonter avec le temps, mais d'autres n'y parviennent pas. Sombrant dans le désespoir, le chagrin et parfois même la folie. Et cette épreuve est celle qui me fait le plus peur, j'ai peur de ne jamais pouvoir me relever et tourner la page.
La porte s'ouvre sur Sofiane, un plateau dans les mains, sur celui-ci se trouve une théière avec des verres à thé marocain que je reconnais entre mille. Des baghrir sont aussi posées sur le plateau, il dépose ce qu'il avait dans les mains et se tourne vers moi, ses yeux rencontrent à nouveau les miens.
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Éphémère EN PAUSE
Roman pour AdolescentsTW : Cette histoire évoque des scènes de violence, d'agression sexuel, du harcèlement et des santés mentales instables pouvant heurter la sensibilité des jeunes lecteurs •lectrices. Cette histoire est dédiée à un public averti. Yasmina vient d'assi...