Chapitre 38

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Je ne suis pas morte, mais j'aurais préféré que ce soit le cas. Je ne sais depuis combien de temps je suis ici. Il n'y a aucune fenêtre. J'ai eu le temps de penser à Sam et je n'arrive pas à me défaire de cette horrible sensation de déception. Je n'attends qu'une chose, c'est sortir d'ici pour pouvoir m'éloigner au maximum du roi des enfers.

Je déteste la façon dont il a l'air de se préoccuper de moi.

Je déteste qu'il puisse s'octroyer le droit d'être jaloux.

Je déteste qu'il ait été si mignon avec moi pour me trahir ensuite... Et mes pensées ont dévié vers Raphe, qui pour le coup est toujours resté prévenant malgré la situation complexe... Mais je reviens vite à la réalité. Une rage froide me submerge et je me raccroche à elle comme si c'était mon seul et unique salut.

Dès que je me réveille, je suis emmenée dans la salle vide dans laquelle une tâche de mon sang recouvre le sol. Elle s'agrandit de jour en jour. J'avais conscience de ma capacité à cicatriser rapidement sans réellement m'en rendre compte. Bazan ne m'avait jamais fait subir autant de sévices d'un coup que ce que j'ai enduré ces derniers jours. Mes plaies ont le mérite de guérir rapidement et de ne pas me faire souffrir trop longtemps. Méphistophélès n'est pas le seul à me violenter. On m'a fouetté, saigné, frappé, attaché au plafond par les pieds en me promettant toujours plus de souffrances et ils ne m'ont jamais menti. La souffrance est tolérable grâce à une seule et unique pensée que je me répète en boucle, celle que je les tuerais tous un par un, je n'aurais aucune pitié. Mes vêtements m'écœurent, ils sont recouverts de sang qui sèche et s'humidifie à chaque nouvelle entaille.

Lilith ne prend jamais le temps de me torturer, mais elle regarde avec un plaisir non feint. En plus de Méphistophélès, j'ai appris le nom des deux autres démons que je maudis, Maken et Kaze. C'est ce dernier qui m'a sortie de ma petite cellule aujourd'hui. Je suis assise dans la chaise que je déteste. Il regarde la dague que m'a offerte Bazan et je me promets intérieurement qu'elle finira dans sa gorge. J'ai repris quelques forces depuis la première saignée de Méphistophélès, ils n'ont jamais été aussi loin que ce jour-là et j'en suis ravie. Je fais mine d'être une faible petite chose depuis. Je tolère en silence. Quelqu'un appelle Kaze depuis le couloir et ce dernier lève la tête en reposant ma dague sur la table. Il passe la porte en refermant derrière lui. C'est la première fois qu'on me laisse seule dans cette pièce et j'y vois ma seule occasion de sortir de cet enfer. Je me relève tant bien que mal, malgré les liens qui enserrent mes chevilles contre la chaise. Je tire au maximum sur les liens pour les desserrer et quand j'estime avoir assez de marge, je saute en arrière.

La première sensation qui me frappe est la douleur intense qui se répercute dans mon dos et qui me coupe le souffle. Je lance un coup d'œil rapide à la porte et me relève malgré les plaintes qu'émettent mes lombaires. La chaise a éclaté en plusieurs morceaux. Je m'attèle à retirer les liens qui ne servent à présent plus à rien. Je me précipite vers la table et récupère une à une chacune de mes armes. Leur poids m'est d'un grand soulagement. Je garde la dague que m'a offerte Bazan en main et patiente. L'anticipation me gagne, je sais que je vais enfin pouvoir me venger. J'attends Kaze juste à côté de la porte.

Quelques minutes passent sans que je n'entende aucun bruit. Plus j'attends, plus la frustration de ne pas le voir arriver monte en flèche. Je profite de cette attente pour dévisager les menottes attachées à la canalisation qui longe le plafond. Alors que mon esprit dérive vers ce que je pourrais faire à Kaze si je l'attachais à l'endroit même où j'étais hier, des bruits de pas me reconnectent au moment présent. La porte s'ouvre sur moi et m'empêche de savourer le visage de Kaze. Ses pas précipités martèlent le sol vers la chaise détruite. Je pose le plat de ma main sur la porte et la reclaque violemment. Kaze se retourne vers moi, les yeux écarquillés.

Fall outOù les histoires vivent. Découvrez maintenant