J'ai trop chaud. Je sens un corps contre le mien. Je me demande pourquoi Sam me colle autant. J'ai envie de le repousser. Ne se souvient-il pas que j'ai failli me faire embrocher par des démons pour le fuir ? D'ailleurs, je ne me souviens pas comment je suis arrivée ici. Où est-ce que je suis d'ailleurs ? J'ouvre lentement un œil, puis l'autre. Mes multiples plaies me font mal, mais c'est tolérable. Je lève mon bras qui n'est pas collé à l'homme à côté de moi. Des bandages recouvrent l'ensemble de mon corps, ces derniers sont tachés à certains endroits, mais mes plaies n'ont pas l'air de saigner abondamment. Je m'humidifie les lèvres et repose mon bras.
Je me tourne enfin vers la personne qui est trop proche de moi. Je m'attends à voir une masse de cheveux noirs, mais à la place je vois une coupe en brosse brune. J'ai du mal à comprendre ce qui se passe. Le visage endormi de Ban me fige. C'est mon frère. Je tourne brusquement la tête pour observer la pièce. Je suis toujours en enfer, je suis même dans la chambre de Sam, dans son lit. Je tourne à nouveau la tête vers Ban en croyant rêver... Mais non, c'est vraiment lui. Je lui saute au cou alors qu'il dort encore. Je l'entends grommeler et je le sens remuer, mais je ne lâche pas. Il comprend enfin ce qui se passe, j'entends sa voix étouffée par mes cheveux :
— Léo ?!
Ses bras s'enroulent autour de mon thorax et me compriment dans un câlin maladroit. Je le serre de toutes mes forces. Je ne pensais pas qu'il m'avait manqué à ce point, mais le voir me rappelle durement que son absence est insoutenable. Je mets fin à cette étreinte à contrecœur. Et je m'assois sur le lit, Ban m'imite. Je vois dans son regard qu'il s'inquiète pour moi, mais je me sens plutôt bien.
— Mais comment tu as fait pour... ? Comment tu as réussi à venir ?
— C'est Bazan... Il est venu me parler de toi... Je ne voulais pas l'écouter et je dois avouer que je l'ai pris pour un fou quand il m'a dit que tu avais disparu. Il me frappe doucement l'épaule. Une déflagration de douleur m'électrise. Tu gères ? Tu gères de rien du tout ! On t'a enlevé et tu as failli mourir.
— Bazan est venu te chercher ? je demande suspicieuse.
— Je sais, c'est bizarre. Sur ordre de Samaël... Il n'est pas aussi détestable que je le pensais.
— Quoi ?! Tu délires.
— Il a remué ciel et terre pour te retrouver, puis est resté à ton chevet... Alors ça me le rend plus sympathique.
— Combien de temps ?
— Tu as disparu une semaine et ça fait trois jours que tu dors.
— Autant ?
— Tu déconnes ?! Ils n'étaient pas sûrs que tu te réveillerais.
— Ce n'était pas si grave...
Mon frère me lance un regard incrédule et ses yeux parcourent mes avant-bras. Il fronce les sourcils comme si je ne me rendais pas compte. Je regarde à mon tour. Je commence à défaire le bandage sur mon avant-bras droit. Ban pose sa main sur la mienne pour m'en empêcher, mais je le repousse durement. Je commence à apercevoir ma peau rougie et abîmée. Je commence à entrer en frénésie en observant de plus en plus l'étendue des dégâts. Je défais de plus en plus mes bandages, quand j'ai fini le bras droit je passe au gauche et j'enchaîne sur mes jambes.
J'ai des dizaines de traces de griffes toutes plus profondes les unes que les autres ainsi que des centaines de balafres de couteaux. Je relève mon tee-shirt pour confirmer mes frayeurs, mon abdomen est recouvert de nouvelles cicatrices. Je pense à mon visage... Je dois faire peur à voir. Je souffle. Je dois penser à autre chose. Je me souviens de mes mains ensanglantées, quelqu'un a pris le temps de retirer tout le sang. J'observe à nouveau la chambre luxueuse de Sam.
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Fall out
FantasyIl y a 350 ans le jugement dernier a été rendu. L'enfer s'est déchaîné sur le monde, les anges sont descendus du ciel pour exterminer les pécheurs et ont ouvert les portes de l'enfers afin que les démons détruisent les ruines encore fumantes. Certai...