EVERLOST

14 : Brother.

Amir.

Chacun de mes pas font craquer les cailloux sous mes semelles, dans cette ruelle plongée dans l'obscurité de la nuit. Le lampadaire sur le trottoir éclaire une petite partie de la ruelle, où les gémissements de douleur de cet homme résonne dans mes oreilles.

Mon regard se pose sur le type qu'Adam a dû sortir de chez lui pour le traîner dans la ruelle à côté de son appartement, pour éviter à sa femme et à sa fille de tomber sur son cadavre un doux matin de novembre.

Son visage bien amoché me laisse d'abord penser qu'il est dans un état de semi conscience, son dos est retenu par le mur derrière lui tandis que le reste de son corps git au sol. Adam se tient devant lui, une cigarette fumante coincée entre ses lèvres.

Mais le regard de cet homme croise le mien, et un demi sourire se dessine difficilement sur son visage quand il prononce :

- Je savais que tu viendrais.

Sa voix est affaibli par les multiples quintes de toux qui ont tiraillés ses cordes vocales. Je m'arrête à présent face à lui, Adam est à ma droite et écrase le mégot de sa cigarette sous sa semelle.

- Tu es le premier d'une longue liste, Wayne Scott. Même après toutes ces années, je n'ai pas oublié ton nom. Je crache avec animosité.

Wayne Scott faisait partie du groupe de personnes ayant participé à la mort de mes parents. À l'orphelinat, leurs prénoms tournaient en boucle dans ma tête, nuit et jour, parce que j'étais terrifié à l'idée de les oublier. Ces hommes qui passaient leurs journées à côtoyer mes parents, certains même se qualifiaient d'amis. Ils n'ont eu aucun scrupule à les trahir.

Et moi j'ai fait la promesse de tous les tuer, un par un.

- Parce que ça va ramener tes parents ? Souffle t'il difficilement d'une voix à peine audible.

Mon cœur bat à tout rompre dans ma cage thoracique, la haine alimente les battements de mon cœur depuis des années. Elle a forgé le petit garçon que j'étais en quête d'une chose pour survivre.

Mon poing s'abat violemment dans sa mâchoire, sa tête part en arrière et se cogne contre le mur en pierre derrière lui.

- Tu sais pas depuis combien d'années j'attend ce moment. Craché-je en l'attrapant par le col de son tee shirt pour le relever.

- T'aurais dû crever dans cet incendie avec ta petite maman.

Mon sang ne fait qu'un tour, je cogne une nouvelle fois sa tête contre le mur, avant de sortir le couteau dans ma poche et de le planter dans sa gorge.

Des gémissements étouffés lui échappe pendant qu'il tente désespérément de retenir le sang qui s'écoule à flot de sa gorge.

Mes yeux fixent son corps sans vie s'écrouler au sol, dans cette ruelle à l'atmosphère morbide. Je sens la main d'Adam se poser sur mon épaule avant que le son de ses pas ne résonnent lorsqu'il quitte la ruelle.

Mon regard ne lâche pas cet homme, le premier mort d'une longue liste.

Une émotion étrange me traverse. Ce n'est pas ce que j'espérais.

Je ne ressens ni plaisir ni soulagement.

Les flashbacks du corps de ma mère enflammé, animé par les cris agonisant ne disparaît pas.
Et la mort de mon père est toujours autant douloureuse.