𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟐𝟐 | 𝐄𝐥𝐢𝐣𝐚𝐡

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    Il faut que je sorte d'ici avant que je ruine le plan en égorgeant Alberto dans son putain de bureau luxueux.

Enfoncé dans le cuir confortable du fauteuil qui fait face à son immense bureau, je rejette un nouveau coup d'œil à ma montre, j'ai l'impression qu'à chaque fois que je la regarde on recule d'une minute. Ma jambe tressaillie discrètement tandis qu'il observe la cour illuminée de son château à travers la grande baie vitrée. Dos à moi, il ne se doute pas une seule seconde que je rêve de lui sauter dessus et de lui retirer ses globes oculaires à la petite cuillère. Mais patientons un peu, le chemin est long mais l'arrivée est putain de jouissive.

— Qu'en dites-vous, monsieur Arsène ? me demande-t-il avant de siroter son verre de whisky.

Merde, quel est le sujet de la conversation déjà ?

— Je suis totalement d'accord avec vous, Alberto, fais-je mine de confirmer.

Il pivote sur lui-même pour me faire face en souriant :

— Comment avez-vous organisé le vôtre ? me demande-t-il en me faisant froncer les sourcils.

Mais de quoi il parle putain ?

— Votre mariage Pablo, reprend-il, je ne sais pas trop comment m'y prendre avec le mien et Mathilda non plus.

Ah voilà ! On parlait de son mariage qui aura lieu dans quatre mois.

J'ignore aussi comment organiser un mariage Alberto. Mais ce n'est pas un problème, il ne vous reste que vingt minutes à vivre.

— Je vois, ricané-je en faisant passer ça pour de la plaisanterie, eh bien... je ne pense pas pouvoir vous aider étant donné que Carmen et moi avions préféré faire une cérémonie avec un cercle restreint.

Il ne va pas me casser les couilles lui et son mariage à la con.

Il fronce les sourcils en s'adossant à la vitre, l'air intéressé :

— Un cercle restreint ? répète-t-il.

— Totalement. Une salle de fête et la famille suffisent, inutile d'inviter toute la ville pour assister à l'union de deux personnes, vous ne croyez pas ?

Mais qu'est-ce que je raconte ? Je décris plus l'anniversaire d'un gosse de trois ans plutôt qu'un mariage là.

— J'imaginais quelque chose de plus... festif, commence-t-il. Avec des invités, de la musique, enfin, un mariage quoi.

— Inutile d'inviter des centaines de personnes si elles seront aussi hypocrites les unes que les autres et passeront leur temps à tout critiquer, continué-je en me servant un verre de scotch.

— Peut-être, mais c'est toujours mieux d'avoir de la compagnie plutôt qu'être seul non ?

— Je n'ai jamais mentionné le fait d'être seul, Alberto. Cela dit, je préfère rester seul plutôt que mal accompagné, je resterai toujours la meilleure compagnie que je puisse espérer. Solitude rime avec plénitude.

— Je vois, avoue-t-il en souriant. A vrai dire, ma femme est du même avis que vous, elle préfère rester dans l'intimité.

— Votre femme a peut-être raison, rétorqué-je avant d'avaler mon verre d'un trait.

— Qu'elle ait raison ou non je m'en tape, avoue-t-il en riant, quel mari lamentable je serais si je laissais ma femme prendre les décisions, se moque-t-il à nouveau en s'avancer vers son fauteuil en cuir de l'autre coté du bureau.

Je fais mine de rire avec lui mais en réalité, je boue littéralement de l'intérieur et l'adrénaline coule abondamment dans mes veines. Ce fils de pute considère les femmes comme des objets. Comme la plupart des hommes ici, il pense que la gent féminine n'est faite que pour répondre aux besoins de leur mari et procréer, c'est ceux à quoi se résume la vie de leurs épouses. Des poupées sans la faculté de prendre leurs décisions elles-mêmes, destinées à se soumettre et à subir les pluies de coups de leurs maris. C'est ce qu'elles pensent être. J'ai aperçu les blessures éphémères sur leurs corps que leur robe ne cachait pas. Leurs hématomes, leurs griffures, leurs pansements, les trois quarts des femmes présentes ce soir se font battre.

𝐋𝐈𝐀𝐑 𝐓𝟏 { en réécriture }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant