Rose

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Cela faisait plus de trois jours que je n'avais pas de nouvelles d'Anthonin. Mon père se refusait à tout commentaires. L'autre jour au diner, après une énième demande de ma part, il m'a crié dessus et m'a ordonné de partir dans ma chambre. Je ne sais pas s'il fait exprès de me faire peur, sachant au fond de lui ce que je ressens pour Anthonin, ou bien si lui-même n'a pas plus d'informations. Ce matin, je me suis réveillée tôt comme depuis ces trois derniers jours, en espérant voir rentrer les troupes. Je ne prends même pas la peine de descendre dans la grande salle à manger pour le petit déjeuner, car je n'ai pas faim et mon esprit est ailleurs aujourd'hui. Pendant toute la nuit, je n'ai cessé de repenser à la discussion que j'ai eue avec le vieux druide, Archibald le Sage. Plus les journées passent, et plus l'idée de trahir mon père et de rétablir un monde juste et en cohabitation avec la magie me fait rêver. Après mon dîner d'hier, plus rien ne me fait hésiter. C'est décidé, je vais accepter la proposition et faire tout pour réussir ma quête. Aux alentours de onze heures, je décide de sortir de la cité en prétextant une promenade dans les bois. Je marche pendant plusieurs dizaines de minutes dans la forêt d'Hèlben, jusqu'à arriver au lac gelé. Je regarde autour de moi à la recherche du vieux homme. Il m'avait dit qu'il me retrouverait à chaque fois à ce même endroit, sans même être prévenu. Comme par magie. Après plusieurs minutes, juste avant que je ne renonce et fasse marche arrière, j'aperçois non loin de moi une silhouette. Archibald. C'est lui. Le vieux homme avance lentement vers moi. Il était toujours vêtu de la même longue robe bleue avec des motifs de constellations brodés dessus. Sa longue barbe n'avait pas changé et son regard perçant non plus.

— Te voilà donc, jeune Rose. T'es-tu décidée ? Es-tu prête à affronter le danger pour une cause juste ? Sais-tu ce que tu risques ? Me dit-il.

– Oui, Archibald. J'ai longuement réfléchi à votre proposition. Plus que jamais maintenant, je suis sûr de vouloir vous aider. Et je sais bien ce que je risque en vous aidant, connaissant parfaitement mon père, que je suis sa pupille ou non. Contre la magie, il est prêt à beaucoup de sacrifices. Dites-moi juste par quoi je dois commencer et je le ferai.

– Ahah ah. Chaque chose en son temps, jeune Rose. J'admire ta volonté et cela est noble. Cette quête que je vais te donner sera une mission en plusieurs étapes, plus compliquée les unes que les autres. Il faudra t'accoucher, mais je t'assure, le résultat en vaudra la peine. La paix en vaut toujours la peine. Pour commencer, ce soir se tient une grande cérémonie dans votre cité. Des jeux, des spectacles et de la danse seront organisés. Toute l'attention sera portée sur cette fête, et tous les gardes seront concentrés sur la protection de la famille royale pendant cet événement. Tu vas devoir t'introduire dans les appartements de ton père et chercher des informations sur le mouvement prochain de ses troupes. Dès que ce sera fait, tu me rejoindras ici-même. déclara-t-il.

– Je ne veux même pas savoir comment vous savez autant de choses. Très bien, je le ferai, et je réussirai. Une question seulement. Vous trouverez cela sûrement bizarre. Mais avez-vous ne serait-ce qu'une seule information sur ce qu'il arrive à Anthonin, l'homme que vous avez sauvé, et ses hommes ? La question peut paraitre étrange, mais mon père se refuse à tous commentaires.

– Je ne sais pas, Rose. Je ne me suis pas posé la question. Je promets de t'apporter des réponses à notre prochaine rencontre. Maintenant va, nous ne devons pas trop tarder. Force et honneur, petite Rose, que les dieux t'accompagnent. Dit-il avant de se retourner, marcher quelques pas et disparaître comme le souffle du vent.


****


La fête avait commencé depuis plus de deux heures. Comme à leurs habitudes, Hutter et Maximus, le général fidèle de mon père, participaient aux festivités en buvant et en chantant à vive voix. Je décide donc de m'extirper discrètement de la fête et de rejoindre les appartements royaux. À mon grand plaisir, aucun garde n'est présent. Les seuls gardes que j'ai croisés étaient en bas des escaliers et m'ont bien sûr laissé passer, étant la pupille du roi. J'ouvre doucement la porte de la chambre d'Hutter et m'introduis dedans en veillant bien à refermer derrière moi. Sa chambre est évidemment la plus grande, remplie de tapisseries aux murs, des grandes fenêtres à carreaux laissant passer la lueur de la lune dans la chambre. Je me dirige vers le fond de la pièce où se trouve son bureau. Je m'assois sur la grande chaise et ouvre tous les tiroirs. Je cherche... En fait, je ne sais pas vraiment ce que je cherche. Une carte ? Une lettre ? Un livre rempli de stratégie militaire. La tâche n'est pas si simple, étant donné que je dois lire tout plein de documents jusqu'à avoir une petite information. Je sors une pile de lettres et la pose sur la table. Je les lis une part une et ne comprends rien du tout. Des lettres de maîtresses, des dénonciations de villageois et de hauts fonctionnaires, des anciens rapports militaires ne servant à rien. Mais à un moment, je trouve la lettre, celle qui va tout changer. Une lettre racontant en détails la prochaine opération que va faire mon père. Il compte piller et raser un village soutenant les druides. Tout est détaillé dans les moindres agissements. Comment ils contentent d'encercler le village, empêchant toute fuite. Comment les soldats vont violer et torturer les femmes devant leurs hommes. Comment les enfants seront tués. Un vrai carnage. Je prends la lettre et range les papiers dans le tiroir soigneusement. Au moment où je me dirige vers la porte, j'entends des bruits de bas dans le couloir menant à la chambre. Je décide alors de vite me cacher sous le lit en mettant la lettre dans ma tunique collée à ma poitrine. La porte s'ouvre lentement et j'entends Wembeck parler à quelqu'un d'autre. Une autre voix que j'ai du mal à discerner.

– Allez y, le tiroir au fond de la pièce, et placez le serpent dans le tiroir de droite. Dit Maximus.

– Bien seigneur. Dit l'inconnu.

– Bien maintenant, partons, cela n'est plus qu'une question de temps avant que le vieux meure et que je devienne roi. Déclara le général avant de quitter la pièce avec son serviteur.

C'est donc un complot. Le général, fut un temps fidèle à mon père, a pour idée de tuer mon père. Je ne peux pas retirer les serpents au risque de mourir, et je ne peux pas prévenir mon père, car je ne suis pas sensé savoir ce qu'il s'est passé. Je n'aime pas spécialement mon père et serait sûrement la première à me réjouir de son moi, mais je déteste encore plus Maximus qui est une personne dangereuse pour le royaume et notre peuple. Et il m'obligera à être sa femme qui plus est. Je sors du lit et quitte la chambre. Je dois donner cette lettre à Archibald et lui dire pour ce que j'ai vu, lui saura sûrement quoi faire. En sortant dans le couloir, je crois mon père.

– Rose, toi aussi, tu es fatiguée de ces fêtes. Je te comprends, ma fille. Viens avec moi dans ma chambre, j'ai à te parler.Dit Hutter.

Nous entrons donc dans sa chambre et mon boule s'accélère. Sait-il quelque chose ? Va-t-il remarquer ma trahison. Mon cœur se sert et je m'assois sur la chaise. Il s'approche alors de son bureau et s'assoit sur sa grande chaise.

– Il y a des choses que je ne t'ai pas dites, ma petite, et je m'en sens coupable, mais je ne voulais pas te faire du mal. J'ai appris ce qui s'est passé pour Anthonin et ses hommes. L'armée de réserve est tombée le jour même de son arrivée sur les lieux. Les utilisateurs de la magie ne lui ont pas laissé sa chance et lui et tous ses hommes sont morts. L'armée de réserve n'est plus. Dit-il en ouvrant le tiroir. Je n'arrive pas à y croire. Mon cœur me fait tellement mal que je n'arrive pas à penser aux serpents.

— Comment. Comment est-ce...

Hutter ouvre le tiroir pour prendre une lettre et me la lire, mais gémit de douleur. Il se lève et recule en arrière. J'entends le bruit sanglant des serpents et les vois sortir et tremper au sol. Je me lève de peur et saute sur le grand lit de mon père.

- Rose... Tu.... cris mon père

Père ! J'aurais dû dire quelque chose... La porte s'ouvre violemment et s'écrase contre le mur. Le général Maximus et plusieurs gardents affluent dans la chambre. Maximus avait tout prévu, mais comment. Il savait que j'étais dans la pièce. Il veut m'accuser et me rendre responsable de l'assassinat de mon père pour prendre la couronne en héros.

– Gardes, tuez ces serpents, et attrapez là. Qu'on arrête Dame Rose pour haute trahison, et appelez le médecin de la cour ! Cris Maximus

Plusieurs gardes se jettent sur moi et m'attrapent. J'essaie alors de me débattre et de crier. Je haie cet homme. Il a tout prévu. Il est sûrement responsable du déploiement d'Anthonin, a prévu d'assassiner le roi quand personne pourrait l'en empêcher, m'emprisonner pour meurtre et ne plus avoir de sang royal dans les parages.

– Tu n'es qu'un traître. Soldats, cet homme a tué mon père, soyez fidèles à votre roi. Ne l'écoutez pas ! Dis-je avant de recevoir un coup sur la tête me faisant perdre connaissance.

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 26 ⏰

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