Philomèle, l'imposteur | Philomel The Fake Traduction FR

chapitre 4

"Je ne peux pas perdre mon temps comme ça. Je dois aller voir mon père.”

Philomèle essuya ses larmes et pressa le pas. C'est Eustis qui tenait sa vie entre ses mains, pas eux. ‘Je refuse qu'ils me fassent du mal avec leurs paroles.’
Elle marcha très lentement, regardant autour d'elle. Parce qu'elle était encore jeune, elle n'avait pas encore de palais attitré et restait dans celui de l'empereur. Dans les circonstances actuelles, c'était une bonne chose pour elle. Et quelle qu'en soit la raison, il y avait moins de monde dans le palais ces jours-ci.
Parvenant à éviter les quelques domestiques qui passaient, elle arriva devant le bureau de l'empereur. Il n'y avait personne dans le couloir à l'extérieur de la pièce car Eustis n'estimait pas nécessaire que quelqu'un le garde lorsqu'il était à l'intérieur du palais.
Philomèle ouvrit la porte le moins possible, avec beaucoup de précautions.

"Vous êtes trop obstiné, Polan."

Par la petite fente, elle pouvait voir l'intérieur du bureau. Malgré un mobilier luxueux, l'intérieur était peu accueillant et froid. L’empereur Eustis et le comte Polan discutaient à l'intérieur. L'empereur était assis derrière son bureau, tandis que le comte semblait faire une sorte de rapport.

"Mais Votre Majesté. Elle est malade. Ne pensez-vous pas que vous devriez lui rendre visite ?"

Il se trouvait qu'ils étaient en train de parler de Philomèle. Quelle chance pour elle. Elle allait pouvoir savoir ce que son père pensait d'elle sans le lui demander. 
Philomèle écouta en silence.
L'empereur fronça les soucis.

"Pourquoi devrais-je m'en soucier ? Avez-vous pitié d'elle maintenant qu'elle est malade ? Elle fait encore semblant."

"Le médecin du palais m'a informé que son rhume est assez grave cette fois-ci."

"Et ?"

"Si vous lui rendiez visite, je suis sûr que Son Altesse se sentirait très encouragée..."

"Ce n'est qu'un rhume."

Le comte Polan resta silencieux un moment. Il avait fidèlement servi Eustis depuis qu'il n'était qu'un prince, ce qui lui permettait de poser des questions relativement personnelles sans hésitation.

"Pourquoi êtes-vous si froid avec votre fille ? Votre Majesté, elle est votre unique enfant, après tout."

La poitrine de Philomèle se serra. Elle s'était toujours posé la question. Pourquoi ne lui avait-il jamais témoigné d'affection ?
La réponse de l'empereur la bouleversa.

"Je ne l'ai jamais considérée comme ma fille. Pas une seule fois."

Elle eut l'impression qu'un poids énorme s'était soudain posé sur ses épaules.

"Est-ce parce que vous pensez qu'elle a causé la mort de Sa Majesté l'impératrice Isabella ? C'est pour ça que..."

"Taisez-vous !"

"Pardonnez-moi, Votre Majesté."

Polan s'inclina immédiatement devant la rage d'Eustis. Parler de la défunte impératrice était considéré comme tabou.
L'empereur poursuivit d'un ton sombre.

"Cette pensée m’a traversé l’esprit autrefois. Je lui en voulais profondément, au point de vouloir lui ôter la vie de mes propres mains. Mais ce n'est plus le cas. Je ne ressens plus rien pour elle."

"Pourquoi..."

"Elle ne me sert à rien. Je n'ai jamais voulu essayer de combler le trou qu'Isabella a laissé dans mon cœur en l'utilisant. J'aurais été satisfait si elle avait fait le strict minimum requis pour être considérée comme un successeur convenable."